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Big data : plongez dans le grand bain !

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    "Le big data, c’est l’analyse que l’on va faire de ces données. Les collecter pour le plaisir d’aligner les chiffres ne sert à rien. L’objectif ultime est bien la création de valeur". (Archimag)
  • Collecte, validation, enrichissement, structuration, analyse sémantique, conformité au droit de l’information : les compétences des professionnels de l’information sont nécessaires aux projets de big data. Sur le terrain, des pratiques se développent. Les grandes écoles proposent des formations à leurs futurs diplômés.

    Sommaire du dossier :

    - Big data : plongez dans le grand bain
    - Alliance big data : un groupement pour le big data français
    - Le big data est-il l'avenir des professionnels de l'information ?
    - Le big data à l'épreuve de l'air et du feu
    - Big data : les gazouillis de Twitter sur écoute
    - Le big data, un gisement pour grandes écoles

    Il est a priori difficile d’imaginer le lien qui unit le football et la gestion de l’information ! Et pourtant… A y regarder de plus près, le monde du ballon rond est devenu accro à l’exploitation des données de masse. Les clubs qui en ont les moyens s’adonnent désormais au big data pour améliorer leurs performances… et leur retour sur investissement.

    C’est particulièrement vrai au Royaume-Uni où le football est plus qu’un sport : c’est également une activité économique très rentable. Le chiffre d’affaires des vingt clubs de la Premier League est le plus élevé du monde : 3,6 milliards d’euros pour la saison 2013-2014 !

    A ce prix-là, les clubs sont très attentifs à la gestion de leur capital le plus important : les joueurs. Et ils disposent de plusieurs « data analysts » pour exploiter les données captées par les caméras déployées sur les terrains. Objectif :  repérer les qualités et défauts des joueurs avant de les acheter ou de les revendre. Toutes les actions des joueurs sont collectées, analysées puis archivées : buts, tirs, passes décisives, têtes, tacles, vitesse, distance parcourue…

    Les clubs les plus prestigieux du Royaume-Uni (Manchester United, Arsenal, Chelsea…) compteraient jusqu’à huit data analysts. Plusieurs prestataires d’exploitation de données se partagent le marché du big data dans le football britannique. L’un deux, Prozone, affirme détenir des données sur 80 000 joueurs présents dans 37 championnats nationaux. Et ses prestations ne concernent d’ailleurs pas uniquement le football puisque Prozone exploite également des données de masse dans le rugby (250 clubs et organisations sportives) ainsi que dans les secteurs des médias et de l’éducation.

    Création de valeur

    Car en quelques années, le big data s’est imposé comme une incontournable discipline numérique. Comme le rappellent Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukier dans un ouvrage publié récemment, « de nos jours, la masse d’informations disponibles est telle que, si on la répartissait entre tous les Terriens, chacun en recevrait une quantité trois cent vingt fois supérieure à la collection de la bibliothèque d’Alexandrie : en tout, mille deux cents exaoctets (milliards de milliards d’octets). Si on enregistrait le tout sur des CD, ceux-ci formeraient cinq piles capables chacune de relier la Terre à la Lune ».

    Mais le big data ne se résume pas à l’explosion des volumes de données disponibles.

    « Le big data, c’est l’analyse que l’on va faire de ces données. Les collecter pour le plaisir d’aligner les chiffres ne sert à rien. L’objectif ultime est bien la création de valeur ,» précisait le journaliste et analyste Philippe Nieuwbourg dans un entretien qu’il nous avait accordé l’an dernier.

    Et cette création de valeur pourrait bien incomber aux professionnels de l’infodoc. « Leur rôle est d’éditorialiser toutes ces données collectées par les machines. C’est le cas des knowledge managers qui doivent mettre en place une gouvernance de l’information provenant du big data », explique Alain Garnier, PDG de l’éditeur Jamespot et contributeur actif de l’Alliance Big Data (voir encadré).

    Compétences achetées à prix d’or

    Même constat pour Véronique Mesguich et Anne-Marie Libmann, co-présidentes de l’ADBS : « le big data fait appel à trois types de profil : ingénieurs, informaticiens et… professionnels de l’organisation de l’information pour la collecte, l’analyse, la description, le partage et l’archivage des données… Les professionnels de l’information-documentation doivent donc prendre toute leur place dans le big data » estime Véronique Mesguich.

    Au sein de l’Alliance Big Data, l’ADBS a pour ambition de faire entendre la voix des professionnels de l’information-documentation. L’association estime en effet que la profession doit se rassembler pour saisir l’opportunité que représente le big data : « les entreprises sont prêtes à acheter à prix d’or les compétences qui créent de la valeur. Pour cela, nous devons nous rendre audibles et visibles auprès des autres fonctions de l’entreprise. Nous devons nous rapprocher des autres métiers pour faire valoir nos compétences » souligne Anne-Marie Libmann.

    Cela passera-t-il par une nouvelle appellation pour désigner les métiers de l’information-documentation ? On se souvient que certains professionnels ont déjà tenté d’imposer la dénomination « document and information manager »… Avec un succès très relatif jusqu’ici. Véronique Mesguich rappelle que les termes « data librarian » ont déjà fait leur apparition dans le monde anglo-saxon : « cette appellation a le mérite de montrer que nous avons des compétences dans les domaine du web sémantique, de l’architecture de l’information et de la description de contenus… Bref de tout ce qui fait le big data. Cela est très important car les entreprises s’organisent désormais autour de la connaissance et des données ».

    Changement de nom ou pas, l’information-documentation devra au moins repenser l’un de ses fondamentaux : la formation. Pour Anne-Marie Libmann, les choses doivent bouger : « nous devons enseigner à nos étudiants la capacité de dialoguer avec les managers des autres activités. Nous devons sortir de l’attitude d’enfermement de nos propres compétences en circuit fermé. Cela signifie qu’il faut apprendre à se rapprocher des sphères informatiques et commerciales dans les entreprises. Le big data c’est aussi des opportunités commerciales colossales… »

    (1) Big Data. La révolution des données est en marche. Viktor Mayer-Schönberger, Kenneth Cukier. Robert Laffont, 2014.

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    Rien n’oblige à se mettre au big data. Si ce n’est le fait de vouloir créer de la valeur, de l’activité ou se lancer dans des missions innovantes. Mais tout d’abord, c’est au système d’information de s’adapter à ce nouvel environnement de données volumineuses.
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