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Le marché de l'archivage dopé par le numérique

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    La quasi-totalité des acteurs historiques de l'archivage papier s'est engagée dans la prestation d'archivage électronique (Pexels / Pixabay)
  • Le marché français de l'archivage ne connaît pas la crise avec un quasi-doublement de son chiffre d'affaires depuis dix ans. Une performance qui s'explique par l'archivage numérique et la diversification des prestations commercialisées par les principaux acteurs du secteur.

    « Peu de marchés ont encore comme la France sept à huit acteurs nationaux... », explique Arnaud Revert, PDG d'Iron Mountain France, dans un entretien récemment accordé à Archimag. Optimiste, le géant mondial de la gestion de documents mise sur un chiffre d'affaires de 90 à 92 millions d'euros pour 2017 sur le seul marché français.

    Cette perspective à la hausse intervient un an après le rachat de Recall avec une conséquence immédiate : le data center de Recall, naguère situé à Londres, va être prochainement relocalisé en France. Et d'ici 2020, Iron Mountain a pour ambition de hisser à 10 % de son chiffre d'affaires la part provenant d'innovations autres que les prestations habituelles d'archivage.

    Même son de cloche pour le Groupe Everial qui,

     après avoir procédé au rachat de Knowings, élargit le périmètre de ses activités. Historiquement présent sur le marché de l'archivage physique, Everial intervient depuis plusieurs mois sur l'externalisation des processus, la numérisation et la gestion électronique de documents collaboratifs. « Nos solutions de Ged offrent désormais des fonctionnalités de fouille de texte et  d'extraction d'informations pour activer des workflows ou des automates de rangement, nous expliquait Patrick Michels, directeur marketing lors du salon Documation de 2016 ; nous poursuivons nos investissements avec nos ingénieurs, nos développeurs, nos designers et même des ergonomes pour proposer des outils toujours plus faciles à prendre en main ! »

    Et les autres tiers-archiveurs de la place (Novarchives, Pro Archives Systèmes, SGA...) embellissent eux aussi leurs prestations.

    1,2 milliard d'euros en 2018

    Selon une étude SerdaLab consacrée au marché du management de l'information (2), le chiffre d'affaires de l'archivage ne connaît pas la crise. En dix ans, il montre une très forte tendance haussière ininterrompue en passant de 652 millions d'euros (2006) à près de 1,1 milliard en 2014. Soit un quasi-doublement en l'espace d'une décennie !

    Et ce n'est pas fini. Une projection à 2018 estime le marché à 1,2 milliard d'euros... Ce chiffre d'affaires recouvre toutes les activités liées à l'archivage : les prestations d'archivage physique ou électronique, bien sûr, mais aussi la production de logiciels de gestion d'archives et de records management, la destruction de documents, les fournitures pour la conservation, le mobilier et le matériel d'archives... 

    Dans le détail, tous ces segments ne sont pas logés à la même enseigne. Le segment « mobilier et matériel d'archives » est celui qui génère le plus important chiffre d'affaires avec 392,6 millions d'euros (en 2014). En baisse tout de même de 4,3 % par rapport à l'année précédente, il représentait des effectifs évalués 1 577 personnes en 2014.

     L'archivage électronique, pourvoyeur d'emplois

    Deuxième segment le plus rémunérateur, la prestation d'archivage électronique représentait un chiffre d'affaires de 349,7 millions d'euros en 2014, soit une forte hausse de 7,89 % par rapport à 2013. C'est également l'activité la plus pourvoyeuse d'emplois avec 2 219 personnes.

    À la lumière de ces chiffres, il n'est donc pas étonnant de voir que la quasi-totalité des acteurs historiques de l'archivage papier s’est engagée dans la prestation d'archivage électronique. En réalité, presque tous sont désormais en mesure de commercialiser des prestations d'archivage mixte (papier et électronique).

    Régulièrement, les acteurs du marché annoncent l'ouverture de nouveaux centres de données (data centers) pour faire face aux demandes croissantes des organisations.

    L'archivage physique, quant à lui, résiste bien en dépit de la révolution numérique. En 2014, son chiffre d'affaires était estimé à 275,8 millions d'euros, soit une hausse de 2,81 % par rapport à l'année précédente. Ses effectifs sont estimés à 1 965 employés. L'objectif « zéro papier » proclamé depuis une quinzaine d'années maintenant semble avoir du plomb dans l'aile...

    Les entreprises continuent de produire du papier pour le plus grand bonheur des tiers-archiveurs. Rappelons également que depuis la loi du 15 juillet 2008, les archives publiques courantes et intermédiaires peuvent être externalisées auprès de prestataires privés pourvu que ceux-ci aient obtenu un agrément délivré par le Service interministériel des archives de France (SIAF). Nul doute que ce bouleversement a permis aux prestataires de trouver un relais de croissance non négligeable.

    Loin derrière, les fournitures dédiées à la conservation de documents ont généré un chiffre d'affaires de 33,3 millions d'euros pour des effectifs estimés à 143 personnes. Le segment des logiciels de gestions d'archives et de records management représente pour sa part un chiffre d'affaires de 26,6 millions d'euros et un total de 218 emplois. Quant à l'activité de destruction de documents, son chiffre d'affaires s'élève à 20,7 millions d'emplois (en forte baisse de 7,07 % entre 2014 et 2013) pour une jauge de 258 emplois.

    Profitabilité forte, profitabilité faible

    De tous ces segments, deux peuvent se prévaloir d'un fort potentiel de « profitabilité » que l'étude SerdaLab définit ainsi : pourcentage de bénéfice par rapport au chiffre d’affaires (au-dessus de la moyenne du secteur, identique ou en dessous). À commencer par l'activité d'archivage électronique : « Ce segment est en pleine progression : chiffre d’affaires, bénéfices. Il participe à la digitalisation massive du marché dans les secteurs technique, administratif comme celui de la santé ».

    C'est également le cas de la production de logiciels qui est en croissance à tous les niveaux avec une progression du chiffre d’affaires et la préservation d’un taux élevé de bénéfice. Mais l'étude appelle à la prudence : « Attention ! Le segment est le fait de petites entreprises et le besoin d’effort d’innovation est élevé. La vigilance est de mise ici ». 

    En revanche, deux segments voient leur profitabilité décroître. Celui de la destruction de documents d'abord : « Le segment voit croître son chiffre d’affaires, mais garde une profitabilité dégradée. Ici, la traduction d’une dématérialisation qui bascule vers la digitalisation induit l’élimination physique des documents papier ». Celui des fournitures dédiées à la conservation ensuite qui pâtit directement de la dématérialisation documentaire avec « une baisse tendancielle du chiffre d’affaires et une chute du bénéfice ».

    Une croissance à deux chiffres pour l'archivage électronique

    Pour Cédric Bouygues, directeur général de Locarchives, le basculement du papier vers le numérique est devenu une réalité incontestable : « L'archivage physique marque nettement le pas. Les activités numériques prennent le relais, avec notamment l'archivage électronique qui connaît une croissance à deux chiffres, la numérisation et plus largement les solutions de dématérialisation ».

    Le tiers-archiveur qui célèbre cette année ses quarante ans va donc poursuivre le lancement de « solutions verticales qui répondent aux besoins spécifiques de chaque métier et secteur d'activité : finance, ressources humaines, santé, immobilier, juridique, secteur public... » Plusieurs « thèmes structurants » sont au coeur de la stratégie de l'entreprise : dématérialisation, numérisation fiable, signature électronique, gestion électronique de documents...

    Et à l'instar de ses concurrents, Locarchives renforce sa politique de recherche et développement afin de s'adapter aux nouveaux usages du numérique dans le domaine de l'archivage. 

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