Article réservé aux abonnés Archimag.com

L'open data au service des villes intelligentes

  • 18343671846_20f23a0686_c.jpg

    En France, les exemples de ville intelligente construites grâce à l'exploitation des données publiques en libre accès se multlplient. (wipusit / Visualhunt)
  • Les données publiques produites par l'État et les collectivités contribuent activement au développement des villes intelligentes. À l'échelle des territoires, les projets se multiplient. Un marché colossal qui intéresse également les acteurs privés...

    C'est un chiffre qui donne le vertige : selon le cabinet Gartner, plus de 3,3 milliards d'objets connectés seront déployés dès 2018 dans nos villes. Pour l'essentiel, ces objets concerneront les logements, les immeubles commerciaux et les transports. Et leur nombre ira crescendo : la banque Morgan Stanley avance même le nombre faramineux de 75 milliards d'objets connectés, à l'échelle mondiale, dans les années à venir...

    Tout naturellement, l'open data sera amené à jouer un rôle de premier plan dans l'édification des villes intelligentes. Les données produites par l'État et les collectivités sont en effet considérées comme l'or noir des futures smart cities : statistiques de consommation d'eau et d'électricité, données en temps réel dans les transports en commun et sur le réseau routier, typologie des exploitations agricoles...

    Des dizaines de milliers de jeux de données sont d'ores et déjà mis à disposition des citoyens. Dans un rapport publié au mois d'avril dernier, le député Luc Belot préconise « la création d’une plateforme data territoriale, comprenant un volet open data au moins pour les données prévues par la loi. » 

    Cette plateforme pourrait prendre la forme d'un service public local de la donnée organisé autour de quelques principes : inventaire des données d'intérêt territorial, anonymisation des données personnelles, stockage des données en Europe...

    tout producteurs de données

    Dans l'esprit des auteurs de ce rapport, chaque citoyen peut contribuer à la construction d'une ville intelligente. « Les habitants peuvent produire volontairement des données pour les partager dans une approche collaborative.

    C’est le modèle de Wikipedia dans le domaine de la connaissance. (...) Le contributeur peut choisir d’être géolocalisé pendant son trajet qui est ainsi cartographié », explique Luc Belot, décrivant « ce modèle de collecte ascendant ou horizontal, où l’habitant accepte d’utiliser ses appareils connectés pour collecter des données qui sont ensuite largement partagées ».

    Exemple concret : l'application NoiseTube permet aux mobinautes de mesurer grâce à leur smartphone le bruit dans leur environnement quotidien. Après avoir enregistré leur position au moment de la mesure, ils envoient l'ensemble de leurs relevés qui sont intégrés sur un service de cartographie de type Google Maps.

    Libre ensuite aux collectivités d'utiliser des données citoyennes pour repenser leurs plans de circulation et réduire les foyers de pollution sonore.

    territoires innovants

    En France, les exemples de ville intelligente construites grâce à l'exploitation des données publiques en libre accès se multiplient. En Alsace, le pôle Strasbourg Eurométropole a mis en place un Observatoire territorial dédié au wifi. Une soixantaine de capteurs ont été déployés dans le centre-ville afin d'analyser les déplacements de population.

    L'analyse des données ainsi recueillies permet à la municipalité d'adapter ses aménagements urbains. Précision importante : la ville garde la main sur ses données. Un choix qui réduit le risque de les voir saisies par des acteurs privés.

    À Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), c'est un site web pédagogique consacré aux finances de la ville qui a reçu un label d'or des territoires innovants. Réalisé en open data, ce site propose une visualisation très réussie des données financières municipales (graphiques, chiffres clés, galerie de photos, géolocalisation des principales dépenses d'équipement...).

    L'agglomération de Versailles Grand Parc, quant à elle, a également reçu un label d'or des territoires innovants dans la catégorie « mobilité » pour sa cartographie open data visant à fluidifier le trafic automobile. Les dix-neuf communes de l'agglomération partagent leurs informations relatives aux travaux, aux incidents routiers ou aux manifestations.

    Les villes peuvent par exemple agir sur la cadence des feux tricolores lorsqu'un incident leur est rapporté. Elles peuvent également envoyer des agents municipaux afin de résoudre un dysfonctionnement. Particularité : ce partage de données en temps réel passe par l'application Waze dédiée à la navigation GPS.

    « Nous avons eu la possibilité d’envoyer nos données sur Waze. Cela permet de toucher beaucoup plus de monde », explique Julie Hodez, responsable du pôle ingénierie territoriale au sein de Versailles Grand Parc.

    crainte des collectivités

    Waze, propriété de Google depuis 2013, compte plus d'un million d'utilisateurs rien qu'en France. C'est beaucoup, mais le lien organique qui relie Waze à l'ogre Google n'a pas échappé aux collectivités. Certaines d'entre elles ont préféré prendre leur distance avec la firme de Mountain View.

    C'est le cas de la métropole du Grand Lyon qui refuse de communiquer ses données à Google. Il est vrai que la ville avait été échaudée en 2008 par la polémique qui avait accompagné l'accord passé entre la Bibliothèque de Lyon et le géant du web pour la numérisation de plus d'un million d'ouvrages...

    Faut-il s'alarmer, une fois de plus, de l'insatiable appétit de Google ? À Londres, le quotidien The Guardian a dévoilé une partie du programme Sidewalks Labs développé par Google dans le cadre des smart cities. On y apprend que ce nouveau service dédié aux déplacements aurait vocation à orienter les usagers vers des plateformes de VTC ou de covoiturage plutôt que vers les transports publics...


    Ville numérique ou ville intelligente ?

    Pas facile de distinguer la ville numérique de la ville intelligente. Pour l'universitaire Alessia Galoul (Université catholique de Louvain, Belgique), « la principale différence entre le concept de ville numérique et celui de ville intelligente provient de l’importance accordée aux TIC.

    De manière générale, la ville numérique est perçue comme un système d’information qui collecte de l’information numérique sur la ville réelle et les rend disponibles dans un espace public virtuel, où les citoyens peuvent consulter, mais aussi interagir avec le système et avec d’autres utilisateurs.

    La smart city (ville intelligente) est considérée comme une extension et un développement de la ville numérique étant donné que la ville intelligente met l’accent sur l’amélioration des conditions et de la qualité de vie des citoyens notamment par l’utilisation du numérique et des technologies de l'information ».

    Pour l'universitaire autrichien Rudolf Giffinger, six critères permettent d'évaluer le niveau d'avancement des villes intelligentes : capital humain, transport et TIC, ressources naturelles, compétition, participation, et qualité de la vie.

    Cet article vous intéresse? Retrouvez-le en intégralité dans le magazine Archimag !
    À lire sur Archimag
    Les podcasts d'Archimag
    Pour cet épisode spécial Documation, nous nous sommes penchés sur une autre grande tendance de l'année 2024 : la cybersécurité, et plus particulièrement la sécurité dans le domaine de la gestion des données. La protection des données contre les menaces internes et externes est non seulement cruciale pour garantir la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données, mais aussi pour maintenir la confiance des clients. Julien Baudry, directeur du développement chez Doxallia, Christophe Bastard, directeur marketing chez Efalia, et Olivier Rajzman, directeur commercial de DocuWare France, nous apportent leurs éclairages sur le sujet.

    Serda Formations Data 2023