Manuels scolaires numériques : pommes de discorde entre collectivités et éditeurs

  • 286 Actu manuels scolaires num CJO tw.jpg

    Un manuels scolaire numérique coûte entre 4 et 6 euros par an et par élève. (Pixabay/jarmoluk)
  • Le fossé semble se creuser entre les collectivités et les éditeurs de manuels numériques. Campant sur leurs positions, les deux groupes avancent leurs arguments, sans réussir à s'entendre.

    Le contexte

    Les rencontres de l'Orme, qui se sont déroulées les 20 et 21 mai derniers à Marseille, est un grand rendez-vous dédié aux nouvelles pratiques du numérique dans l'éducation. S'y croisent chaque année des responsables d'éducation, des professionnels de la formation, des représentants de collectivités, des chercheurs, des enseignants, etc. Bref, la crème de la crème des professionnels du domaine.

    Cette dernière édition a été animée par de nombreux échanges houleux entre les éditeurs de manuels scolaires numériques (Hatier, Hachette, BrainPop, Lelivrescolaire.fr, etc) et les représentants des départements des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes.

    Pourquoi les collectivités grognent-elles ?

    • Pour des questions de coût : selon elles, un manuel numérique (entre 4 et 6 euros par an et par élève) devrait être beaucoup moins cher que son équivalent papier car ils ne nécessitent ni impression, ni frais de transport et encore moins de stockage.
       
    • Pour des questions techniques : selon les collectivités, chaque éditeur (parfois même au sein d'un même groupe) dispose de son propre format de lecteur. Des particularités entraînant nombre de procédures complexes et longues pour les établissements, qui seraient obligés de faire appel à un technicien pour télécharger chaque ouvrage (il faudrait d'après elles télécharger d'abord une trentaine de lecteurs avant de passer au téléchargement du livre). 
       
    • Pour des question d'organisation : les collectivités affirment que ces particularités entre éditeurs rendent l'utilisation de leurs manuels numériques compliquée pour les élèves. En effet, ils doivent disposer d'un code pour accéder à chaque ouvrage. Imaginez donc le nombre de mots de passe que chaque élève doit retenir...
       
    • Pour des questions de pédagogie : selon les collectiviés, ces manuels enrichis de multiples ressources sont beaucoup trop lourds (environ 1Go de mémoire) pour que tous ceux dont l'élève a besoin sur l'année soient installés sur sa tablette. Certains établissements contournent la difficulté en proposant simplement des reproductions PDF de manuels papier, bien plus "légers". Mais dans ce cas, l'élève ne dispose plus de ressources pédagogiques supplémentaires (il faut alors aller les chercher sur internet avec les problèmes de connexion éventuels et de codes d'accès que cela implique).

    La réponse des éditeurs 

    • Le prix d'un manuel numérique ne peut être baissé : car selon les éditeurs, ce qui coûte le plus cher pour fabriquer un manuel numérique c'est le travail de création, et donc l'investissement de base.
       
    • Proposer le format universel ePub est impossible : selon eux, ce format ne dispose pas des fonctionnalités nécessaires pour offrir des ressources pédagogiques supplémentaires à l'ouvrage, et qui constituent pourtant leur réelle plus-value sur le papier. 
       
    • Impossible de supprimer les codes d'accès : d'après les éditeurs, le droit d'auteur oblige l'acheteur à s'identifier. Des simplifications seraient toutefois possibles via les ENT (environnement numérique de travail), commun à plusieurs établissements.

    Balle au centre

    Chacun campe donc sur ses positions. D'un côté, les collectivités s'interrogent finalement sur la réelle volonté des éditeurs de vendre leurs manuels numérique, tant ils ne font rien pour convaincre les établissements et simplifier l'utilisation de ces nouveaux outils. De l'autre, les éditeurs affirment que le réel problème en la matière est l'absence de marché. Selon eux, les usages seraient microscopiques à l'échelle de la France et ne récompensent pas suffisamment les lourds investissements qu'ils mettent dans le numérique. Qui de la poule ou de l'oeuf, chacun se renvoie donc la balle.

     

    À lire sur Archimag
    Les podcasts d'Archimag
    La photographie possède un pouvoir fascinant : celui de capturer un instant et de le figer pour l’éternité. Elle raconte des histoires, qu’elles soient personnelles ou collectives, qui traversent le temps et façonnent notre passé, notre présent et notre futur. C’est pourquoi les albums de famille jouent un rôle si important dans la construction de nos souvenirs. Mais avec l’avènement de l’intelligence artificielle générative, capable de créer des images de plus en plus proches de la réalité, une question se pose : comment cette technologie va-t-elle influencer notre mythologie familiale ? Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie, explore depuis longtemps nos relations avec les technologies. En cherchant à recréer une photographie de son enfance, il s’est intéressé aux liens entre mémoire, photographie et intelligence artificielle. Il revient sur l’origine de son livre "Le jour où j’ai tué mon frère - Quand l’IA fabrique la photographie de nos souvenirs", publié aux Éditions Lamaindonne.

    sponsoring_display_archimag_episode_6.gif