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Expatriée à Montréal, une bibliothécaire française partage son expérience

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    « Les opportunités de carrière sont à mon avis bien plus nombreuses à Montréal » Annelise Gakalla. (Matias Garabedian/Wikipedia)
  • Sommaire :

    Francophonie : des archivistes, des bibliothécaires et des documentalistes du bout du monde racontent leur métier
    Francophonie : des outils et des réseaux pour les pros de l'info​
    Travailler dans le Sahara est le quotidien de ce document controller algérien
    Archiviste au Cameroun, il raconte son métier à haut risque
    Au Luxembourg, les métiers de l'info sont en mal de formation locale
    Expatriée à Montréal, une bibliothécaire française partage son expérience​
    Archimag vous présente ses correspondants francophones !

    De nombreux « frenchies » rêvent de traverser l'Atlantique pour s'installer dans la ville francophone la plus peuplée d'Amérique. Annelise Gakalla, qui a fait le grand saut en 2015, témoigne des joies et des difficultés d'être une bibliothécaire française à Montréal.

    annelise-gakallaSon blog, Unefrenchieamontreal.com, a offert à Annelise Gakalla une petite notoriété. Originaire de la banlieue de Grenoble, cette jeune bibliothécaire de 29 ans y raconte depuis plus d'un an son expérience de l'expatriation et son quotidien à Montréal, où elle s'est installée. 

    Rien ne la prédestinait pourtant au grand départ. En 2011, son concours de bibliothécaire et un DUT métiers du livre en poche, elle s'installe en région parisienne où elle obtient en seulement deux ans la coordination d'un réseau de neuf bibliothèques dans le Val-d'Oise. Si sa carrière en France semble alors lancée, un événement vient bouleverser ses plans :

    « Mon conjoint a eu l’opportunité de partir travailler pour la filiale canadienne de son entreprise, explique-t-elle ; après avoir pesé le pour et le contre, nous nous sommes dit que c'était une expérience qu'on ne pouvait pas refuser ! ».

    L'expatriation décidée, s'ensuivent six mois d'angoisse pour la jeune femme. Bien qu'enthousiasmée par la découverte d'un nouveau pays, elle craint de ne pouvoir exercer son métier de l'autre côté de l'Atlantique :

    « Je savais que mon concours de bibliothécaire n'avait aucune valeur là-bas, explique-t-elle ; à Montréal, il faut posséder une maîtrise en sciences de l’information que je n'avais pas ».

    Opportunités

    Annelise ​Gakalla et son compagnon s'installent à Montréal en juin 2015. Prenant peu à peu conscience que son statut d'immigrée implique d'inévitables concessions, la jeune femme accepte de baisser ses prétentions et tente sa chance en tant que technicienne en documentation. 

    « Décrocher un tel job à la Ville de Montréal n'est pas facile non plus, explique-t-elle ; il faut pour cela avoir obtenu son équivalence de diplômes - et cela peut prendre du temps -, mais aussi avoir été reconnu détenteur d'un diplôme d’études collégiales (DEC) en techniques de la documentation. Heureusement, je m'en étais occupé avant de déménager ! » 

    Coup de chance : quelques mois seulement après son embauche, la jeune femme apprend qu'un poste de bibliothécaire vient de se libérer dans l'établissement et le décroche grâce son expérience et sa connaissance du fonctionnement de la structure. 

    Malgré la rigidité du système, Annelise Gakalla estime qu'elle n'aurait jamais pu profiter d'une telle occasion en France : 

    « Les opportunités de carrière sont à mon avis bien plus nombreuses à Montréal, explique-t-elle ; passer d’assistante du patrimoine à bibliothécaire en moins d’un an me semble impossible en France, où j'ai vu des collègues contractuels attendre pendant des années une titularisation et une reconnaissance des services rendus ».

    Concernant son métier, en revanche, la jeune Française n'hésite pas à rapprocher les deux pays : 

    « Globalement, le métier reste le même, explique-t-elle ; ici comme en France, les bibliothécaires sont à la recherche de nouvelles façons de l’exercer pour faire face au bouleversement du numérique, pour gagner en attractivité auprès de leurs publics et pour s’imposer comme lieu carrefour de la ville ».

    Le couple, dont l'expatriation ne devait durer que deux ans, projette déjà de prolonger l'expérience. 

    « Nous avons le sentiment d'avoir encore tant de choses à découvrir ici ! », explique la Française, qui ravira ainsi les fans de son blog, sur lequel elle compte bien poursuivre le récit de son aventure montréalaise.


    + repères

    Devenir bibliothécaire à Montréal ?

    Les bibliothécaires canadiens semblent plutôt bien lotis : en effet, un professionnel en début de carrière gagne entre 40 et 50 000 dollars par an (entre 27 500 et 34 300 euros). Avec une imposition à la source (directement sur sa paie), ce qui représente une vraie différence.

    Un DEC en techniques de la documentation (équivalent d'un DUT) est indispensable pour travailler en tant que technicien en documentation et disposer d'une maîtrise en sciences de l'information est indispensable pour être bibliothécaire. Difficile, sans ces précieux sésames, d'exercer son métier là-bas.

    Et si le Canada conserve l'image (révolue) de « terre d'accueil », n'y entre pas qui veut : Annelise a pu bénéficier, en tant que conjointe, du statut de volontaire international d'entreprise (VIE) de son compagnon. Mais à moins de décrocher un PVT (permis vacances-travail) - les élus sont rares, malgré la forte demande -, il est conseillé d'appartenir à des corps de métiers spécifiques pour espérer décrocher un permis de travail. Les bibliothécaires n'étant pas particulièrement recherchés, les chances sont donc minces pour y parvenir et les délais plutôt longs.

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