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Centenaire de 14-18 : la Grande collecte ou les archives en mode 2.0

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    Cléry-sur-Somme, le village dévasté pendant la Première Guerre mondiale. (DR)
  • Sommaire du dossier :

    Les archivistes multiplient les appels au public afin de collecter des documents privés jusqu’ici inconnus des historiens. Retour sur la « Grande collecte » qui a permis de rassembler plus de 100 000 objets documentaires à travers la France.

    C’est une bonne nouvelle pour les historiens et pour les archivistes. Les Français sont prêts à contribuer à leur mémoire nationale dès lors qu’un beau projet leur est proposé. Ils sont même disposés à vider leurs fonds de tiroir et à partager leur patrimoine familial. Du 9 au 16 novembre 2013, plus de 10 000 personnes ont participé à la Grande collecte. Cette initiative a été lancée dans le cadre des commémorations du centenaire de la guerre 14-18 en écho aux « Collection days » déjà organisés dans neuf pays européens.

    Les Français ont joué le jeu. Ils ont apporté plus de 100 000 documents : lettres, photographies, journaux intimes, carnets de dessins, livrets militaires, affiches... Pour l’occasion, une centaine de points de collecte ont été ouverts, essentiellement dans les services d’archives départementales, mais aussi à la Bibliothèque nationale de France ainsi que dans certains musées et les salles de classe.

    Chaque contributeur a été reçu pendant au moins une demi-heure par un archiviste afin d'examiner leurs documents et de recueillir leur témoignage. « Rien qu’à la BNF, 629 contributeurs ont été accueillis pendant une à deux heures chacun », souligne-t-on à la Bibliothèque nationale de France.

    Le journal intime de Denise Dupont, 12 ans, sur Europeana

    Bien évidemment, les contributeurs restent propriétaires des archives personnelles qu’ils ont apportées. Après sélection par les archivistes, une partie de ces documents a été numérisée afin d'être intégrée dans la bibliothèque numérique européenne Europeana.

    On y trouve par exemple ce journal intime d'une fillette de 12 ans, Denise Dupont : « Papa est parti par le train de 3 heures. Le train s’ébranla et on ne vit plus que la queue du train et bientôt on ne vit plus rien qu’un point noir, et puis, rien…»

    On peut également partager la vie dans les tranchées racontée par le sergent Martin Choisnard : « le 6 janvier 1915, parti dans la nuit à 5 heures du matin. Salué dès le début par des obus (…) Le caporal Batut de ma deuxième escouade reçoit une balle perdue qui le blesse gravement aux reins ».

    À noter que les pièces mises en ligne ont fait l’objet d’un très utile travail documentaire. On y trouve un résumé du document, sa langue de production, les dates de naissance et de décès des personnes concernées, une carte permettant de localiser l’événement décrit…

    Europeana sera également alimentée par des écrits et des images collectés dans les différentes régions françaises. Dans l’Indre, ce sont plus de 3 000 documents qui ont été apportés : des cartes postales, de la correspondance, des livrets militaires… Les archivistes ont eu la surprise de recevoir aussi un cahier de chansons grivoises écrites à la main et accompagnées de dessins licencieux… Sans oublier les médailles, les munitions, les obus sculptés, les ceintures, les boutonnières, les  fleurs séchées, un sac à dos, un fusil. Ce qui pouvait être numérisé l’a été : 7 700 images ont ainsi été produites à partir des 3 000 carnets, lettres ou albums déposés par les Indriens. Elles seront consultables sur le site du Centre de la Mémoire et une sélection sera ajoutée sur Europeana d’ici l’été. Dans le Bas-Rhin, ce sont près de 4000 documents et objets qui ont été collectés. Dans l’Aude, 10 000 pièces ont été numérisées et classées. En Vendée, plus de 150 personnes se sont présentées pendant la Grande collecte au mois de novembre dernier ; depuis, une centaine d’autres contributeurs se sont manifestés.

    Que les retardataires se rassurent : une nouvelle Grande collecte devrait avoir lieu dans le courant de l’année 2014.

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    Pour le centenaire de la guerre de 14-18, les archives montent au front ! L’événement connaît une ampleur nationale. Très attendu du public, il a pu être préparé de longue date.
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