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Quel avenir pour les veilleurs ?

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    "La veille est et restera indissociable de l’innovation, du marketing digital, de la gestion de crise", assure Véronique Mesguich. (Photo d'illustration : Freepik/rawpixel.com)
  • Véronique Mesguich est consultante et formatrice en veille et en management stratégique de l’information. Elle enseigne notamment à l’EEIE (École européenne d’intelligence économique) et à l'EBD (École de bibliothécaires-documentalistes) et est auteure de plusieurs ouvrages (Dernière parution aux Éditions de Boeck : « Rechercher l’information stratégique sur le web », 2018). Pour Archimag, elle se prête au jeu des prévisions et des préconisations concernant le profil idéal du veilleur de demain, tandis que Sébastien Lucas, chargé de veille chez KPMG France, expose sa vision de l'avenir du métier.

    Sommaire du dossier :

    Quelles sont les évolutions possibles du métier de veilleur ?

    Il est possible que d’ici quelques années, la pratique de la veille soit toujours plus externalisée, via des cabinets de conseil, des consultants indépendants ou des prestataires spécialistes de la veille média. Mais en même temps, la veille continuera d’être pratiquée en interne dans les organisations par des collaborateurs de tous horizons (ingénieurs, commerciaux, RH, marketeurs, etc.), la veille stratégique faisant partie intégrante de leur activité.

    La veille sera fortement impactée par l’intelligence artificielle et les objets connectés, même si nous sommes aujourd’hui encore très loin d’une automatisation totale de tous les processus de collecte, analyse et diffusion de l’information stratégique. La data intelligence est également promise à un grand avenir et de nouvelles formes de veille devraient apparaître, basées sur des modèles d’analyse en temps réel de volumétries importantes de données numériques, afin de mieux comprendre des situations présentes et élaborer des modèles prédictifs. La blockchain pourra donner lieu à de nouvelles formes de diffusion de l’information stratégique et constituer une opportunité pour les veilleurs.

    Je pense que l’évolution des professions de la veille sera semblable à celle de nombreux métiers de médiation amenés à se réinventer, comme les journalistes, les commerciaux ou les marketeurs : face à des utilisateurs toujours plus connectés et autonomes, les veilleurs devront se démarquer en apportant des réponses toujours plus approfondies et personnalisées, en alliant la compréhension de besoins complexes avec l’expertise et la réactivité.

    Quel sera le profil idéal du veilleur de demain ?

    Les multiples compétences des veilleurs se polarisent autour de deux grands blocs. Tout d’abord, des compétences techniques autour de la collecte automatisée d’informations, du paramétrage des flux, de la préparation des données… Mais aussi une forme « d’intelligence des contenus » indispensable pour le sourcing et l’identification des champs lexicaux, ainsi que pour l’analyse judicieuse des documents et données.

    La coconstruction d’une intelligence collective au sein de l’entreprise demeure un enjeu majeur dans la mesure où la veille est et restera indissociable de l’innovation, du marketing digital, de la gestion de crise.

    Selon moi, le profil idéal du veilleur de demain se situera de plus en plus dans l’analyse stratégique et le reporting auprès des décideurs. Le veilleur est un apporteur de valeur ajoutée, capable de créer ou coconstruire des contenus textuels ou multimédias (cartographie, datavisualisation, etc.), ou encore basés sur des données numériques.


    Témoignage

    Sébastien Lucas, chargé de veille chez KPMG France

    « À mon sens, le chargé de veille de demain va devoir faire face à de nouveaux défis : l’évolution des moteurs de recherche, qui privilégient les contenus sponsorisés à l’information de qualité, et une certaine remise en cause du savoir-faire. Notre métier réclame pourtant une véritable expertise : nous avons une vraie formation, des outils professionnels, et notre veille intègre toujours une dimension stratégique et d’analyse. Le métier est loin de se limiter à de la recherche sur Google ! Il y a une véritable valeur ajoutée pour notre métier. »

    « Nous devons à la fois nous tourner vers davantage de personnalisation de la veille, aller à la rencontre des clients internes pour définir un besoin et une réponse et pallier le manque d’information ; il faut également développer davantage de polyvalence : le chargé de veille de demain devra être multitâche, capable de mettre en forme sa recherche et de renforcer la partie étude et analyse ».

    Accéder au profil LinkedIn de Sébastien Lucas.

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