Portrait : André Gareau, archiviste au service de la loi

"Mon évolution a été graduelle, faite d’opportunités, de défis et de projets très variés" André Gareau. DR

 

Portait d'André Gareau, directeur des archives et de la gestion des documents de l’université du Québec et président de l’Association des archivistes du Québec.

« La modestie et l'effacement sont des conditions nécessaires au succès des hommes qui le méritent », écrivait l’abbé québécois Adélart Dugré (1). La maxime pourrait s’appliquer à son compatriote André Gareau, dont l’impressionnant parcours professionnel ne relèverait, selon lui, que d’un simple « concours de circonstances ». 

Pourtant, c’est bien à la cohérence de sa formation et à ses compétences que l’actuel directeur des archives et de la gestion des documents de l’université du Québec et président de l’association des archivistes de la Belle Province doit sa réussite. Car c’est en bas de l’échelle, chargé de réclamer les pénalités de retard pour les livres empruntés de la bibliothèque des Hautes études commerciales de Montréal, qu’il a débuté. Un job d’étudiant assuré en parallèle de ses études à faire pâlir d’envie les jeunes Français motivés par les formations professionnalisantes : en effet, c’est au niveau collégial (équivalent de notre lycée) qu’André Gareau a commencé à étudier la documentation et passé un Dec (2) en techniques de la documentation. Nous sommes alors au début des années 1980, une époque où la gestion des documents et des archives, domaine jusque-là plutôt méconnu au Québec, a bénéficié d’une très forte expansion, boostée par la préparation de la première grande loi sur les archives (3).

la gestion intégrée des documents

Son baccalauréat – comprenant un certificat en archivistique - en poche (4), André Gareau intègre en 1984 l’université du Québec à Montréal comme technicien en archives. Il ne quittera jamais cette institution, dont il gravira les échelons un à un : « Mon évolution a été graduelle, faite d’opportunités, de défis et de projets très variés, poursuit-il. C’est parce que je n’ai jamais cessé d’apprendre et de progresser que je n’en suis jamais parti ». Aujourd’hui directeur des archives, André Gareau a sur le feu un défi auquel il s’attelle depuis quelques années : l’implantation de la gestion intégrée des documents (GID) dans son université, « un long processus nécessitant d’adapter progressivement nos pratiques et nos méthodes, sans précipitation ». Evolution récente du records management développée au Québec, la GID se veut être un système plus global et pérenne que la Ged, gérant de façon intégrée l’ensemble des documents relatifs à l’activité d’une organisation, depuis leur création jusqu’à leur conservation. 

Parallèlement à son activité, et ce depuis 25 ans, André Gareau est chargé de cours dans le cadre du certificat en gestion des documents et des archives de l’université. Un autre exemple des défis ayant contribué à son épanouissement professionnel : « Etre au contact des étudiants implique de se requestionner sans cesse sur ses pratiques et donc de demeurer en alerte sur l’actualité et l’évolution du domaine, explique-t-il ; je puise régulièrement dans mes cours des éléments pouvant me servir dans mon travail de tous les jours ».

refonte de la loi

Au fil des années, André Gareau a publié plusieurs ouvrages de référence, tel que le Guide de gestion des archives d’entreprises, en 2003, et s’est également impliqué auprès d’organismes institutionnels externes ; notamment en tant que chargé de projet pour les réseaux des services d’archives du Québec, mais aussi en élaborant un référentiel des délais de conservation des documents pour la Crepuq (5), ou encore en tant que coordinateur du module gestion des documents du stage technique international des archives à Paris en 2012 et 2013.

Nommé président de l’Association des archivistes du Québec en juin dernier, André Gareau représente aujourd’hui les 650 professionnels des archives ; un défi qu’il prend très au sérieux, souhaitant par le biais de ce mandat se mettre à son tour au service d’une institution et d’un réseau dont il a profité tout au long de sa carrière. Mais cette année s’annonce surtout riche du grand projet qu’est la refonte en profondeur de la loi sur les archives. « Nous avons offert nos services à la BANQ (6) afin de nous impliquer dans le processus de consultation, explique-t-il ; et ce dans une perspective très positive de simplification des procédures ». Amusant timing que celui de la révision de la loi ; celle-là même, qui, trente ans plus tôt, est née en même temps que sa vocation.

 

(1) La Campagne canadienne (1925).

(2) Equivalent du baccalauréat français.

(3) Votée le 21 décembre 1983.

(4) Licence bac +3 en France.

(5) Conférence des recteurs principaux des universités du Québec. Ce recueil lui a valu le prix annuel de l’Association des archivistes en 2003.

(6) Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Les deux institutions ont fusionné en 2006.

 

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