Ged: l'heure du bilan est arrivée

Antoinettew

 

L’acronyme Ged peut sembler dépassé face à la gestion de contenu rebaptisée ECM. En réalité, les différences entre les deux s’estompent et les éditeurs proposent de plus en plus des offres hybrides. Les organisations s’intéressent largement au sujet et, au final, quel que soit l’acronyme, le marché est en croissance.

Le dirigeant d’Axidea, une société spécialisée à la fois dans le développement et dans le conseil notamment autour des projets d’enterprise content management et de gestion électronique de documents, Franck Bresson schématise : « Beaucoup de projets de gestion de contenu, d’ECM, sont en réalité des projets de Ged ». Si, pour des raisons notamment liées au marketing, un nombre croissant d’éditeurs de logiciels de gestion documentaires a estampillé ses offres avec l’étiquette gestion de contenu ou ECM, ils continuent sur le terrain à installer des solutions de Ged ou de dématérialisation de courriers entrants dans l’entreprise ou l’administration.

Impact de l'ECM

Outre le fait de concerner seulement un département ou un service de l’entreprise, « la différence essentielle entre un projet de Ged et un projet d’ECM se traduit dans l’impact sur l’organisation. Une Ged consiste à dématérialiser du papier et à l’envoyer dans les processus métier de l’entreprise. Ce qui touche peu ou pas à l’organisation du travail. Un projet d’ECM va influencer ces mêmes processus et le plus souvent obliger à une remise ou à une mise à plat de l’ensemble du fonctionnement. Ce qui aboutit le plus souvent à repenser l’organisation », constate Franck Bresson. Des réorganisations qui prennent du temps. Une vision que Franck Bresson n’est pas le seul à partager. Des blogs de spécialistes  vont dans le même sens et définissent la différence entre Ged et ECM par les objectifs du projet. Dans le premier cas, la Ged a pour objet de régler une question de gestion documentaire, et accessoirement d’archives papier. Dans l’autre cas, le projet ECM vise plus à utiliser l’information pour optimiser les processus métier, et touche à plusieurs secteurs de l’organisation.

mutation technologique

Vu sous un angle plus technique, la Ged a quand même évolué depuis quelques années et justifie plus l’appellation ECM. L’émergence d’offres de ce type repose sur les évolutions technologiques des logiciels. Comme le mettent en avant les offres de formation sur ce domaine, les projets de Ged sont de plus en plus souvent couplés ou intégrés avec des intranets, des logiciels de type CMS et du XML. Par exemple, dans le cadre d’une formation sur la conduite de projet de Ged, l’institut de formation Weka insiste dans le contenu de la formation sur les évolutions de la Ged induites par la généralisation des solutions intranet-internet et des CMS. La Ged connaît actuellement une période charnière, du fait notamment de la généralisation des solutions intranet-internet, de content management, ainsi que l’usage de XML pour les échanges et l’archivage de données structurées. Vu sous cet angle, l’ECM n’est que la continuité de la Ged. Et d’ailleurs sur le terrain, que les appels d’offres parlent d’ECM ou de Ged, le marché est spécialement dynamique. La crise devient même parfois un accélérateur.

l'open source en boîte

Les bénéficiaires de ce dynamisme sont les sociétés de services comme les éditeurs [voir article sur le marché "l'ECM, toujours en croissance"]. Et l’on voit une montée en puissance indiscutable des sociétés de services spécialisées en logiciel libre, les SSLL. « Les prises de décision sont parfois un peu retardées mais le marché croît », se félicite Patrick Benichou, dirigeant d’Open Wide, une SSLL. Sans que cela s’explique par un quelconque rachat d’entreprise et en conservant la même marge bénéficiaire, cette société a vu son chiffre croître de 25 % en 2009. Open Wide travaille surtout sur des projets de gestion de contenu. Croissance similaire du côté des grandes sociétés de services. Dans une annonce datant de juin 2009, Atos Origin, l’une des majors, avait prévu de doubler la taille de ses équipes ECM avant la fin de l’année. Des équipes qui regroupaient déjà près de 1 000 personnes pour l’Europe dans ce domaine sur les 50 000 collaborateurs du groupe. À l’autre bout de l’échelle, en terme de taille d’entreprise, les perspectives du marché attirent tout autant. Baptisée Numerial, une nouvelle société de services spécialisée s’est créée fin 2009. Dirigée par un ancien de Top Image Systems, elle cible les PME ou les départements de grands comptes avec des applications de Ged principalement basées sur le logiciel Onbase édité par Hyland Software. Même intérêt pour ce marché qui devient celui de « la capture intelligente de documents » pour l’éditeur IMDS. Les deux fondateurs de ce groupe viennent de créer une société dédiée, IMDS SAS, à Paris, pour se consacrer à ce marché jugé en pleine expansion. Ils cèdent leurs activités d’éditique considérant que « ce marché est désormais mature en Europe ».

sortie de crise

Autre approche, si l’on cherche à mesurer la santé de ce secteur à l’aune des salons professionnels, la tonalité optimiste demeure malgré quelques bémols. Le Forum des acteurs numériques est un endroit atypique. Il s’agit probablement du seul salon professionnel où les exposants ont le sourire. Lors de l’édition 2009 qui s’est tenue au mois de septembre dernier, les conversations portaient plus sur les nouveaux projets que sur la crise économique. En écho, une note publiée quelques semaines plus tard par l’Institut national de la statistique et des études économiques estimait que l’année 2009 finissait mieux qu’elle n’avait commencé : « Le climat conjoncturel continue globalement de s’améliorer ». Mieux, « la sortie de récession s’est précisée dans la plupart des pays avancés ». Pour 2010, l’INSEE esquisse un scénario plutôt favorable à la France en la plaçant dans le groupe des pays en reprise. Pour autant, cette reprise est qualifiée de laborieuse et elle touche de façon inégale les différents secteurs économiques. Si l’activité des services soutient l’économie de façon continue, l’industrie connaît une décélération et le marché de l’immobilier semble encore faible.

prix tirés vers le bas

Du côté des Tic, l’optimisme est de rigueur… si l’on en croit une étude de l’OCDE : « Un redressement soudain des ventes mondiales d’équipements en technologies de l’information et de la communication en mai et juin laisse à penser que le secteur des Tic est peut-être arrivé à un tournant et sur la voie de la reprise ». L’OCDE pêcherait-elle par optimisme ? À en croire certains éditeurs de logiciel, la situation est bien plus dégradée que ce qu’affirment les économistes internationaux : « Nous ne sommes pas sortis de la crise, constate Henri Noat, le directeur de Sesin, éditeur de solutions de gestion documentaire ; le marché des collectivités locales est en nette baisse. La taille moyenne des projets diminue et la concurrence est très dure. Quant au marché de l’industrie, s’il se porte mieux en particulier au niveau des clients aéronautiques, les prix sont tirés vers le bas ». À ce jour, Henri Noat ne déplore pas une baisse du chiffre d’affaire de Sesin mais reconnaît que les contrats sont difficiles à obtenir. embauche Du côté de l’éditeur Azur Technology, le constat est moins pessimiste : « Nous n’avons pas trop souffert de la crise économique assure le PDG Jean-Louis Sadokh; probablement parce que nous avons élargi notre gamme de produits [Ged, Lad, BPM…]. Si nous avions conservé la seule activité Ged, nous aurions certainement pris la crise de plein fouet ». Grâce à l’activité Lad, l’éditeur a pu tirer son épingle du jeu. Résultat : Azur Technology devrait voir son chiffre d’affaires approcher les 5 millions d’euros pour l’année 2009 contre 4,2 millions en 2008.

Avec, à la clé, l’embauche de 10 personnes tout au long de l’année dernière. Jean-Louis Sadokh reconnaît tout de même que certains de ses clients cherchent à faire baisser les prix. Une demande que l’éditeur a entendue puisqu’il a revu à la baisse le prix de certaines de ses prestations. En revanche, pas question de baisser le prix des licences des logiciels. Quant à l’avenir, Jean-Louis Sadock dispose d’une visibilité sur les six premiers mois de 2010 : « À ce jour, nous avons signé des contrats pour le premier trimestre ; en ce qui concerne le second trimestre, nous attendons de voir… ». Pour conjurer le sort, Azur Technology a décidé de favoriser la distribution indirecte de ses licences en nouant des accords avec de nouveaux partenaires. Objectif : être présent dans des régions où l’éditeur n’est pas encore représenté ainsi qu’à l’international en particulier dans des pays de l’Union européenne.

 

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