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Entre BU et fournisseurs d'information "les relations s'améliorent", selon Emmanuelle Sordet

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    Une salle de lecture de la bibliothèque Sainte-Barbe. (Marie-Lan Nguyen/ CC-BY-2.0-FR)
  • Sommaire du dossier :

    Entretien avec Emmanuelle Sordet, directrice de la bibliothèque Sainte-Barbe (université Paris 3).

    Comment se passent les relations entre les bibliothèques universitaires et les fournisseurs d'information ?

    Les relations se sont beaucoup améliorées depuis environ quatre ans. Vers 2008, elles étaient crispées, car les éditeurs menaient des politiques tarifaires offensives. Ils avaient également des difficultés à prendre en compte les différents types de fonctionnement des bibliothèques universitaires. Mais ils ont dû prendre en considération la réalité : nos budgets sont contraints, voire en baisse. Ils ont donc adapté leur politique tarifaire.

    En 2011, un vade-mecum élaboré par le GFII, l'ADBS et l'ADBU a mis à plat les pratiques entre fournisseurs et bibliothèques. Ce document a permis de mieux faire connaître aux bibliothèques le fonctionnement spécifique des agences d'abonnement. De leur côté, les fournisseurs d'information ont tenu compte de nos demandes : présentation des factures, mention précise des frais supplémentaires, accès aux bases de données, amélioration des métadonnées...

    Les deux parties peuvent aujourd'hui se référer à ce vade-mecum qui n'a cependant pas valeur contractuelle. À la bibliothèque Sainte-Barbe, nous l'utilisons beaucoup pour la rédaction des cahiers des charges. C'est un document qui a permis d'apaiser les relations entre les bibliothèques et les éditeurs.

    Ces derniers font-ils évoluer leurs pratiques commerciales ?

    Oui, car avant la crise, nous faisions preuve de 

    souplesse dans l'application des pénalités de retard. En 2012, la bibliothèque Sainte-Barbe a décidé pour la première fois d'appliquer ces pénalités de retard, car certains titres arrivaient un jour sur deux ou un jour sur trois. Nous ne pouvions plus nous permettre de ne pas recevoir la documentation pour laquelle nous avions engagé des sommes importantes. À la suite de cette initiative, les fournisseurs se sont ressaisis. 

    Autre évolution : après la faillite de l'agence d'abonnement Swets, le marché s'est complexifié et Ebsco est devenu notre seul fournisseur qui exerce une forme de monopole. Mais lorsque nous procédons à des désabonnements, Ebsco perd du chiffre d'affaires... Il doit alors mettre en place une politique tarifaire plus juste. 

    Aujourd'hui, les éditeurs sont prêts à négocier et à faire des gestes commerciaux qui étaient impensables il y a quelques années. Ils nous communiquent mieux les statistiques d'utilisation des ressources électroniques. Mais globalement, les ressources électroniques restent onéreuses du fait du modèle économique adopté par les fournisseurs et de la fiscalité qui leur est propre, car leur TVA s'élève à 19,6 % contre 5,5 %, voire 2,1 % pour les périodiques papier.

    De très nombreux établissements français sont confrontés à de sévères restrictions budgétaires depuis plusieurs années. Cette situation perdure-t-elle ?

    Dans le cas particulier de la bibliothèque Sainte-Barbe, non, car nous avons pu sanctuariser notre budget documentaire. Notre établissement achète les ressources électroniques en mutualisation avec la bibliothèque Sainte-Geneviève et la direction des bibliothèques universitaires de Paris 3 qui est notre université de rattachement. Lorsque l'une de ces bibliothèques négocie des tarifs pour une ressource électronique, elle le fait pour les deux autres. La mutualisation nous a donc protégés. Nous avons pu faire face, de façon tournante, aux difficultés des uns et des autres.

    Le libre accès est actuellement discuté devant le parlement dans le cadre de la loi pour une République numérique. Est-il une réponse face aux éditeurs ? 

    Je ne sais pas si cette loi sera la réponse, mais, ce qui est sûr, c'est que le développement du libre accès est la réponse appropriée. Aujourd'hui les résultats de la recherche sont « libérés » de façon marchande, ce qui pose problème, car c'est le financement public qui permet de faire de la recherche. Or, les résultats de cette recherche sont captifs. 

    Les grands éditeurs, notamment dans le domaine des sciences dures et des sciences expérimentales, donnent accès à des ressources qui permettent aux chercheurs d'être notés. Mais d'autres initiatives existent : Persée, la plateforme Hypothèse d'Open Edition, le portail Isidore du CNRS... 

    J'ajoute que nous ne pouvons pas continuer à payer trop cher des ressources qui sont vendues sous forme de bouquets. Ces bouquets exigent un travail de tri et d'indexation considérable, car ils donnent des résultats de recherche médiocres et ne peuvent pas être proposés tels quels aux usagers.

    (1) Vade-mecum téléchargeable : www.gfii.fr

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