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Les documentalistes ont-ils leur place dans le "fact checking" ?

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    "Les documentalistes et les veilleurs ont pourtant un important rôle à jouer dans la détection de nouvelles sources et dans la qualité globale de la fonction documentaire", estime Jérôme Bondu. (Pixabay/jorgophotography)
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    Le sites dédiés à la vérification de l'information se sont multipliés ces dernières années. Mais on y trouve pas ou peu de professionnels de la documentation.

    En 2009, Le Monde lançait une nouvelle rubrique baptisée Les Décodeurs. Objectif : "Passer au crible les propos des hommes et femmes publics pour y démêler le vrai du faux". Impitoyables, les décodeurs traquent les chiffres inexacts, les citations tronquées et les bobards en tous genres... Vaste programme !

    Mais c'est Libération qui fut le premier en France à lancer un programme "fact checking" avec sa rubrique Desintox. Depuis, la vérification des faits s'est largement répandue dans les rédactions aussi bien dans la presse écrite que dans les médias audiovisuels : Détecteur de mensonge au Journal du Dimanche, Le vrai du faux sur France Info, Des paroles et des actes sur France 2, Désintox sur Arte, Véritomètre sur iTélé, Le contrôle technique sur Rue89...

    Derrière ces vérificateurs, on trouve des journalistes, bien sûr, mais y a-t-il une place pour les documentalistes ? Autant le dire tout de suite, la réponse est négative ! Au Monde, les effectifs des Décodeurs sont pourtant bien fournis. L'équipe est composée de neuf personnes : un coordinateur, trois rédacteurs, deux datajournalistes, un éditeur réseaux sociaux, deux infographistes... mais point de professionnel de la documentation. 

    Qualité globale de la fonction documentaire

    Comment expliquer cette absence ? Par des raisons économiques avant tout. Il est en effet loin le temps où les rédactions pouvaient s'appuyer sur un important service de documentalistes (et parfois d'archivistes). A l'heure où la presse survit comme elle peut dans un environnement très concurrentiel, les journalistes sont priés de faire eux-mêmes leurs recherches documentaires. Quelques rédactions privilégiées disposent encore de documentalistes, mais pour combien de temps ?

    "Les documentalistes et les veilleurs ont pourtant un important rôle à jouer dans la détection de nouvelles sources et dans la qualité globale de la fonction documentaire", estime Jérôme Bondu, 

    directeur du cabinet de veille et d'intelligence économique Inter-Ligere. A ses yeux, les documentalistes ont une légitimité particulière pour évaluer la pertinence des contenus en ligne. 

    A condition de respecter scrupuleusement une série de principes : analyser le profil des auteurs en croisant les informations disponibles sur les réseaux sociaux, chercher la reconnaissance des pairs, analyser la publicité et la nature des partenariats afin de détecter d'éventuelles logiques d'influence, étudier la pertinence des liens présents dans un article ou sur un blog, et enfin attacher de l'importance à la mise en forme du site.

    "Il s'agit de réflexes de base pour tout professionnel de l'information-documentation. Mais il faut faire preuve de discernement : il ne faut pas supprimer une source au motif qu'elle est anonyme ou sous pseudonyme car on sait que les lanceurs d'alerte travaillent beaucoup de cette façon-là", rappelle Jérôme Bondu. 

    Le fact checking en mode collaboratif... et gratuit

    A défaut d'être intégrés nativement dans les équipes de fact checking, les documentalistes peuvent se joindre à des initiatives existantes. Ils peuvent, par exemple, intégrer Facta Media un site de vérification des faits lancé au mois de mars 2014. Particularité : cette plateforme fonctionne en mode collaboratif et s'ouvre aux contributeurs extérieurs : experts, spécialistes et, pourquoi pas, professionnels de l'information-documentation. Mais il faut tout de suite préciser que ces contributions se font pour l'honneur : "L'utilisateur soumet des contributions à titre gracieux et la mise en ligne ne donne droit à aucune rémunération, ce que l'utilisateur accepte expressément".

    Au final, c'est Google (comme toujours...) qui pourrait mettre tout le monde d'accord. Ses informaticiens ont récemment annoncé un programme permettant de classer les résultats non plus en fonction de leur popularité, mais de leur exactitude factuelle... 

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