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Open data : qui sont les professionnels en charge de l'ouverture des données ?

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    "J’ai été embauché, car ils cherchaient une personne qui soit à même d’échanger avec des agents, des élus et des citoyens sur le sujet de l’open data" Jérémie Valentin (Pixabay/aitoff)
  • Statistiques, cartes, patrimoine... On doit à l'open data et à la transparence de l'action publique une meilleure connaissance de notre territoire. Mais au sein des collectivités, qui sont les professionnels en charge de cette ouverture des données ? Zoom sur des profils qui évoluent aussi vite que leurs projets.

    A ce jour, 65 % de la population française disposent de données publiques ouvertes sur son territoire. Depuis juin 2010, avec l'ouverture du portail open data de Rennes Métropole, la pionnière, suivie de Paris et de Montpellier en 2011, ce sont près de 70 collectivités qui se sont engagées dans le mouvement de l'open data.

    Derrière les 9 500 jeux de données ouvertes, accessibles en ligne et utilisables par tous se cachent des professionnels en charge de leur collecte et de leur ouverture. Et ceux-ci s'annoncent de plus en plus nombreux. Car si ce sont surtout les grosses et moyennes collectivités qui ont, à ce jour, joué le jeu de l'ouverture, la loi NOTRe oblige depuis 2015 toutes les communes de plus de 3 500 habitants (soient 5 000 communes) à ouvrir leurs données. Et ce sans compter sur la loi Macron, qui a, de son côté, statué sur l'ouverture des données des opérateurs de transports (horaires, tarifs, arrêts, etc.) ou encore sur la Loi numérique, adoptée le 20 juillet dernier, qui prévoit la transparence de toutes les "données publiques communicables".

    Trois cas de figure

    Bien évidemment, les moyens dont disposent les collectivités pour leur stratégie numérique varient selon leur taille. Jean-Marie Bourgogne, ancien chef de la stratégie numérique de Montpellier et délégué général de l'association Opendata France, qui accompagne les collectivités territoriales engagées dans une démarche d'ouverture des données publiques, confirme ces disparités entre les communes. Selon lui, elles influent sur les profils des professionnels en charge des projets open data :

    "Ces cinq dernières années, on a pu observer trois cas de figure, explique-t-il ; dans les petites mairies, les projets sont plutôt portés par les directions des systèmes informatiques (DSI) car aucune autre direction métier n'a la légitimité technique pour s'en charger. Dans les communes de taille moyenne, on observe souvent une récupération de ces projets par la direction de la communication, et plus particulièrement par le service du site web, qui se trouve alors très impliqué dans l'animation de ces projets et dans l'explication auprès du public. Enfin, dans les métropoles et les régions, les projets sont généralement entre les mains des responsables du développement numérique. Dans ce dernier cas, ils sous-traitent la mission aux DSI, qui assurent la maîtrise d'oeuvre".

    D'autre part, les priorités, les activités, et donc le profil du chef de projet varient selon le degré de transparence de la commune et donc sa maturité en matière d'open data : "Quand certaines communes en sont tout juste au premier stade de l'open data, plutôt technique, d'autres ont déjà entamé la deuxième phase, basée sur la communication autour des données. Car si les données sont publiées sans animation, aucune chance que quelqu'un s'en saisisse !" Il ajoute : "Plus les projets sont matures, plus on s'éloigne de l'aspect purement technique de l'open data, et plus les femmes s'en emparent". Selon le délégué général d'Opendata France, il y a aujourd'hui plus de femmes que d'hommes en charge de ces projets.

    Technique, com puis smart city

    Bernadette Kessler est responsable du service mutualisé innovation numérique (Icom) de la direction de la communication de Rennes Métropole et de la Ville de Rennes. Après 15 ans d'activité professionnelle en journalisme et en communication, elle passe un diplôme de chef de projet web en 2000 et intègre quatre ans plus tard la Ville de Rennes. 

    Au printemps 2010, avec ses collègues des services transports et du système d'information géographique, elle participe au lancement du tout premier site open data d'une collectivité française et contribue, depuis, au renforcement de ce programme.

    "Mes missions consistent à étendre la diffusion des données publiques rennaises en augmentant le catalogue en volume et en types de données, explique-t-elle ; nous avons donc un rôle d'information et de suivi de l'open data auprès des services".

    Son équipe appartenant à la direction de la communication, Bernadette Kessler confirme être attentive à la diffusion de l'open data :

    "Plus que des opérations de communication au sens strict, nous préférons travailler de façon plus pérenne et moins spectaculaire sur des actions de sensibilisation et de formation à la culture de la donnée et la production d’applications qui réutilisent les données ouvertes, explique-t-elle ; néanmoins, nous profiterons de la mise en ligne en septembre d'un nouveau site Data.rennesmetropole.fr disposant de fonctionnalités nouvelles, pour relancer une communication classique (réseaux sociaux, articles, dossier de presse, etc.)".

    Les ambitions de son équipe ne s'arrêtent pas là : elle souhaite en effet constituer un réseau "efficace" des différents acteurs de la data, en interne et sur l’ensemble du territoire tout en ayant un rôle de réflexion et de préconisation sur le développement du programme open data de Rennes en tant qu’un des éléments constitutifs de la smart city rennaise. 

    Jérémie Valentin, chef de projet open data de la ville de Montpellier Méditerranée Métropole, a une formation de géographe. Il confirme la nécessaire communication autour des projets open data des collectivités.

    "J'ai été embauché car ils cherchaient une personne qui soit à même d’échanger avec des agents, des élus et des citoyens sur le sujet de l’open data", explique-t-il.

    En plus de s'assurer de la mise à jour des données déjà disponibles, de négocier l’ouverture de nouvelles données en interne, mais aussi auprès d’autres acteurs du territoire, il participe aux débats sur la politique de ville intelligente de Montpellier Méditerranée Métropole, tout en "faisant le community manager et en préparant des animations autour des données". Celles-ci sont multiples : il peut s'agir de l'organisation d’événements ("cartoparties", formations, réunions d’informations, hackathons), mais aussi de rédactionnel, d’éditorialisation des données, de participation aux travaux de l’association Opendata France, de collaboration avec Etalab, et d'une présence sur les réseaux sociaux. Il reconnaît que cette communication autour des données est fluctuante et dépend des périodes :

    "Nous étions très actifs au début de la démarche pour la faire connaître, explique-t-il ; maintenant les animations sont un peu plus espacées". 

    Une nouvelle génération de professionnels

    Mais ces profils sont loin d'être figés, certaines communes n'ayant ni DSI, ni webmaster pour prendre en charge ces projets.

    "Une même personne est parfois en charge de l'aspect technique, de la communication et de la stratégie, poursuit Jean-Marie Bourgogne ; d'autres collectivités externalisent même parfois certaines missions". 

    Une nouvelle tendance s'observe aujourd'hui, dans certaines grandes collectivités et conseils généraux bien avancés en matière d'open data : la récupération de ces projets par les services décisionnaires, proches des élus.

    "Après diffusion, ces données publiques viennent rejoindre d'autres données protégées pour alimenter un tableau de bord de diagnostic et de projection uniquement diffusé en interne, conclut Jean-Marie Bourgogne ; ce cockpit d'interprétation et d'exploitation de la donnée, avec aux commandes les tout nouveaux chief data officers (administrateur général des données), vient alors servir les décisions publiques".

    Cette toute nouvelle génération de professionnels est constituée de profils à double casquette, disposant à la fois de compétences en sciences sociales ou en droit et de compétences en analyse de données et en statistiques.


    + repères

    Présidence française de l'OGP

    La France assurera la présidence de l'Open government partnership (Partenariat pour un gouvernement ouvert) à partir de cet automne. L'Hexagone a en effet rejoint il y a deux ans cette organisation internationale visant à marquer l'engagement des gouvernements en matière de "transparence, d'augmentation de la participation civique, de lutte contre la corruption et de mise en œuvre des nouvelles technologies afin d'offrir un service plus efficace et plus responsable". Lancée en 2011 par huit pays fondateurs (Brésil, Indonésie, Mexique, Norvège, Philippines, Afrique du Sud, Royaume-Uni et États-Unis), elle regroupe aujourd'hui 70 pays membres.

    La France assure depuis octobre 2015 la vice-présidence de l'organisation sous la présidence de l'Afrique du Sud et prendra ses fonctions pour un an à partir d'octobre 2016.

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    Pour cet épisode spécial Documation, nous nous sommes penchés sur une autre grande tendance de l'année 2024 : la cybersécurité, et plus particulièrement la sécurité dans le domaine de la gestion des données. La protection des données contre les menaces internes et externes est non seulement cruciale pour garantir la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données, mais aussi pour maintenir la confiance des clients. Julien Baudry, directeur du développement chez Doxallia, Christophe Bastard, directeur marketing chez Efalia, et Olivier Rajzman, directeur commercial de DocuWare France, nous apportent leurs éclairages sur le sujet.

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