Publicité

Pourquoi utiliser un autre moteur de recherche que Google ?

  • Degooglisons.jpg

    De nombreuses alternatives à Google sont mises à disposition des internautes (DR)
  • Google est le moteur de recherche le plus utilisé au monde. C’est aussi le plus critiqué de tous. Des alternatives existent pourtant au géant du web, plus solidaires, éthiques, écologiques et toutes aussi performantes.

    90% des recherches effectuées par la population mondiale passent par Google. La firme de Mountain View essuie pourtant de nombreuses critiques : l'utilisation d’une bulle de filtres, l'affichage publicitaire, la collecte et l'enregistrement de nos données personnelles, la situation de quasi-monopole sur le marché et l'empreinte écologique de ses data centers…

    Face à ces critiques, de nombreuses initiatives sont nées avec l’ambition d’être une alternative viable au moteur de recherche américain. On dénombre aujourd’hui une quinzaine de moteurs ou métamoteurs (c’est-à-dire un agrégateur de résultats d’autres moteurs de recherche) plus éthiques, écologiques et solidaires.

    Ni publicité, ni collecte de données

    Framabee (1) est un métamoteur qui agrège les résultats de Google et Bing puis les retransmet dans une interface unifiée. Cependant, pas de publicité ni de collecte de vos informations personnelles : « Google ne sait pas que vous êtes un homme, que vous avez 35 ans et que vous habitez à Lyon », assure Pierre-Yves Gosset, délégué général de Framasoft, l’association à l’origine du projet.

    Seul bémol, « les résultats sont moins performants ». Les résultats affichés par Google en temps normal sont sélectionnés en fonction des données personnelles collectées lors de vos précédentes navigations. « Cette bulle de filtre rend les résultats adaptés très pertinents », avoue le militant, « mais si je suis un lecteur de Voici et Gala, je vais avoir du mal à tomber sur un article du Monde diplomatique ». La bulle de filtres ayant tendance à reproduire les opinions et croyances de l’utilisateur, elle pose certains problèmes éthiques pour notre démocratie. On ne peut pas se forger une opinion sans information contradictoire.

    Outre ce problème, « le fait de confier toutes nos recherches à un moteur américain soumis au Patriot Act peut remettre en cause notre souveraineté nationale ». La possible communication de ces données à des services gouvernementaux ne relève malheureusement plus de la science-fiction, comme le prouvent les révélations d’Edward Snowden sur la NSA. L’Union européenne surveille donc étroitement l’utilisation de nos données par la firme américaine.

    Certains métamoteurs ont d'ailleurs fait de la protection des données leur cheval de bataille. Un des plus connus, DuckDuckGo (2), a pour slogan : « Le moteur de recherche qui ne vous espionne pas ». Pas de bulle de filtres, ni de stockage des informations personnelles de ses utilisateurs. Le métamoteur hollandais Ixquick (3) ne conserve même pas votre adresse IP.

    Faites une recherche et donnez de l’argent à une association

    Certains moteurs alternatifs se sont eux spécialisés dans le caritatif. Les gains obtenus par la publicité sont reversés à des associations. Le moteur de recherche Goodsearch (4) est le plus connu et le plus utilisé. Chaque utilisateur peut choisir à quelle œuvre caritative sera reversée 50% des revenus publicitaires de ses recherches. Plus de 15 000 associations ont pu ainsi récolter des fonds à partir de cette plateforme. En France, depuis trois mois, un jeune homme a lancé sur le même principe Lilo (5) qui compte aujourd’hui 8 000 utilisateurs quotidiens et qui a déjà récolté 5 000 euros.

    La solidarité est aussi environnementale. « Une recherche sur Google émettrait 0,7 gramme de CO2, ce qui est colossal », annonce Jean-Baptiste, fondateur du moteur de recherche écologique Ecogine (6), « pour comparaison, une voiture émet environ 150 grammes de CO2 par kilomètre ». 30 000 milliards de pages sont indexées par Google et 72 000 recherches sont effectuées par seconde. Pour stocker les données collectées et héberger les serveurs, les grands moteurs de recherche disposent d’énormes data centers avec des milliers d’ordinateurs qui marchent 24 heures sur 24. « L’impact d’internet sur le climat n’est plus à démontrer », poursuit-il, « pour chaque recherche, il faut rafraîchir les serveurs ». Les data centers représentent à eux seuls 1,5% de la consommation électrique mondiale.

    Ecogine, qui utilise la base de données de Yahoo, reverse l’argent des publicités à des associations à but environnemental. « Elle compense aussi les gaz à effet de serre émis lors des recherches en finançant des projets visant à réduire les émissions de GES dues aux activités humaines », indique le site. Mais seulement 1500 personnes utilisent le moteur de recherche par jour.

    Ce n’est pas le seul moteur de recherche écologique. Ecosia (7), une initiative allemande, adopte aussi ce positionnement. L’entreprise verse 80% de ses revenus à un programme de plantations d’arbres au Brésil. 200 000 arbres auraient été plantés depuis son lancement en 2009. Gigablast (8), plutôt que de « réparer la couche d’ozone », préfère tirer son énergie à 90% d’éoliennes. Une autre façon de compenser l’impact de nos recherches sur la planète.

    Remplacer Google, mission impossible ?

    Malgré leurs qualités, ces alternatives ne représentent qu’une infime partie des recherches alors que les médias et les défenseurs des libertés sur internet ne cessent de répéter que la position archi-dominante de Google sur le marché est dangereuse. En modifiant ses algorithmes, Google peut en outre facilement favoriser les entreprises qu’elle souhaite. La Commission européenne vient d’ailleurs d’accuser l’entreprise américaine d’abus de position dominante. La firme est accusée de privilégier son comparateur de prix aux autres. De manière générale, la Commission craint que « les utilisateurs ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes ».

    Ses principaux concurrents, les américains Yahoo et Bing, le chinois Baidu et le russe Yandex ne représentent quant à eux pas d’alternative viable. Ils cristallisent les mêmes critiques faites à Google sur la protection des données, la bulle de filtres ou l’empreinte écologique. Autant dire que la concurrence est inexistante. Présenté comme le messie, Qwant (9), le moteur de recherche français lancé en 2013, peine à rivaliser. L’indexation du web et le stockage des données demandent des ressources financières trop importantes. En 2014, 1,6 milliard de requêtes ont été traitées par le petit nouveau, soit deux fois moins que Google en un jour…

    Une solution quasiment gratuite pourrait pourtant indexer le web aussi bien que Google et ce sans publicité ni stockage des données : le protocole peer-to-peer. « C’est la seule technologie qui pourrait aujourd’hui remplacer Google », avance Pierre-Yves Gosset ; « on a tous des giga qui ne nous servent à rien sur nos ordinateurs. On pourrait les utiliser pour, chacun, indexer une petite partie du web ». La recherche s’effectuerait alors sur un index généralisé de la planète et totalement décentralisé. Le moteur de recherche Yacy (10) fonctionne déjà sur ce système.

    Faut-il encore que nous, citoyens internautes, prenions conscience de ces enjeux et que nous choisissions de nous passer des services bien pratiques de l’entreprise américaine. La prédominance de Google s’expliquant aussi par la pléthore de ses applications : Gmail et Youtube entre autres.

    (1)  framabee.org

    (2)  duckduckgo.com

    (3)  ixquick.fr/fra/

    (4) www.goodsearch.com

    (5) www.uselilo.org

    (6) ecogine.org

    (7) www.ecosia.org

    (8) www.gigablast.com

    (9) www.qwant.com

    (10) yacy.net/fr/

     

    Association Framasoft

    Framasoft est une association à but non lucratif créée en 2009. Elle est à l’initiatrice du projet « dégooglisons internet », militant pour un web ouvert et respectueux des internautes. Selon l’association, la concentration des acteurs d’internet par les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) « entraîne une perte de liberté » pour les utilisateurs et « met en danger nos vies numériques ».

    Les principales critiques adressées à ces multinationales sont la collecte de données personnelles à des fins publicitaires, l’utilisation de  ces données pour l’espionnage et la dépendance que procure leur situation de quasi-monopole.

    Pour répondre à ces problématiques, l’association propose de nombreux services « libres, éthiques, décentralisés et solidaires ». Tous ses logiciels sont en open source et s’engagent à respecter la vie privée. Parmi les alternatives proposées : un réseau social, un moteur de recherche, un traitement de texte en ligne, un site de micro-blogging ou encore une plateforme de partage de photos… 
     

    À lire sur Archimag

    Commentaires (1)

    • Portrait de amariscal

      Bonjour Guillaume, Je ne remets pas en cause les démarches environnementales des moteurs alternatifs. Juste un commentaire concernant la sécurité des données personnelles: Inutile d'agiter le fameux Patriot Act pour effrayer les internautes. Notre beau pays n'est pas en reste en terme d'espionnage légalisé. En effet, depuis le 18/12/2013, la France dispose de la LPM (Loi de Programmation Militaire) qui non seulement permet à nos autorités de venir consulter et extraire vos données personnelles (comme le Patriot Act) directement chez les hébergeurs et opérateurs de communication... La LPM autorise aussi notre gouvernement à détruire les données, et installer des malwares sur les serveurs si le coeur leur en dit. Même les américains n'avaient pas osé...

      aoû 17, 2015
    Les podcasts d'Archimag
    Pour cet épisode spécial Documation, nous nous sommes penchés sur une autre grande tendance de l'année 2024 : la cybersécurité, et plus particulièrement la sécurité dans le domaine de la gestion des données. La protection des données contre les menaces internes et externes est non seulement cruciale pour garantir la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données, mais aussi pour maintenir la confiance des clients. Julien Baudry, directeur du développement chez Doxallia, Christophe Bastard, directeur marketing chez Efalia, et Olivier Rajzman, directeur commercial de DocuWare France, nous apportent leurs éclairages sur le sujet.
    Publicité

    Serda Formation Veille 2023