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Les règles du jeu pour créer un club de lecture en bibliothèque

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    Les participants d’un club de lecture de la médiathèque Romain Rolland de Romainville. (DR)
  • On en trouve à Romainville, à Paris, à Rennes, à Granville, à Nantes, à Dunkerque ou à Plaisance-du-Touch… Les clubs de lecture permettent de dynamiser les collections et de créer de l’attractivité autour des bibliothèques. Mais animer un club de lecture ne s’improvise pas. Préparation, choix des livres, animation, compte-rendu… Suivez les conseils de bibliothécaires.

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    Ce samedi 15 octobre 2022, il n’y avait pas les chouquettes habituelles, mais du broyé du Poitou, un délicieux gâteau poitevin rapporté par Édith, l’une des participantes du club de lecture de la médiathèque Romain Rolland de Romainville (Seine Saint-Denis).

    Une fois par mois, l’établissement accueille une quinzaine de personnes dans une grande mezzanine située au premier étage de l’établissement, où des tables sont dressées avec du café, du thé et des biscuits. Sans oublier le plus important : une vingtaine de romans, placés en évidence, pour alimenter les discussions.

    « Lorsque nous avons lancé ce club de lecteurs en 2005, ce sont les bibliothécaires qui sélectionnaient les titres », explique Catherine Mabille, la bibliothécaire responsable du club de lecture « fiction » au sein de l’établissement ; « mais si l’on veut que le club fonctionne, il faut laisser aux usagers le choix de proposer leurs propres livres. Il arrive que des lecteurs proposent de la poésie, du théâtre… »

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    Le rituel est désormais bien ancré dans les habitudes de la médiathèque et des usagers : le club de lecture est organisé une fois par mois (sauf en juillet et en août), le samedi matin de 10 heures à midi. Ce choix ne doit rien au hasard.

    Ce créneau et cette durée ont été jugés les mieux adaptés pour faire venir le maximum de personnes. La médiathèque Romain Rolland propose par ailleurs deux autres clubs de lecture : le « club des p’tits lecteurs » (à partir de 8 ans) et le « club ados » (pour les 12-17 ans) qui se réunissent également une fois par mois, mais pour une durée d’une heure seulement.

    Les règles du jeu

    Pour Catherine Mabille, « les clubs de lecture permettent de dynamiser les collections. Ils ne coûtent rien et créent de la curiosité chez les usagers. Ils peuvent également en faire venir de nouveaux. En revanche, ils ne s’improvisent pas et demandent un certain temps de préparation au bibliothécaire qui en a la charge ».

    À commencer par le commencement : il n’est pas nécessaire de s’inscrire au préalable pour participer au club de lecture. Chacun peut venir, même s’il le décide au dernier moment. Certains manquent le début, d’autres doivent partir avant midi…

    Mais un numéro de téléphone et une adresse électronique sont tout de même mis à disposition pour toute demande de renseignement. « Plus le fonctionnement est simple, mieux le club fonctionne ! »

    La médiathèque a édicté des « règles du jeu » sous forme de fascicule distribué à l’accueil de la médiathèque. « Chacun est invité à s’exprimer sur son coup de cœur du moment ou sur toute autre lecture. On a aussi le droit de critiquer négativement, même si l’idée est plutôt de donner envie ! », peut-on y lire. « Chacun est censé choisir un livre parmi ses lectures. Si le temps de parole est suffisant, on peut éventuellement faire un deuxième tour de table et donner la parole à ceux qui le souhaitent pour parler d’une autre lecture. »

    La bibliothécaire joue également le rôle de maîtresse des horloges en partageant équitablement le temps de parole entre les participants : « mon rôle est de gérer le temps de parole », confirme Catherine Mabille. « Il faut être raisonnablement bavard. Parfois, les discussions sont animées avec des avis très différents sur le même livre ! »

    Les participants ne sont d’ailleurs pas obligés de s’exprimer à propos de tous les livres présentés. Il arrive que certains d’entre eux ne prennent pas la parole et viennent seulement pour écouter et repartir avec une idée de lecture.

    La tolérance doit être de mise

    Le choix des livres est assez sensible. À Romainville, il a été décidé que seul le genre « fiction » était au menu du club de lecture. « Il y a suffisamment de nouveautés pour alimenter notre rendez-vous mensuel », explique Catherine Mabille. « On parle de préférence de fiction (romans, nouvelles, littérature générale, science-fiction, etc.) plutôt que d’essais. »

    Dans la réalité, il arrive qu’un participant soit hors sujet et se mette à évoquer l’astrologie ou la religion ! « Cependant, une grande tolérance est de mise : à vous de juger si vos analyses intéresseront les autres participants… », précise le règlement.

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    Une fois par an environ, le club de lecture change de format : un titre est sélectionné à propos duquel tout le monde est invité à discuter afin de confronter les avis sur une seule lecture commune.
    Chaque club de lecture donne lieu à un compte-rendu de quelques pages placé sur le présentoir des nouveautés littéraires et envoyé aux participants.

    Là encore, c’est la bibliothécaire qui doit rendre compte des discussions sous forme descriptive d’un paragraphe : « Stéphanie a choisi “Changer l’eau des fleurs” de Valérie Perrin, pour l’attrait de sa couverture. Elle a aussi vu l’adaptation théâtrale (…) Ce livre l’a retournée, chamboulée. C’est une magnifique histoire. Un livre qui a “renforcé” Stéphanie, qui l’a changée, dit-elle. Coup de cœur de Marie-Séverine également qui en dit : “c’est un condensé de relations humaines qui permet la résilience. Quand on traverse la rue, on peut aussi rencontrer de belles personnes”. Bref, un livre qui fait du bien, qu’on peut lire tout le temps. »

    Du côté de la médiathèque, les clubs de lecture peuvent être une source d’inspiration et la conduire à acquérir les livres qui ont fait l’objet d’éloges et qui ne sont pas encore dans les collections.
    À l’usage, le club de lecture de la médiathèque Romain Rolland fait apparaître une représentation féminine supérieure à celle des hommes (deux personnes sur trois environ sont des femmes).

    Campagne de communication

    De son côté, le réseau Culture et Bibliothèques pour Tous (CBPT) a également édicté quelques bonnes pratiques dans un document intitulé « Créer et organiser un club des lecteurs ». Il y est conseillé de « trouver un nom pour que les lecteurs se sentent concernés (par exemple : les Mercredis des lecteurs de Théophile Gautier) ».

    En interne, le projet doit être proposé aux responsables de la bibliothèque puis à l’équipe. Une fois adopté, ce projet doit faire l’objet d’une campagne de communication aux lecteurs, soit par voie d’affichage, soit par courrier électronique ou par les réseaux sociaux si l’établissement dispose de comptes. Il doit également être signalé dans la lettre du mois de la bibliothèque.

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    Conseils pour ne pas sombrer dans la routine

    La préparation obéit, elle aussi, à quelques règles :

    • planifier les réunions ;
    • appeler quelques règles de bonne conduite (portables sur vibreur) ;
    • le club est un lieu d’échanges constructifs et courtois où chacun respecte les opinions des autres ;
    • transmettre une invitation aux lecteurs avant chaque rencontre (une semaine avant), soit par mail, soit par SMS, avec un ordre du jour (actualités littéraires, échanges, débat) ;
    • procéder, le jour de la réunion, à l’organisation spatiale : disposition des chaises, etc.

    Le réseau Culture et Bibliothèques pour Tous préconise également d’ouvrir un cahier pour que les lecteurs puissent rédiger leurs commentaires en plus du compte-rendu produit par les bibliothécaires.

    Et afin de « ne pas sombrer dans la routine », les bibliothèques peuvent proposer des discussions autour d’un thème général (gastronomie, voyages, femmes célèbres, littérature et peinture, etc.) ou la participation à des concours (écriture de nouvelles par exemple…).

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