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Arthur Perret : la documentation personnelle dans le contexte du travail de la connaissance

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    Le système d’Otlet était basé sur deux éléments : la fiche, pour l’analyse, et la Classification décimale universelle (CDU), pour la synthèse. (Canva)
  • Dans "Ma recherche en 5 minutes", Archimag donne la parole à l’auteur d’une thèse portant sur les sciences de l’information et de la documentation. Ce premier volet est consacré au travail d’Arthur Perret, pour une thèse consacrée à Paul Otlet.

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    Ma thèse porte sur la documentation personnelle dans le contexte du travail de la connaissance, à partir de l’œuvre de Paul Otlet (1868-1944), le premier théoricien de la documentation. Les réalisations d’Otlet ont parfois été résumées à un « web oublié », car la figure du réseau y occupe une place importante.

    arthur-perret.jpgMais au-delà de cette métaphore, assez réductrice, Otlet exprime en fait une vision complexe de ce que pourrait être l’organisation des connaissances, avec une approche relationnelle : décomposer les publications en données, puis les interrelier suivant une démarche encyclopédique.

    Certains auteurs y ont vu un système conceptuellement analogue à l’hypertexte, avec ses nœuds et ses liens, et c’est sur cette analogie que j’ai basé ma recherche.

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    Le système d’Otlet était basé sur deux éléments : la fiche, pour l’analyse, et la Classification décimale universelle (CDU), pour la synthèse. Mon expérimentation reprend la fiche, transposée à l’informatique sous la forme du fichier texte (un support simple, compact et durable), et remplace la CDU par l’hypertexte, avec un langage de balisage léger (Markdown) et un classement plus idiosyncratique.

    Ce système favorise l’idéation, avec une écriture proche de l’association d’idées. Sur cette base, Guillaume Brioudes et moi avons créé un logiciel de visualisation appelé Cosma : à partir d’un répertoire de fichiers interreliés, rédigés en Markdown, Cosma génère une visualisation interactive qui contient à la fois les textes et la représentation de leurs connexions sous forme visuelle.

    La particularité de Cosma est que tout ceci est contenu dans un unique fichier HTML qui peut être exporté et utilisé de manière autonome en dehors du logiciel. Durant deux ans, j’ai utilisé Cosma comme un aide-mémoire augmenté, un outil me permettant de circuler plus facilement dans ma documentation personnelle. J’en ai retiré plusieurs observations qui constituent les principaux résultats de ma thèse.

    Organisation des connaissances

    D’abord, visualiser la structure formée par les fichiers interreliés aide à comprendre que l’on est en train de fabriquer un graphe documentaire. Ceci est important, car ce mode d’organisation des connaissances a des implications très pratiques, comme le fait qu’une fiche qui n’est reliée à rien est pour ainsi dire perdue (ce qu’on réalise instantanément en voyant le graphe).

    La visualisation crée aussi des proximités inattendues entre fiches : cette émergence informationnelle (information surfacing), complémentaire de la remontée volontaire d’information (information retrieval), occasionne une forme de sérendipité.

    Ensuite, les méthodes d’organisation des connaissances évoluent de manière itérative sous l’influence de l’expérience réfléchie du système. Un exemple : Cosma présente pour chaque fiche les liens entrants (ou rétroliens), avec leur contexte d’énonciation ; ceci permet de savoir où la fiche a été citée et de quelle manière.

    Lire aussi : Documentation : la quête de l’efficacité

    La fréquentation de ces rétroliens contextualisés modifie la manière d’écrire : on les anticipe et l’utilisation des liens devient progressivement plus stratégique. Enfin, sur le plan théorique, je propose de considérer le fait de relier comme un processus d’organisation des connaissances. Relier permet de classer, d’indexer, mais surtout de composer : assembler les éléments issus de l’analyse pour créer des éléments nouveaux.

    La pensée de Paul Otlet a ainsi constitué pour moi un premier pas vers une conception relationnaliste de la documentation et de l’organisation des connaissances. Je m’attelle désormais à démontrer l’utilité de cette approche via des tests d’usage (notamment en master et en doctorat), ainsi qu’à promouvoir l’écosystème du format texte dans une logique de maîtrise à long terme des données de la recherche.

    « De l’héritage épistémologique de Paul Otlet à une théorie relationnelle de l’organisation des connaissances » est disponible en ligne.

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