Visualisation de l'information : pour sortir du lot, l'info doit s'habiller sexy

La visualisation de l'information vue par le dessinateur Yves Barros. Barros

 

Impossible de lire toutes les informations, alors autant les… voir ! Voilà ce que la visualisation de l’information propose. Mais elle ne se résume pas qu’à cela. Si elle permet effectivement une retranscription d’informations ou de données (data) sous forme de schémas, de cartes, d’infographies, etc., elle est en elle-même une information en apportant son propre niveau d’interprétation. Elle peut satisfaire de nombreux besoins notamment en veille, sur le web et dans la presse. Autres qualités, son interface est souvent ouverte à l’interactivité, voire à la personnalisation, et se prête beaucoup au buzz. Bref, la visualisation est un outil de valorisation de l’information à prendre en main.

Dossier Grand angle sur la visualisation de l'information :

 

C’est la bible des graphistes. L’ouvrage Information is beautiful (1) présente les plus belles réalisations dans le domaine de la visualisation de l’information et recense les meilleures pratiques professionnelles. L’auteur, David McCandless, part d’un constat : « Nous souffrons tous d’un excès d’information ou d’une surabondance de données. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il pourrait exister une solution facile : utiliser mieux nos yeux. Il faut appliquer les techniques du design pour nous permettre de nous concentrer uniquement sur les informations importantes ».

Publié en 2011, le livre s’est écoulé à plus de 100 000 exemplaires et a déjà été traduit dans une dizaine de langues. David McCandless souligne que c’est en tant que journaliste qu’il a été confronté à l’infobésité. Il s’est alors penché sur la meilleure manière d’exploiter des volumes d’information toujours plus importants. Sa réponse tient en deux points : une donnée doit être juste et intéressante, le design doit être fonctionnel et beau.

corpus documentaire de la CIA

Ses créations font donc appel à « de belles couleurs pour faire de beaux graphiques ». Résultat : ses visualisations réussissent à rendre sympathiques les sujets les plus sinistres comme le classement des principales causes de mortalité au XXe siècle.

Plus réjouissant, David McCandless a également conçu un planisphère qui montre que tous les pays du monde sont le « numéro 1 » dans une activité donnée : la France dans la betterave à sucre, la République tchèque dans la consommation de bière, les Etats-Unis dans les tueurs en série, le Japon dans la fabrication de robots, la Thaïlande dans les préservatifs, etc.

Pour farfelues qu’elles puissent paraître, ces statistiques sont plus sérieuses qu’elles ne semblent : elles proviennent de corpus documentaires réalisés par la CIA et de plusieurs institutions académiques.

réussite informationnelle et graphique

Preuve que la visualisation de l’information est importante, des « oscars » sont organisés depuis 2012. Baptisé Kantar Awards, ce classement est devenu un rendez-vous incontournable pour les infographistes.

L’édition 2013 s’est tenue au mois de novembre dernier et a décerné son « grand prix » à l’agence de presse Bloomberg pour sa visualisation interactive consacrée au classement des 200 personnalités les plus riches du monde. Cette galerie de portraits est une incontestable réussite informationnelle et graphique : les visages des milliardaires apparaissent sous forme de vignette sur lesquelles il suffit de cliquer pour accéder à une fiche richement (sic) documentée : biographie, secteur d’activité, montant de la fortune, possessions immobilières…

Cette magnifique base de données peut être interrogée selon plusieurs modes : par secteur d’activité, par sexe, par âge, par source de richesse (héritage, esprit d’entreprise…) ou par nationalité.

Pour les utilisateurs, le Bloomberg Billionaires Index apparaît comme un petit bijoux d’infographie interactive : facile à prendre en main, fluide, agréable, documentée… Cerise sur le gâteau, les données sont mises à jour au gré de l’évolution des marchés financiers.

données publiques

En France, la visualisation des données crée également des vocations. C’est le cas par exemple de Caroline Goulard, cofondatrice de Dataveyes (voir page 19). Cette agence est à l’origine de l’interface qui permet de dresser un portrait des habitants de Rennes à partir des données publiques mises à disposition des citoyens par la municipalité.

Totalement interactive, cette carte propose les résultats du recensement de la population de 2009 et les présente par catégories : âge, sexe, statut matrimonial, catégories socio-professionnelles, types de logement, etc. L’expérience utilisateur est facilitée par une série de curseurs intuitifs et de symboles aisément compréhensibles.

Quant à nos voisins suisses, ils proposent également quelques intéressantes interfaces de visualisation. A l’initiative de l’Office fédérale des routes, trois journaux helvétiques ont réalisé une carte interactive des accidents de la route. Celle-ci recense la totalité des 108 640 accidents enregistrés par la police en 2011 et 2012. La vue d’ensemble indique les zones les plus accidentogènes du pays. Une fonction zoom permet d’accéder à une fiche documentée : date et heure de l’accident, nombre de victimes… En revanche, « pour des raisons juridiques, les causes des accidents ne sont pas indiquées ».

Outre le nombre de victimes, la visualisation indique également une estimation des dégâts générés par ces accidents : 874,2 millions de francs suisses (environ 700 millions d’euros).

 

(1) David McCandless, Datavision, Robert Laffont, 2011.

 

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Pour cet épisode spécial Documation, nous nous sommes penchés sur une autre grande tendance de l'année 2024 : la cybersécurité, et plus particulièrement la sécurité dans le domaine de la gestion des données. La protection des données contre les menaces internes et externes est non seulement cruciale pour garantir la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données, mais aussi pour maintenir la confiance des clients. Julien Baudry, directeur du développement chez Doxallia, Christophe Bastard, directeur marketing chez Efalia, et Olivier Rajzman, directeur commercial de DocuWare France, nous apportent leurs éclairages sur le sujet.