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Les scanners peinent à s'imposer dans les bibliothèques

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    De plus en plus de bibliothèques proposent à leurs lecteurs des scanners en libre-service, mais le flou juridique empêche la démocratisation de ce nouveau service. (Owni/ Flickr)
  • Les scanners en libre-service n'ont pas vraiment trouvé leur public en France. En cause : un relatif flou juridique, conjugué à la nouvelle possibilité, pour les lecteurs, d'utiliser des smartphones pour prendre en photos les pages qu'ils souhaitent conserver !

    Exit les copies papier ? Des scanners en libre-service sont désormais à la disposition des lecteurs qui fréquentent les bibliothèques de plusieurs institutions réputées, tels l'École nationale supérieure, Sciences Po, la bibliothèque Diderot de Lyon, ou encore la Staatsbibliothek zu Berlin...

    Mais, contrairement à ce que l'on a pu croire il y a quelques années, les scanners en libre-service ne sont pas encore parvenus à s'imposer largement dans les salles de lecture hexagonales...

    Ce, malgré les indéniables atouts de ces machines pour faciliter la prise de note des lecteurs et la copie des documents. « Les documents à copier sont simplement posés sur un porte-document », précise par exemple le distributeur nantais Addis Technologies à propos du scanner Zeta du fabricant allemand Zeutschel.

    « L’objet à copier ne subit ni pression mécanique, ni charge thermique ou lumineuse nuisant au papier ». Autres avantages notables : ce scanner dit planétaire est silencieux, il ne produit aucune chaleur, et il peut être associé à une application Zeta2mobile facilitant la transmission sans fil des images numérisées vers les terminaux qui ne disposent pas de ports USB (comme les tablettes et les smartphones).

    équipements en libre-service

    Pas de quoi, pour autant, booster les acquisitions ! « Je pense de plus en plus que c'est un non-marché ou un segment mort-né », regrette Denis Lupin, directeur technique du distributeur français Spigraph, grand spécialiste des scanners professionnels et des logiciels de capture documentaire et de traitement d'images.

    Les explications sont multiples. « Avec le scan-to-print, de nombreuses bibliothèques préfèrent continuer de facturer les copies, afin de compenser le coût d'achat des équipements – l'utilisateur doit toujours se procurer une carte prépayée pour numériser puis imprimer son document, indique ce spécialiste. Elles sont moins nombreuses à proposer des offres de scan-to-email ou de scan-to-USB » (qui seraient pourtant plus « intuitives », en particulier pour les usagers les plus technophiles).

    Plus grave, pour les fournisseurs d'équipement : les smartphones - leurs appareils photo - semblent aujourd'hui se substituer aux scanners dans les salles de lecture.

    Le chemin parcouru par la Bibliothèque nationale de France (BNF) est à ce titre exemplaire. Après avoir été l'une des premières bibliothèques françaises à avoir décidé, dès 2009, de s'équiper de 12 scanners de livres eScan Open System, fabriqués par l'entreprise française i2S, l'institution a installé 18 nouveaux modèles de cette machine début 2016.

    Contrairement aux premiers modèles, qui nécessitaient de solliciter un opérateur de la bibliothèque, les nouvelles machines « peuvent désormais être utilisées en libre-service », souligne Pierre Bergeron, responsable de l'unité DigiBook chez i2S. C'est en particulier le cas pour les 9 scanners qui ont été installés sur le site Tolbiac.

    clichés à volonté

    Mais la BNF s'est parallèlement appuyée sur la montée en puissance des smartphones grand public (pour la plupart dotés de capteurs photo de plus de 5 mégapixels) et sur l'évolution de la réglementation afin d'autoriser plus largement la « simple » prise de photos dans ses murs.

    « Que vous soyez en bibliothèque du haut de jardin ou en bibliothèque de recherche, que les documents soient tombés dans le domaine public (libres de droits) ou protégés par le Code de la propriété intellectuelle (sous droits), la photographie sera dorénavant très largement permise », a annoncé l'institution fin 2015.

    Seuls bémols : les photos doivent être réalisées « à des fins d’usage privé uniquement » et elles n'ont pas vocation à être diffusées « au-delà du cercle familial, ni sur les réseaux sociaux ou sites internet ». Et pour ne pas déranger les autres lecteurs, elles doivent aussi, bien sûr, être réalisées sans flash et sans bruits excessifs !

    L'autorisation de la photographie à la BNF a été rendue possible par l'évolution de la réglementation, et plus précisément par la mise en oeuvre d'un principe d'exception de copie privée, qui s'applique dès lors que la copie est réalisée à partir d'une source « licite. »

    Il en va de même pour la bibliothèque Sainte-Geneviève, à Paris, qui a modifié son règlement courant 2015 pour autoriser (sous conditions) la photographie de documents.

    Dans ce cas précis, les conditions de mise à disposition des scanners apparaissent finalement bien plus restrictives : « Selon l’accord conclu avec le Centre français d’exploitation du droit de copie [CFC], les reproductions effectuées avec le matériel mis à disposition par la bibliothèque (photocopieur, scanner) sont autorisées dans la limite de 10 % d’un livre et 30 % d’un périodique ».

    Pas de quoi assurer les beaux jours des scanners libre-service de niveau pro, qui semblent s'être davantage développés en Allemagne ou aux États-Unis. D'autant que de sérieux concurrents à « petits prix » auraient commencé à percer dans les bibliothèques universitaires.

    Le modèle ScanSnap SV600 de Fujitsu (proposé à 699 euros hors taxe sur le site LDLC.com, à l'heure où nous écrivons ces lignes) affiche par exemple la possibilité de numériser « facilement et directement des journaux, des magazines, des documents ou des livres sans les découper ou les endommager ».

    Équipé d'un capteur de détection de changement de page, il peut aussi bien scanner une surface A3 (en moins de 3 secondes) que des documents reliés et plats...

    scanners deux-en-un

    Pour continuer de se démarquer, le bordelais i2S, grand spécialiste des solutions d’acquisition et de traitement d’image, a choisi de développer un nouveau type de modèle entièrement configurable : l'eScan Open system.

    « Il est possible d'embarquer deux interfaces utilisateurs différentes, signale Pierre Bergeron. Le même appareil, doté d'une optique de grande qualité, peut ainsi être à la fois utilisé par un bibliothécaire (en mode production) ou par un visiteur... »

    Avec le ScanStudio, son concurrent allemand Zeutschel espère quant à lui proposer une machine de production convenant aussi bien aux bibliothèques qu'aux archives et aux musées : la solution réunit entre autres « un système de caméra, des tables porte-documents facilement interchangeables pour toutes les exigences [et] des objectifs haute performance interchangeables ».

    De quoi permettre, d'après le fabricant, de numériser à la fois des journaux et des originaux reliés et « d’autres supports tels que les films, les diapositives et les pièces de monnaie »... La convergence est en marche !


    Voir aussi : Archimag guide pratique nº 53 « droit de l’information »

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