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Travailler dans le Sahara est le quotidien de ce document controller algérien

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    La base d'In Salah Gas, au Sahara, en Algérie, sur laquelle Ammar Chibane est document controller. (BP)
  • Sommaire :

    Francophonie : des archivistes, des bibliothécaires et des documentalistes du bout du monde racontent leur métier
    Francophonie : des outils et des réseaux pour les pros de l'info​
    Travailler dans le Sahara est le quotidien de ce document controller algérien
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    Les métiers des archives et des bibliothèques sont peu valorisés en Algérie, où seule la documentation semble sortir son épingle du jeu. En témoigne Ammar Chibane, un document controller heureux, aux conditions de travail pourtant compliquées. 

    Ammar-ChibaneLe hasard fait parfois bien les choses, et la carrière d'Ammar Chibane le prouve. Lui qui ignorait tout de la bibliothéconomie à sa sortie du lycée, au début des années 90, s'est engagé dans cette voie sans l'avoir vraiment choisie. En effet, c'est sur les conseils d'un ami - qui lui dit que c'est « intéressant » et que la filière offre des débouchés - qu'il inscrit « bibliothéconomie » en face de son voeu nº 5 pour l'université.

    « Je ne savais même pas vraiment ce que ça voulait dire, confesse-t-il ; je me doutais bien que ça avait un rapport avec les bibliothèques, les livres et le classement, mais ce que je voulais vraiment faire, moi, c'était de l'anglais ».

    Pourtant, ce sera bien cette filière qui lui sera proposée :

    « Je n'ai pas voulu faire de recours, explique-t-il ; je suis parti à l'aventure, à la découverte du domaine, et ça a marché ! »

    En 1996, le jeune homme sort de ses quatre années de licence à l'Institut de bibliothéconomie de l'Université d'Alger parmi les meilleurs de sa promotion.

    « C'était le destin », s'amuse-t-il.

    Aujourd'hui encore, trois universités dispensent cette licence en Algérie (Alger, Oran et Constantine), qui reste l'unique filière à préparer les étudiants aux métiers de bibliothécaire, d'archiviste ou de documentaliste.

    Après la parenthèse de 21 mois du service national, le jeune homme est recruté sur concours en tant qu'assistant documentaliste-archiviste-bibliothécaire dans un lycée et accepte en parallèle d'enseigner quatre heures par semaine à l'Institut national de la formation professionnelle de Tizi Ouzou, où il réside. 

    Ammar Chibane passe ensuite six ans en tant qu'archiviste-documentaliste de la Direction générale de la sûreté nationale, à Alger. Il y gère alors l'application interne « Gestion du groupe 25 » et y archive toutes les notes, circulaires et documentations propres à la police.

    Document controller au Sahara

    L'opportunité d'un changement se présente en 2006. Ammar Chibane est alors recruté comme bibliothécaire sur la base pétrolière de l'entreprise nationale Sonatrach et de la compagnie américaine Amerada Hess Limited à Hassi Messaoud, à 100 kilomètres au sud-est de Ouargla, au sud de l'Algérie. 

    Changement de poste au bout de six mois : il prend alors en charge l'archivage de l'ensemble de la documentation technique du projet, et ce, depuis le progiciel de Ged Opidis d'Artesys. 

    « En France, la notion de document controller est assez récente, explique-t-il ; en Algérie, le concept a émergé dès les années 2000, lorsqu'il est arrivé dans les valises des compagnies étrangères venues signer des partenariats sur des projets gaziers ». 

    Le documentaliste, qui se forme d'abord lui-même à cette version « projet » de son travail initial, est muté en 2008 sur la base d'In Salah Gas, qui réunit cette fois-ci Sonatrach, BP Algérie et le norvégien Statoil. Il y archive, depuis Documentum d'EMC, l'ensemble de la documentation technique des installations et des équipements des quatre sites du projet. 

    « Je travaille à 2000 kilomètres de chez moi en 4x4, explique-t-il ; c'est-à-dire 4 semaines de travail en continu, sans aucune journée de repos, puis 4 semaines à la maison, à Tizi Ouzou ».

    Son quotidien : vivre et travailler douze heures par jour, de 6 heures à 18 heures, sur les installations du projet au beau milieu d'une zone désertique à 250 kilomètres de la ville la plus proche.

    Conscient que le marché de l'emploi est actuellement saturé, Ammar Chibane patiente aujourd'hui en vue d'une mutation éventuelle à un poste de lead document controller (responsable) au sein de la Sonatrach. 


    + repères

    Les métiers de la bibliothéconomie en Algérie

    Comme tous les secteurs d'activité, la bibliothéconomie n'échappe pas au chômage qui touche actuellement 9,9 % du pays (chiffres d'avril 2016).

    Si les métiers de la documentation paraissent s'en sortir mieux que les autres, tant au niveau des conditions de travail que du salaire, les archivistes semblent être les parents pauvres de la bibliothéconomie algérienne : 

    « Le quotidien des archivistes est rude, confirme Ammar Chibane ; non seulement ils travaillent au milieu de la poussière, mais pour un salaire de misère - environ 25 000 dinars par mois (200 euros) - et sans que leur métier soit valorisé. Comme souvent, une personne est envoyée aux archives par punition ». 

    Selon Ammar Chibane, les bibliothécaires sont à peine mieux lotis. « Seules leurs conditions de travail semblent un peu moins difficiles, explique-t-il, mais leur salaire est tout aussi dérisoire ».

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