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Brief.me, le média anti-infobésité

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    “Bousculer les gens en les confrontant à d’autres points de vue que les leurs”. Laurent Mauriac, Brief.me. (DR)
  • Sommaire du dossier :

    Face à la profusion d'informations déversées sur le web, le format simple et reposant des "bite-sized news" (petites bouchées d'info) a la cote. A l'image de Brief.me, qui envoie chaque jour par mail à ses abonnés la substentifique moelle de l'actualité.

    Sites internet, réseaux sociaux, alertes mail, applis mobiles, newsletters... Pléthorique sur le web, l'information déverse son flux continu sans tri ni hiérarchisation. La saturation, voire la nausée, guette certains internautes, victimes de ce mal du 21e siècle numérique qu'est l'infobésité. C'est de ce constat qu'est née Brief.me, une newsletter payante et quotidienne d'information généraliste, sans visuel ni publicité ; une sorte d'ovni médiatique dans le ciel de la presse 2.0. 

    Satisfaire les lecteurs...

    "Brief.me est parti d'une incompréhension, explique Laurent Mauriac, cofondateur de Rue 89 et l'un des quatre associés à l'origine de Brief.me : pourquoi autant de moyens sont-ils consacrés par autant de sites à la réécriture des mêmes dépêches sur les moindres soubresauts de l'actualité ? Le résultat : une manière d'informer qui vise beaucoup plus les accros à l'actu que les citoyens pour qui l'information n'est pas une fin en soi, mais un outil au service de leur vie personnelle ou professionnelle".

    Lancé en septembre 2014, Brief.me a d'abord fait l'objet d'une campagne de financement participatif sur Ulule.com. Destinée à obtenir l'appui de lecteurs déjà abonnés pour son lancement officiel de décembre, cette opération fut un grand succès, doublant presque les 500 préventes d'abonnements espérées (et obtenues en seulement quatre jours). Surtout, l'équipe a pu recueillir l'avis des tous premiers abonnés, destinataires en avant-première de la newsletter. De quoi améliorer toujours plus le concept en collant au plus près de l'attente des lecteurs.

    Contre 5,90 euros par mois (3,90 euros par mois si l'abonnement est annuel), le produit fini tombe dans la messagerie des 1 300 abonnés chaque soir vers 18 heures 30. Loin de la compilation d'articles, Brief.me se voit comme un "mini-journal" faisant le tri dans l'actualité du jour pour ne restituer que quelques informations essentielles : une poignée de brèves, quatre sujets plus développés et une info décalée, rédigés par l'équipe permanente de trois journalistes et d'un pigiste. Un format idéal pour les lecteurs pressés, puisque le tout se lit en trois minutes. 

    ... tout en les bousculant

    Car c'est bien à ses lecteurs que semble attentive Brief.me, dont le fondateur estime les médias traditionnels trop éloignés : "La course à l'audience et aux clics entraîne une surinflation de l'information, explique Laurent Mauriac ; ce n'est plus les lecteurs que les médias ont en ligne de mire, mais le bon référencement, la viralité sur les réseaux sociaux, et à terme les recettes publicitaires qui les font vivre".

    Brief.me souhaite donc répondre à la contradiction née de la transformation du modèle économique des médias par le web suivant laquelle les lecteurs ne sont plus ceux qui rapportent de l'argent au titre, mais de simples utilisateurs.  

    Et ce n'est pas tout : Laurent Mauriac en veut également au filtrage opéré par les algorithmes. "Selon les historiques de navigation et 

    les goûts des internautes, les moteurs de recherche et les réseaux sociaux ne leur proposent ensuite plus que des informations similaires, ou provenant du même site". De quoi boucher l'horizon des lecteurs en les enfermant dans leur propre univers. "Nous souhaitons forcer les gens à se faire leur propre opinion, ajoute Laurent Maurias, à les bousculer en les confrontant à d'autres points de vue que les leurs".

    Et les plus frileux d'entre eux pourront s'abonner gratuitement pendant 15 jours avant de "signer" !


    + repères
    La Matinale du Monde : composer son propre journal sur mobile

    Si  Brief.me imaginait au départ proposer une appli mobile en plus de l'email, l'idée est abandonnée provisoirement, ses abonnés semblant pour le moment satisfaits du support actuel. Ce n'est pas le choix opéré par Le Monde qui choisit justement de miser sur le "mobile first", très prisé des rédactions aujourd'hui : le quotidien du soir a en effet lancé en mai dernier son application La Matinale, proposant dès 7 heures une sélection d'une vingtaine "d'articles courts et incisifs", avant-premières des sujets qui paraîtront dans l'édition papier du même jour. 

    Jeu de cartes

    D'un coup de doigt, le mobinaute peut naviguer entre les pages, présentées sous la forme d'un jeu de cartes. Libre à lui de les jeter ou de les conserver, mais aussi de les lire immédiatement ou de remettre leur lecture à plus tard. Aidé par l'indication du temps de lecture, il compose lui-même son propre journal, qu'il pourra consulter sans connexion internet. Seule obligation : souscrire un abonnement de 6,99 euros par mois (un prix de lancement est proposé à 1,99 euro). 

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    Pour cet épisode spécial Documation, nous nous sommes penchés sur une autre grande tendance de l'année 2024 : la cybersécurité, et plus particulièrement la sécurité dans le domaine de la gestion des données. La protection des données contre les menaces internes et externes est non seulement cruciale pour garantir la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données, mais aussi pour maintenir la confiance des clients. Julien Baudry, directeur du développement chez Doxallia, Christophe Bastard, directeur marketing chez Efalia, et Olivier Rajzman, directeur commercial de DocuWare France, nous apportent leurs éclairages sur le sujet.
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