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Maya, un ours des Pyrénées de 186 kg, élit domicile dans une bibliothèque

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    Maya, la nouvelle mascotte de la bibliothèque de Loudenvielle. (CJO/Archimag)
  • Cela fait maintenant deux mois que Maya, la fille de l'ours slovène Hvala, a officiellement emménagé et circule librement au sein de la bibliothèque de Loudenvielle. La fréquentation de l'établissement atteint des sommets.

    La commune de Loudenvielle (Hautes-Pyrénées) aurait-elle trouvé une réponse commune à la crise des publics en bibliothèques et à la sauvegarde des ours des Pyrénées ? La présence de Maya, cinq ans, dans les couloirs de l'établissement semble en témoigner. Car cette femelle ours de 186 kg a fait de la bibliothèque son nouveau territoire depuis le 1er février dernier, date à laquelle le maire de la commune a accepté de l'y installer. 

    Caverne artificielle

    "Il a fallu élargir les allées entre les rayonnages pour lui laisser la place de passer, explique Martine Lacaze, bibliothécaire de l'établissement ; surtout, nous avons installé et fixé des troncs d'arbres artificiels aux quatre coins de la salle principale pour qu'elle puisse s'y frotter. Les premiers jours, elle nous a fait de belles frayeurs en se grattant contre les étagères". Placide et docile, Maya ne semble pourtant guère s'intéresser aux ouvrages qui l'entourent, préférant se promener entre les rayonnages ou faire la sieste à côté du bureau des bibliothécaires. Une caverne artificielle a été accolée à l'établissement et reliée par une entrée spéciale qui lui est entièrement réservée. Telle une chatière, elle permet à Maya d'entrer dans la bibliothèque quand bon lui semble, et de partir se reposer quand l'animation du public la fatigue.

    Fille de la slovène Hvala

    L'emménagement de Maya a été réalisé sous le regard expert d'une équipe de vétérinaires spécialisés qui la connaissait depuis longtemps. En effet, Maya est la fille de Hvala, une femelle slovène introduite dans les Pyrénées en 2008 conformément au plan de restauration et de conservation de l'ours brun en France établit entre 2006 et 2009. Née avec une malformation de ses deux pattes avant, l'ourse n'aurait pourtant jamais pu survivre seule dans la montagne. Surtout, la mobilisation autour des ours des Pyrénées suite à la mort médiatisée de Cannelle, en 2004, a obligé la région à réfléchir à de nouvelles options de préservation de l'animal, auquel elle voue un culte ancestral. La commune de Loudenvielle, qui connaissait ces dernières années une chute vertigineuse de la fréquentation de sa bibliothèque, a choisi cette solution radicale, qui semble convenir à tous, pour la relancer.

    240 000 euros annuels de racines et de baies

    Le budget de l'établissement a été totalement repensé. Car nourrir une femelle ours implique de dégager, chaque mois, près de 20 000 euros de "frais de bouche". Aucun danger pour les enfants qui la côtoient, puisque l'ours brun des Pyrénées est omnivore à nette dominante végétarienne. Un camion vient donc chaque jour livrer plusieurs sacs de racines et de  baies pour la nourrir. Cet automne, et ce afin de s'adapter à son régime alimentaire d'origine, il faudra compléter cette livraison avec plusieurs sacs de fruits secs (glands, châtaigne). Trois personnes, formées au dressage des ours et aux soins qu'ils nécessitent, se relaient chaque jour pour s'occuper de cet étonnant pensionnaire.

    Le zoo, pour une bibliothèque troisième lieu

    Si les usagers de l'établissement ont d'abord été surpris, voire impressionnés et craintifs, en découvrant la nouvelle occupante des lieux, ils sont aujourd'hui ravis de la croiser à chaque visite. "Lorsque nous rapportons un livre à la bibliothèque, c'est comme si nous nous rendions au zoo, explique Vanessa, une mère de famille ; les enfants avaient un peu peur au début, c'est vrai, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ils réclament même Maya à l'école !".

    Le personnel de la bibliothèque reconnaît tout de même avoir dû gérer de petits incidents après l'arrivée de Maya, notamment lorsque les pleurs d'un petit garçon apeuré ont effrayé l'animal. Celui-ci se serait énervé, dressé sur ses pattes arrières, et aurait renversé une étagère ; ces quelques épisodes sont néanmoins restés sans grandes conséquences, puisqu'il a été demandé aux parents des enfants perturbateurs de ne plus fréquenter l'établissement le temps que la mascotte des lieux s'habitue.

    Fréquentation multipliée par vingt

    Les exemples de chats ayant élu domicile dans les bibliothèques, pour le plus grand plaisir des usagers, foisonnent. Si personne n'avait imaginé jusque-là les transformer en zoo, de tels phénomènes participent à l'évolution des établissements publics vers un modèle de "troisième lieu" boostant leur fréquentation. Loudenvielle ne fait pas exception, puisque la petite commune peut s'enorgueillir aujourd'hui d'avoir multiplié par vingt sa fréquentation en l'espace de quelques mois. Plusieurs directeurs de bibliothèques départementales de prêt ont annoncé se rendre prochainement à Loudenvielle pour recueillir le retour d'expérience des professionnels du lieu.

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