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Logiciels pour bibliothèques : pas de rebond en 2018

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    Les bibliothèques municipales et assimilées (bibliothèques d’EPCI) ont acquis 1 048 produits en 2017 contre 1 023 en 2016. Plus d’un tiers de ces produits sont des logiciels open source. (DR)
  • En 2017, le marché des logiciels pour bibliothèques reste dans ses plus bas niveaux observés ces dernières années. Chiffre d’affaires stable, volumes en berne, perspectives de cession : la concentration se poursuit au profit d’une poignée d’éditeurs dans un contexte de rigueur budgétaire.

    1. Le chiffre d’affaires est stable à 37 millions d’euros

    Le marché 2017 des logiciels pour bibliothèque représente un chiffre d’affaires de 37 millions d’euros, égal à celui de l’an passé. Parmi les 49 fournisseurs recensés, dix réalisent un chiffre d’affaires de plus d’un million d’euros dans le secteur des bibliothèques. Par ordre décroissant de ce chiffre d’affaires, il s’agit de :

    • Archimed,
    • C3RB Informatique,
    • Decalog,
    • Réseau Canopé,
    • groupement AFI - BibLibre,
    • Infor France,
    • PMB Services,
    • Ex Libris France,
    • Cadic Services
    • BiblioMondo France.

    Troisième en 2016, C3RB occupe cette année la deuxième place.

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    Temps difficiles pour une grande partie des fournisseurs

    Ces dix fournisseurs détiennent 80 % des parts de marché. L’an passé le chiffre d’affaires des 10 premiers fournisseurs représentait 77 % du total, le marché poursuit donc sa concentration. Les temps semblent particulièrement difficiles pour une grande partie des 39 autres fournisseurs qui se partagent un chiffre d’affaires inférieur à 7,4 millions euros, soit une moyenne de 190 000 euros par entreprise.

     

    2. Les ventes reculent de 3 % en volume

    Hors Réseau Canopé et Ebsco Information Service qui comptabilisent leurs ventes en nombre d’abonnements, les fournisseurs déclarent avoir vendu un total de 1 326 produits en 2017 contre 1 365 en 2016. Cette baisse (moins 39 produits) est principalement due à la faiblesse des ventes réalisées auprès des bibliothèques spécialisées. Notons également que les ventes aux bibliothèques départementales ne représentent plus qu’une dizaine de produits.

    Logiciels de bibliothèques : Evolution des ventes en volumes entre 2012 et 2017

    3. Des projets de cession, une filialisation et une radiation

    Plusieurs entreprises, y compris parmi les plus grandes du secteur, ont engagé des pourparlers sur des projets de cession de leur activité bibliothèque. Ces tractations sont longues, mais ont quelques chances d’aboutir en 2018, car, d’un côté, de grands acteurs historiques peinent à dégager des ressources suffisantes de leur activité et, de l’autre, de nouveaux entrants sur le marché ont besoin d’acquérir un parc de clients qui se verra bientôt proposer une migration sur leurs produits.

    L’entreprise italienne Data Management PA, dont le système de gestion de bibliothèque Sebina OpenLibrary est diffusé en France par Decalog, a créé pour son activité bibliothèque une filiale au nom de DM Cultural. Suite à la cession de son fonds de commerce à ELP, la société Assistere été radiée du registre des sociétés le 11 septembre 2017.

    4. Trois modes de commercialisation

    L’analyse des ventes en volume distingue 3 catégories :

    1. Les logiciels open source

    Concernant l’open source, les produits les plus diffusés sont le portail Bokeh avec un total de 137 installations effectuées par AFI-BibLibre, Altexence ou SAS Bibliossimo et les systèmes de gestion de bibliothèque PMB (119 installations par PMB Services et 10 par SAS Bibliossimo), AFI Nanook (123 installations par AFI-BibLibre et 3 par SAS Bibliossimo) et Koha (35 installations par AFI-BibLibre). WaterBear est quant à lui utilisé par un total de 250 bibliothèques.

    2. Les logiciels avec cession de droits d’utilisation

    Pour les logiciels faisant l’objet d’une cession de droits d’utilisation (sans limite dans le temps), les systèmes de gestion de bibliothèque les plus vendus sont la gamme Orphée NX de C3RB Informatique (146 ventes déclarées), Decalog SIGB (95 ventes), la gamme Microbib-Novalys de Microbib (52 ventes), Syracuse SIGB d’Archimed (26 ventes), Kentika Atomic (25 ventes), Biblix Net (20 ventes), Alexandrie de GB Concept (15 ventes), JLB-Net Bibliothèques (15 ventes), Oxalys de Microbib (10 ventes) et V-Smart d’Infor France (8 ventes).

    3. Les logiciels par abonnement

    Enfin du côté des logiciels commercialisés uniquement sous forme d’abonnement annuel, le Réseau Canopé comptabilise 7 881 abonnements à e-sidoc. Hors secteur scolaire, on dénombre 22 abonnements à Full Text Finder (Ebsco Information Services), 18 abonnements à l’outil de découverte Ebsco Discovery Service, 15 au système de gestion de bibliothèque Alma (Ex Libris France), 12 au système de gestion de bibliothèque Plateforme BGM et à l’opac RIO+ de GMInvent, 3 à l’outil de découverte BibliOnDemand d’Archimed, 2 à WorldShare ILL (OCLC) et 1 à la plateforme de livres numériques Cantook Station (De Marque).

    5. Selon la taille des configurations

    L’examen des ventes en volume peut aussi s’apprécier en se penchant sur la taille des configurations installées (autrement dit le nombre de postes informatiques qui utilisent les logiciels vendus). Cela permet une meilleure représentation des ventes des entreprises intervenant auprès des grandes bibliothèques ou des grands réseaux de bibliothèques : ainsi 1 449 postes utilisent des logiciels installés par AFI-BibLibre en 2017, 1 377 ceux d’Aesis Conseil, 920 ceux de Bibliomondo, 619 ceux de C3RB Informatique, 339 ceux de GMInvent, 290 ceux d’Infor France et 160 ceux de Cadic Services.

    6. L’analyse des ventes par secteurs

    Si l’on met à part les produits proposés par le Réseau Canopé et par Ebsco Information Services, l’analyse des ventes en volume dégage un grand secteur de clientèle - les bibliothèques municipales qui comptent pour 78,3 % des produits vendus - et deux secteurs de moindre importance, les bibliothèques des universités, qui ont acquis 4,6 % des solutions, et une rubrique moins homogène, les bibliothèques spécialisées qui totalisent 13,8 % des ventes.

    Logiciels de bibliothèques : Ventilation des 1 326 ventes de progiciels et de services en ligne déclarées pour 2017 et pour le marché français, sans celles du Réseau Canopé, ni d'Ebsco Information Services.

    • Bibliothèques municipales : de plus en plus de produits open source

    Les bibliothèques municipales et assimilées (bibliothèques d’EPCI) ont acquis 1 048 produits en 2017 contre 1 023 en 2016. Plus d’un tiers de ces produits sont des logiciels open source. L’équipement de ces bibliothèques représente désormais 72 % de la diffusion des produits open source. En 2017, seize entreprises déclarent des ventes dans ce secteur. Les systèmes de gestion de bibliothèque les plus diffusés auprès des bibliothèques municipales sont la gamme Orphée NX (C3RB Informatique) avec 136 installations, AFI Nanook (AFI-BibLibre, SAS Bibliossimo) avec 124 installations, Decalog SIGB avec 91 installations, la gamme Microbib Novalys avec 47 installations, PMB (PMB Services, SAS Bibliossimo) avec 39 installations, Syracuse (Archimed) avec 23 installations, Biblix Net (Biblix Systèmes) avec 20 installations, Koha (AFI-BibLibre) avec 15 installations, Plateforme BGM (GMInvent) avec 9 installations, V-Smart (Infor France) avec 8 installations et Karvi (Altexence) avec 6 installations.

    Concernant les portails, les produits les plus diffusés en 2017 sont Bokeh (AFI-BibLibre, Altexence, SAS Bibliossimo) avec 130 installations, Decalog Portail Pro avec 85 installations, Portail Web (Microbib) avec 61 installations, POM pour Joomla (C3RB Informatique) avec 34 installations et Opac X (Biblix Systèmes) avec 24 installations.

    Enfin, ce qui concerne les gestionnaires d’EPN (espace public numérique), AFI-BibLibre déclare la vente de 16 AFI Multimédia, Decalog de 15 Decalog EPN, Aesis Conseil de 12 WebKiosk Linux et C3RB Informatique de 12 BOM/NOM.

    • Bibliothèques départementales : peu de projets, mais un secteur ouvert à de nouvelles offres

    Les bibliothèques départementales n’ont retenu que 10 progiciels en 2017 contre 20 en 2016, acquis auprès de 5 entreprises intervenant dans ce secteur. Pour se réinformatiser, ces bibliothèques ont retenu 1 Koha (Afi-BibLibre), 1 Orphée BDP NX (C3RB Informatique) et 1 Plateforme BGM (GMInvent). Concernant leur portail, les bibliothèques départementales ont choisi 2 POM pour Joomla (C3RB Informatique), 2 Bibliothèque Numérique (Decalog), 1 BibliOnDemand (Archimed), 1 RIO+ (GMInvent) et 1 Bokeh (AFI-BibLibre).

    • Bibliothèques de comité d’entreprise : 10 projets de réinformatisation

    Quatre entreprises déclarent avoir effectué des ventes dans ce secteur. Les bibliothèques de comité d’entreprise ont retenu 10 systèmes de gestion de bibliothèque : 6 Orphée NX (C3RB Informatique), 2 Decalog SIGB, 1 Microbib Novalys-Multisites et 1 PMB. Elles ont également acquis 5 Portails Web (Microbib), 3 applications BibEnPoche (Decalog), 1 Decalog Portail Pro et 1 portail POM pour Joomla (C3RB Informatique).

    • Bibliothèques d’école : domination du Réseau Canopé

    Trois entreprises interviennent dans ce secteur aux côtés de Réseau Canopé. Comme précédemment, les BCD (bibliothèques centre documentaire) et CDI (centre de documentation et d’information) sont principalement équipés des produits du Réseau Canopé avec 7 730 abonnements à l’outil de découverte e-sidoc (contre 7 562 en 2016) et 166 abonnements au système de gestion de bibliothèque BCDI 2017 Collège-Lycée. Quelques autres produits ont été acquis en 2017 par les établissements scolaires avec 6 PMB (PMB Services, SAS Bibliossimo), 4 Microbib-Novalys, 2 Oxalys (Microbib), 1 Banque de prêts (Microbib) et 1 Bokeh (SAS Bibliossimo).

    • Bibliothèques d’université : les premiers marchés subséquents de l’accord-cadre SGBM

    Onze fournisseurs annoncent des ventes dans ce secteur. Les produits open source représentent 29 % des logiciels acquis en 2017 par les bibliothèques d’université. Ces 11 fournisseurs annoncent 97 ventes contre 114 l’an passé ; le total tombe à 61 si l’on exclut les abonnements souscrits auprès d’Ebsco Information Service (13 Full Text Finder, 11 Ebsco Discovery Service, 1 Stacks) et du Réseau Canopé (9 e-sidoc, 2 BCDI 2018). On pourrait probablement ajouter à ces chiffres la majeure partie des 15 contrats qu’Ex Libris déclare pour Alma, sans fournir aucune ventilation de ses ventes par type de bibliothèque. Ex Libris semble en position d’emporter une grande partie des premiers marchés subséquents attribués dans le cadre de l’accord SGBM (Système de gestion de bibliothèque mutualisé).

    Concernant les systèmes de gestion de bibliothèque, les bibliothèques d’université ont retenu 12 PMB (PMB Services), 6 Koha (AFI-BibLibre), 4 Sebina OpenLibrary (Decalog), 3 Alexandrie (GB Concept), 1 WaterBear (SAS Bibliossimo) et 1 PortFolio (BiblioMondo France). Elles ont également acquis 20 EZproxy (OCLC BV), 3 Matomo (AFI-BibLibre), 3 Omeka (AFI-BibLibre), 2 Coral (AFI-BibLibre), 2 WorldShare ILL (OCLC BV), 1 Iguana (Infor France), 1 InMedia (BiblioMondo France), 1 Limb Gallery Saas (Arkhênum) et 1 Bibloto (PMB Services).

    • Bibliothèques spécialisées et autres types de client : de nombreux contrats pour Réseau Canopé

    Vingt entreprises interviennent dans ce secteur et 22 % des produits retenus sont en licence open source.

    L’enquête totalise 350 produits vendus dont, sous forme d’abonnements, 151 pour Réseau Canopé (135 e-sidoc, 16 BCDI 2018) et 16 pour Ebsco Information Services (9 Full Text Finder, Ebsco Discovery Service).

    Dans ce secteur, 163 systèmes de gestion de bibliothèque ont été acquis : 60 PMB (PMB Services, SAS Bibliossimo), 25 Kentika Atomic, 16 BCDI 2018, 15 JLB-Net Bibliothèques (JLB Informatique), 12 Alexandrie (GB Concept), 8 Koha (AFI-BibLibre), 5 Oxalys (Microbib), 3 Syracuse (Archimed), 3 Cadic Intégrale (Cadic Services), 3 Flora (Decalog)…

    7. Trouver les moyens de développer des produits adaptés aux besoins

    À 37 millions d’euros, le marché reste désespérément bas. Même les grands du secteur peinent aujourd’hui à rentabiliser leur activité. Et pourtant chaque fournisseur doit trouver les ressources qui lui permettront de financer les lourds développements qu’impose la simple prise en compte des obligations réglementaires :

    • exigences d’accessibilité numérique (RGAA) ;
    • mise en conformité avec la réglementation européenne de protection des données (RGPD qui entre en vigueur le 25 mai 2018) ;
    • prise en compte du référentiel de sécurité (RGS) et des recommandations de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information…

    Chaque fournisseur doit aussi être en position de proposer dans peu de temps un système de gestion de bibliothèque et un opac capables de supporter le modèle de données LRM retenu par l’Ifla (Library Reference Model, modèle intégrant les FR-BR ou Functional Requirements for Bibliographic Records, Fonctionnalités requises des notices bibliographiques).

    Reconstitution des marges vs rigueur budgétaire

    Les entreprises ont engagé diverses stratégies pour reconstituer leurs marges. Elles recourent ainsi de plus en plus systématiquement à des environnements de développement open source, afin de capter une plus grande part de la valeur. Elles adoptent la commercialisation en mode Saas qui est censée dégager de meilleurs revenus récurrents et qui doit également réduire leurs charges de maintenance. Elles tentent d’augmenter le montant du chiffre d’affaires réalisé auprès des sites installés, en procédant à des ventes plus ou moins appuyées, pour ne pas dire forcées ; elles proposent à cette fin de nouveaux modules, voire d’anciens produits dont la nouvelle interface utilisateur permet de les présenter comme de nouveaux logiciels…

    La rigueur budgétaire qui frappe les bibliothèques limite grandement l’effet de ces stratégies, les projets sont peu nombreux et les entreprises sont contraintes d’accorder d’importantes ristournes pour obtenir de nouvelles commandes. Le marché semble faire du surplace alors que l’environnement des bibliothèques évolue rapidement.

    Si rien ne change, les logiciels métier auront de plus en plus de mal à intégrer les obligations réglementaires et les évolutions bibliothéconomiques.


    Les conditions de l’enquête 2018

    • 34 fournisseurs de progiciels métier ou de services en ligne implantés en France ou disposant d’un contrat de diffusion ont répondu à l’enquête lancée par Tosca Consultants. Ces 34 fournisseurs représentent 95 % des parts de marché.
    • Les données collectées sont le chiffre d’affaires et les résultats financiers de 2017, les progiciels commercialisés au 1er janvier 2018, les ventes de 2 017 de ces produits, le nombre de postes correspondants ainsi que le nombre de nouveaux clients.
    • enquête complète : toscaconsultants.fr/les-logiciels-metier-destines-aux-bibliotheques

    Marc Maisonneuve et Emmanuelle Asselin

    <<< Télécharger le tableau des progiciels commercialisés au 1er janvier 2018 ici >>>

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