le RFID soulage les bibliothécaires

 

Simple à installer, de moins en moins coûteux, capable de décharger le personnel de certaines tâches fastidieuses. Le RFID est en train de conquérir tranquillement les rayons.

Pas de bouleversement en vue, mais ça bouge ! Les bibliothèques abandonnent leur système de code-barres pour la technologie d’identification par fréquences radio (RFIDi) : Marseille, Rennes, Saint-Germain-en-Laye, Limoges, Nogent-sur-Marne, Mantes-la-Jolie, Toulouse, sans oublier la bibliothèque du Sénat. C’est généralement à la faveur de la rénovation d’un établissement qu’une migrationi vers la technologie RFID voit le jour. Les bibliothécaires sont alors déchargés des tâches répétitives d’emprunt et de restitutioni de documents ; la lutte contre le vol s’améliore et le récolement s’en trouve grandement facilité. Il suffit de passer un lecteur-douchette devant les linéaires pour s’assurer de l’absence d’un ouvrage et repérer ceux mal placés. Les bibliothécaires peuvent désormais se concentrer sur les tâches à valeur ajoutée de leur métier, tel que le conseil aux lecteurs.

le respect de la confidentialité

Le stockage d’informations personnelles dans les étiquettes RFID soulève plusieurs problèmes éthiques :

Combien de temps les données sont-elles conservées ?
Qui peut y accéder ?
La traçabilité des emprunts menace-t-elle les libertés individuelles ?
C’est pour répondre à ces questions que la Recommandation française pour l’utilisation de l’identification par radiofréquence en bibliothèques a été rédigée en accord avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnili). Elle vise à standardiser les données enregistrées sur les puces RFID. Plusieurs associations professionnelles se sont associées à la rédaction de la recommandation :
L’Association des bibliothécaires française (ABF).
L’Association des directeurs de bibliothèques départementales de prêt (ADBDP).
L’Association des directeurs de bibliothèques municipales et intercommunales des grandes villes de France (ADBGV).
L’Association des directeurs et des personnels de direction de bibliothèques universitaires et de la documentationi (Adbu).
L’Association pour le développement des documents numériques en bibliothèque (ADDNB).
La Fédération des utilisateurs de logiciels de bibliothèque (Fulbi).
Plusieurs distributeurs de solutions RFID ont décidé de la signer. La Commission européenne publiera prochainement une recommandation relative à la sécurité des données et au respect de la vie privée en matière d’étiquettes radio intelligentes.

 protocole à suivre

Avant de se doter d’un tel système, les bibliothèques doivent respecter un protocole similaire à celui qui précède l’acquisition d’un système intégré de gestionde bibliothèque (SIGBSystème intégré de gestion de bibliothèque Prologiciel de gestion informatique des différentes tâches d'une bibliothèque: catalogage des documents et gestion de leur circulation, ainsi que la gestion des acquisitions, des périodiques, des autorités.  ">i) :
Rédaction et publication d’un cahier des charges.
Dépouillement des réponses.
Négociation avec le fournisseur choisi.
Notification.
Puis vient le temps du déploiement avec l’installation des portiques et des automates. Le nombre de jours nécessaires varie selon le nombre d’unités à monter. L’encodagei des documents suppose quant à lui des ressources humaines. On estime qu’une équipe de deuxpersonnes peut traiter près de mille cinq cent livres en une journée. Jean-Michel Loubry, responsable de l’information au sein du pôle traçabilité de Valence (Drôme) estime que le choix d’une solution RFID doit reposer sur une évaluation précise du fonds documentaire : « Il faut non seulement s’interroger sur le nombre de documents, mais également sur leur nature. Les livres récents, les CD et les DVD supportent parfaitement bien la pose de puces. En revanche, les livres anciens ou les documents fragiles sont moins à même d’en recevoir. Il faut ensuite tenir compte de la topographie de l’établissement pour installer les automates et faciliter la circulation des lecteurs ».
 
compatibilité du SIGB

Le basculement vers la technologie RFID n’est pas une opération anodine. Il faut s’assurer de la compatibilité avec le SIGB existant. « En règle générale, les bibliothèques fonctionnant jusqu’ici avec un système de code barres ne rencontrent pas de souci majeur. Leur SIGB est compatible avec une solution RFID » souligne Jean-Michel Loubry. Mais il reste plus prudent de vérifier la dite concordance. Le facteur humain doit également faire l’objet d’une attention soutenue. Plusieurs jours sont nécessaires aux bibliothécaires pour s’approprier le nouvel outil et être en mesure de s’en servir sans heurt. Ils sont d’ailleurs chargés d’en expliquer le fonctionnement aux lecteurs. L’expérience montre que les générations les plus âgées ne sont pas spontanément à l’aise avec les nouvelles technologies. La patience est de mise pour évangéliser les utilisateurs pouvant se sentir démunis face à un automate.
 
investissement et prestataires

Le coût d’acquisition d’un système RFID varie selon le nombre d’éléments achetés et des options retenues. La bibliothèque de Rennes Métropole a ainsi consenti un investissement de 800 000 euros comprenant :
Six automates de prêt, soit un par niveau.
Deux automates de retour.
Treize portiques de protection contre le vol.
Trois lecteurs portables.
Trente postes professionnels équipés de platines RFID.
Un automate de tri.
Il s’agit là d’une configuration puissante, à la mesure de cet important établissement. Pour les bibliothèques plus modestes, le coût s’en trouve moins élevé. Le prix d’un automate doté d’une impression de tickets, d’un bouton d’appel du personnel et d’une possibilité d’accès depuis l’extérieur s’élève à environ 16000 euros. Quant au prix des étiquettes, il tourne autour de 0,29 euro pour les livres et 0,39 euro pour les CD. Il convient d’ajouter le prix de l’impression s’élevant à 30 euros le mille. Plusieurs éditeurs sont présents sur le marché RFID dédié aux bibliothèques :
3M a équipé les bibliothèques de Niort et de Reims, la médiathèque de Saint-Germain-en-Laye [voir Archimagn° 198] et le service commun de documentation de Lyon.
Tagsys a été retenu par la bibliothèque du Sénat, ainsi que par Aurillac, Lannion, Drancy-Le Bourget.
Nedap est présent à Rennes, Aix-en-Provence, Mérignac et au sein de la bibliothèque universitaire deParis 3.
Au-delà des critères purement techniques, les bibliothécaires désireux d’acquérir une solution RFID ont intérêt à s’inspirer de l’expérience accumulée par les établissements qui ont déjà franchi le pas.
 

pour en savoir plus...
La troisième édition du Salon RFID se tiendra les 21 et 22 novembre 2007 au Cnit-La Défense. voir le site
 
 

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