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Alexandre Léchenet, 28 ans, data journaliste à Libération et Six Plus

  • Une formation d'informaticien couplée à une furieuse envie de journalisme... Le profil d'Alexandre Léchenet s'est sculpté au fil du temps. Arrivé au pile au moment où les médias se sont lancés dans le traitement des données, il est aujourd'hui l'un des data journalistes français les plus reconnus. Portrait.

    À l’image de certaines recettes culinaires fameuses créées accidentellement, la carrière d’Alexandre Léchenet a pris un étonnant départ qui fera finalement l’originalité de son profil. C’est en effet sur une erreur d’orientation qu’il monte à Paris depuis son Isère natale, son bac S en poche, mais sans idée précise quant à son avenir.

    « Le journalisme m’intéressait, explique-t-il, mais je ne savais pas exactement comment y parvenir. J’ai finalement fait une licence d’informatique à Jussieu sans trop me poser de questions ».

    Trois ans durant lesquels ses envies mûrissent peu à peu.

    « Les projets d’ingénieurs, solitaires, ne m’excitaient pas du tout, explique-t-il. Finalement, je me suis réorienté vers la gestion de projet web ».

    Alexandre Léchenet intègre alors le master d’info-com hypermédia de Paris 8, qui lui ouvre les portes de la Netscouade, l’agence de communication digitale fondée par l’ancienne équipe de campagne web de Ségolène Royal en 2007. Formé sur le tard à la veille, ses compétences en informatique et son utilisation précoce des réseaux sociaux font rapidement de lui un atout pour l’agence. 

    Casser les cloisons

    Au fil des mois, Alexandre Léchenet se lasse peu à peu des missions de social management qu’il réalise alors pour de grands industriels. On est fin 2010, une époque où le data journalisme perce tout juste en France. Coup de chance : le jeune homme a des contacts chez Owni, le site dédié aux cultures numériques créé en 2009 et qui se revendique justement comme le premier à se lancer sur le créneau du journalisme de données. Alexandre Léchenet y est embauché en janvier 2011. Il y restera six mois.

    « J’avais le titre de data journaliste, mais je faisais en réalité beaucoup de gestion de projet, voire même du consulting », explique-t-il.

    Victime collatérale du modèle économique du site, le jeune homme est essentiellement chargé de « ramener de l’argent » pour faire vivre l’équipe rédactionnelle. Bien que revendiquée, l’idée de casser les cloisons entre développeurs et journalistes reste encore hésitante. Déçu, le jeune homme sera finalement licencié avant que le site ferme ses pages en décembre 2012.

    « Sentant le vent tourner pour moi chez Owni, j’ai pris contact avec différents responsables de sites web, explique-t-il ; j’ai eu la chance d’approcher Le Monde au moment où il lançait la “newsroom”, sa rédaction politique bimédia créée pour la présidentielle ».

    "Tester de nouveaux formats"

    Si le journal n’est pas encore familier de ces nouvelles pratiques journalistiques, le jeune homme s’amuse à verser un peu de data dans les sujets qu’il traite.

    « Nous pouvions enfin utiliser l’ordinateur et internet comme sources et moyens d’analyse », explique-t-il.

    Il rejoindra Les Décodeurs, un nouveau pôle plus polyvalent.

    « Mon travail était à peu près le même, se souvient-il : tester de nouveaux formats pour raconter l’information autrement, grâce à des données et de la visualisation ».

    Alexandre Léchenet participe alors ponctuellement à de grands sujets (les tarifs des médecins parisiens, l’affaire Swiss Leaks, etc.) et se découvre un goût pour l’enquête.

    « Je trouve que le journalisme français n’explore pas suffisamment le côté investigation ; selon moi, il y a beaucoup de choses à fouiller du côté des données et des fichiers existants en faisant du machine learning et en travaillant avec les algorithmes. J’aimerais m’écarter un peu de la datavisualisation pour ne chercher et publier que des informations exclusives ». 

    Nouveaux caps

    Le jeune homme est par ailleurs très occupé par Nichons-nous dans l’internet, un magazine créé avec deux amis début 2013. Dédié aux passionnés du web, ce biannuel s’attache à mettre le focus sur la petite histoire de l’internet et des réseaux, plus que sur les grands coups de communication des Gafa. Diffusé à 1000 exemplaires dans les librairies parisiennes, le 96 pages pourrait devenir bilingue prochainement et s’étendre à d’autres pays d’Europe. 

    Alexandre Léchenet a quitté Le Monde il y a bientôt un an pour intégrer la rédaction web de Libération, qu’il juge plus exigeante au niveau des angles, mais encore très focalisée sur le papier et donc frileuse à innover sur le web.

    « Nous pourrions être encore plus créatifs, ne serait-ce qu’au niveau du ton, estime-t-il ; s’il est parfois ironique sur le papier, nous n’avons pas encore réussi à le transcrire sur internet ».

    Éternel insatisfait, il ne cesse de se fixer de nouveaux caps :

    « Entre le ton de l’écriture, l’investigation et la réflexion sur les nouveaux formats... À 28 ans, mon horizon des possibles est vaste et enthousiasmant ! »

    Le suivre : @alphoenix


    Il like :

    • Son émission de radio préférée : Place de la Toile (France culture)
    • Son livre préféré : Les sorciers du net : les origines de l’internet, de K. Hafner et M. Lyon, 1999
    • Sa musique préférée : Sufjan Stevens​

     

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