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Réinventer la veille : diversifier ses compétences pour survivre

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    Les veilleurs savent désormais que leur salut passe par la diversification de leurs compétences (Fotolia)
  • Sommaire du dossier :

    La veille est une discipline bien installée, mais parfois ronronnante, quand elle n’est pas prise de doute sur son efficacité ou sa place dans l’organisation. Dès lors il est temps de faire un peu d’introspection et de se réinterroger sur son métier et ses pratiques. Peut-on faire mieux ? Plus ? Et si l’on commençait par donner une bonne claque aux mauvaises pratiques ?! Se pose aussi la question des outils, à commencer par le moteur de recherche. Il y a Google, mais pourquoi pas aussi Qwant ? Trois experts interviennent dans ce dossier clos par un retour d’expérience.

    "La veille devient un hyper-métier", constatait l'ADBS dans un livre blanc paru en 2014. L'Association des professionnels de l'information et de la documentation avait alors interrogé 249 veilleurs sur leurs pratiques quotidiennes : "Le veilleur a de plus en plus de casquettes dans l'entreprise et son métier tend à devenir un hyper-métier. Tous les professionnels interrogés ont déclaré jouer jusqu'à cinq rôles différents, dans une proportion quasi identique". Dans l'ordre : analyste-expert (34 % des professionnels citent ce rôle comme étant très important), contributeur (33 %), sponsor (33 %), administrateur technique (26 %) et animateur (16 %). 

    Plus récemment, l'édition du baromètre 2016 emploi et compétences des métiers de l'infodoc (réalisé par le cabinet Serda Formation et Archimag) confirmait le profil multitâche du métier de veilleur et le souhait des employeurs de dénicher des veilleurs capables d'analyser et de synthétiser des corpus de données (voir encadré).

    Il est donc loin le temps où la veille était considérée comme une simple collecte d'informations qu'il s'agissait ensuite de transmettre aux décideurs. Aujourd'hui, le directeur de l'Ecole de guerre économique Christian Harbulot parle volontiers de "veille-analyse". Résultat : la veille n'est pas l'apanage des seuls veilleurs professionnels. Elle est, peu ou prou, exercée à tous les échelons de l'entreprise : "Certains types de veille sont étroitement liés à la compétence métier. Ainsi, la veille juridique, la veille réglementaire ou la veille technologique sont principalement assurées par des personnels qualifiés ayant la capacité à comprendre le fond d'une information et à en évaluer la portée", explique le consultant Frédéric Martinet (voir entretien page suivante). C'est aussi ce que montre notre reportage réalisé auprès de la cellule veille et information du Crédit Agricole (voir en fin de dossier).

    Veille cible et veille radar

    Alors sommes-nous tous devenus veilleurs ? La question se pose depuis plusieurs années déjà dans les colloques et les ateliers prospectifs. Y compris dans les domaines des archives ou des bibliothécaires où les métiers requièrent des notions opérationnelles de trouver de l'information. Dans ces circonstances, les processus de veille évoluent-ils ? Les débats sur la meilleure façon de veiller sont aussi anciens que la veille elle-même. Le consultant Christophe Deschamps y apporte sa touche personnelle avec les concepts de "veille cible" et de "veille radar". La première désigne "la manière traditionnelle de faire de la veille. Après l'indispensable définition des thèmes à surveiller, il s'agira de repérer des sources, d'en évaluer la pertinence par rapport au besoin en information, puis de les mettre sous surveillance". La seconde, en revanche, "se concentre sur des territoires connus et va (potentiellement) nous ouvrir des horizons en faisant remonter des contenus hors des territoires balisés".

    Fort heureusement, personne n'est obligé de choisir l'une au détriment de l'autre. Les deux modèles peuvent être complémentaires ou se succéder selon les situations professionnelles. Dans tous les cas, la veille prend sa place dans la chaîne informationnelle des organisations. 

    Pour Bercy, le veilleur doit être multitâche

    Du côté du ministère de l'Economie, l'emploi de veilleur se conjugue également au mode multitâche : "Le veilleur stratégique est à l'affût de tout ce qui se passe, se dit et s'invente dans le domaine de son entreprise", explique le Portail des métiers de l'internet. Bercy insiste sur les compétences attendues du veilleur : "Anticiper les tendances du secteur, (...) détecter les opportunités de développement, (...) procurer un avantage concurrentiel à l'entreprise, (...) capter, analyser et diffuser les informations stratégiques aux décideurs". De toute évidence, le professionnel de la veille n'est pas cantonné à appuyer sur un bouton pour pousser l'information vers l'utilisateur final. Et le portail professionnel du ministère de l'Economie précise les contours de l'activité analytique : "Produire des tableaux de bord, formuler des hypothèses d'interprétation, faire des recommandations..."

    Reste la question délicate du recrutement des veilleurs. Face au niveau de connaissance demandé dans les domaines de l'ingénierie ou des sciences, les entreprises réfléchissent à deux fois avant de recruter des chargés de veille. Les veilleurs-diplômés savent trouver une information car ils savent comprendre une demande d'information. Mais ils ne sont pas seuls sur le marché du travail. Il y a quelques années, la directrice d'un très grand groupe français présent dans plus d'une centaine de pays dans le monde expliquait, en petit cénacle, qu'elle préférait recruter des ingénieurs et les former à la veille plutôt que d'embaucher des veilleurs professionnels et les former aux sciences et à l'ingénierie. Plus rassurant, le Commissariat à l'énergie atomique possède un centre de recherche à Grenoble dont la structure de veille regroupe à la fois des veilleurs diplômés et des scientifiques qui ont été formés à la veille (Voir Archimag n° 249, novembre 2011).

    Dans tous les cas, les veilleurs savent désormais que leur salut passe par la diversification de leurs compétences.

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    La veille est une discipline bien installée, mais parfois ronronnante, quand elle n’est pas prise de doute sur son efficacité ou sa place dans l’organisation. Dès lors, il est temps de faire un peu d’introspection et de se réinterroger sur son métier et ses pratiques.
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