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Open data municipal : le mode d'emploi

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    En matière d'open data municipal, "il est judicieux de commencer avec des jeux de données qui touchent la vie quotidienne des habitants", recommande Ben Lister, chargé de mission en charge de la plateforme open data de Rennes. (Freepik/GarryKillian)
  • La loi pour une République numérique impose aux municipalités de plus de 3 500 habitants de procéder à l’ouverture de leurs données. La gestion quotidienne de l’open data ne s’improvise pas et requiert un travail transverse qui implique plusieurs fonctions. Retours d’expérience à Rennes et à Marseille. Organisation, contribution des services, datavisualisation, fréquence de mise à jour des jeux de données, open data collaboratif, etc : découvrez tous les conseils pour votre collectivité !

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    Au mois de mars 2022, 453 communes avaient procédé à l’ouverture de leurs données. Soit une progression lente mais régulière depuis 2016 et l’entrée en vigueur de la « loi pour une République numérique » (Pour rappel, la loi du 7 octobre 2016, dite « loi pour une République numérique », impose aux collectivités territoriales de plus de 3 500 habitants et employant au moins 50 agents ou salariés, de publier en ligne leurs principaux documents dans un standard ouvert).

    Cette année-là, seulement 47 municipalités disposaient d’un portail open data. Ces communes pionnières n’avaient pas attendu l’obligation légale pour se projeter dans l’ouverture des données publiques. Six ans plus tard, ce chiffre a été multiplié par dix, mais on est encore très loin du raz de marée.

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    Open data : une tâche collective et transverse

    Selon l’association Open data France, on compte chaque année une centaine de nouvelles villes open data. Mais force est de constater que seulement 8,4 % des communes entre 3 500 et 100 000 habitants ont franchi le Rubicon. Si les plus grandes d’entre elles disposent d’une plateforme (Rennes dès 2010 puis Paris, Nantes, Toulouse, Strasbourg, Marseille…), d’autres, de dimension plus modeste, sont également engagées : Cannes, Bayonne, Saint-Malo…

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    Au sein des municipalités, la gestion de l’open data est souvent une tâche collective et transverse. La plupart du temps, elle est gérée par les services de communication ou bien par les directions des systèmes d’information ou bien encore par des services d’innovation numérique quand ils existent. Dans tous les cas, ces trois composantes sont souvent amenées à travailler ensemble.

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    Rennes précurseur et proactive en matière d'ouverture des données publiques

    Impossible de parler d’open data municipal sans évoquer Rennes qui fait figure de précurseur en matière d’ouverture de données publiques.

    « Dès 2010, nous avons publié un premier jeu de données portant sur la géolocalisation des vélos en libre-service mis en place par Rennes Métropole », explique Ben Lister, chargé de mission en charge de la plateforme open data ; « depuis, quasiment tous les services contribuent à l’enrichissement de la plateforme. Nous avons organisé des sessions d’acculturation à la donnée ainsi que des formations de prise en main de l’outil de publication. Aujourd’hui, ces services agissent de façon proactive en publiant eux-mêmes leurs données ».

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    Au printemps 2022, près de 450 jeux de données sont mis à disposition des internautes. Disponibles soit en licence ouverte soit en licence ODBL (Open Database Licence). Cette dernière a été choisie par les élus pour encourager les démarches de réutilisation des données municipales. En interne, ce sont plusieurs dizaines d’agents qui disposent d’un droit d’accès à la plateforme de publication.

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    La gestion quotidienne de l'open data

    En une douzaine d’années, Rennes Métropole a accumulé de nombreux enseignements dans la gestion quotidienne de l’open data.

    « Il faut éviter de trop vouloir en faire d’un coup et ne pas attendre que cela soit parfait pour commencer. Il est judicieux de commencer avec des jeux de données qui touchent la vie quotidienne des habitants », constate Ben Lister.

    Un conseil qui s’appuie sur des statistiques : les données les plus consultées concernent les transports (notamment les horaires de passage de bus et la géolocalisation des vélos en libre-service), l’énergie et les résultats électoraux.

    « Les villes qui font de l’open data doivent également accepter que les données ne sont pas un sujet grand public. À Rennes, nous avons toujours essayé de rendre les données accessibles à tout le monde grâce à une démarche pédagogique. La datavisualisation du budget de la métropole a été créée dans cet esprit… »

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    Marseille affine ses jeux de données

    À Marseille, les services juridique et numérique travaillent conjointement à l’enrichissement de la plateforme lancée en 2021.

    « Ces deux services sont bien entendu aidés par les différents services producteurs de données de la ville », précise Christophe Hugon, élu municipal et délégué à la transparence et à l’open data ; « le service juridique établit le cadre légal qui s’applique à la diffusion de ces données municipales dans le respect du RGPD. Le service numérique, quant à lui, s’assure de la qualité des données. Celle-ci doit parfois être plus élevée que pour les usages professionnels ».

    C’est notamment le cas des jeux de données relatifs à la géolocalisation des lampadaires. Afin de protéger les arbres susceptibles d’être exposés à la lumière artificielle, leur emplacement a dû être affiné très précisément, au mètre près, afin d’améliorer les documents qui étaient jusqu’ici utilisés par les agents chargés du remplacement des ampoules.

    Tout service producteur peut proposer la mise en ligne de jeux de données. Les élus peuvent également faire des propositions. La mise en ligne est décidée selon l’intérêt des jeux de données et la fréquence de mise à jour varie entre 6 mois et 1 an, là aussi selon les données.

    > Lire aussi : La documentation administrative française accessible en open data

    Diffuser la culture de la donnée

    L’animation de la plateforme open data de la cité phocéenne est ainsi assurée par deux personnes du service juridique, quatre personnes du service numérique, d’un élu et des agents des différents services producteurs. Précision importante : ces tâches n’occupent qu’une partie de leur emploi du temps total.

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    « Cela peut représenter un tiers de leur temps de travail pour certains agents », précise Christophe Hugon ; « pour l’instant, la culture de l’ouverture des données doit encore s’implanter parmi les agents. Nous sommes en train de diffuser cette culture de la donnée ».

    La ville de Marseille compte bien aller plus loin en matière d’ouverture de données. La municipalité réfléchit à un open data collaboratif : « Sur le modèle de Wikipédia, nous réfléchissons à la création de jeux de données collaboratifs avec les citoyens et les associations. Cela se fera progressivement et permettra en outre d’accroître la diversité des données… »

    > Lire aussi : La ville de Cannes passe à l'open data

    Open Collectivités, une plateforme dédiée aux collectivités locales

    Trouver les études, des statistiques et des outils locaux utiles à la prise de décision, telle est la promesse d’Open Collectivités. Ce portail, proposé par la direction générale des collectivités locales, offre une vaste documentation : des publications statistiques souvent accompagnées des données sources, des jeux de données en open data, ainsi que des outils pratiques s’adressant aux équipes travaillant en collectivités locales.

    Les mairies — mais aussi les intercommunalités, les départements et les régions — peuvent y trouver une aide à la préparation budgétaire de la commune. Elles peuvent également s’inspirer de conseils pour présenter leurs données et se situer par rapport à des communes comparables.

    Au-delà, le portail est mis à disposition de tous les citoyens désireux d’accéder aux données relatives à l’emploi, à la fonction publique territoriale, à la culture ou à la santé.

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