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Ces métiers qui surfent sur la vague de l'IA

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    Pour éviter les scandales et établir des garde-fous, les éthiciens de l’IA font partie des métiers émergents. (freepik/microone)
  • Boostée par la démocratisation de l’intelligence artificielle (IA) générative, la vague de l’IA déferle sur les organisations. Avec elle, la chasse aux compétences est ouverte ! Quels sont les métiers qui ont le vent en poupe ? Et quels nouveaux profils croisera-t-on bientôt à la machine à café ? Réponses.

    enlightenedCET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°373
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    Le point de bascule a été la mise à disposition de ChatGPT 3 d’Open AI, en novembre 2022. La puissance de l’outil, comme celle des autres apparus depuis, interpelle et fait couler beaucoup d’encre.

    Depuis, chacun veut développer sa solution ou l’enrichir à base d’IA et d’IA générative, ou encore utiliser leurs performances pour optimiser son travail. Mais cette tempête de prompts et de nouveaux paradigmes fait aussi des victimes, certaines entreprises ayant décidé d’adopter l’IA au détriment de leurs propres collaborateurs. De quoi se questionner sur la valeur de l’humain et des métiers

    D’un côté, de nouveaux profils émergent. Certains, légitimes, accompagnent les (nouveaux) besoins des organisations. Sur LinkedIn, des coachs ChatGPT autoproclamés et autres dompteurs d’IA envahissent aussi les fils d’actualité, proposant leurs services à qui souhaite "augmenter sa productivité" ou "gagner 3 000 euros sans quitter son canapé". Profitant de la "hype", certains métiers disparaissent aussi vite qu’ils naissent. De l’autre, certains métiers se voient déjà transformés par la démocratisation de l’IA.

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    Concevoir et développer

    Parmi les métiers portés par la vague IA, les spécialistes de la conception et du développement de l’IA ont le vent en poupe. C’est le cas par exemple de l’ingénieur en intelligence artificielle, qui allie sciences humaines et sciences de l’ingénieur. De son côté, avec ses compétences en mathématiques, en statistiques et en probabilités, l’ingénieur machine learning imagine des modèles d’apprentissage automatique, tandis que l’architecte de données va optimiser la collecte et le stockage de données.

    La palette de métiers est large et s’adapte à beaucoup de domaines différents : industrie, fintech, deep tech, santé, retail, associatif… C’est à cette précieuse catégorie qu’appartiennent aussi les data scientists. Leur rôle est crucial pour l’IA, car ce sont eux qui préparent et analysent les données afin d’assurer le bon fonctionnement des modèles. Très demandés, ils valent leur pesant d’or : début 2024, le site Data recrutement estimait que les data scientists perçoivent entre 65 et 82 K euros par an de salaire en Île-de-France (environ - 12 % en province).

    Analyser et interpréter les data

    La qualité et la pertinence des données vont largement peser dans la finesse des outils développés. Plusieurs profils existent dans cette grande famille de métiers, parmi lesquels les analystes de données, les analystes en IA, les business analystes et autres spécialistes de la datavisualisation.

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    À 26 ans, Lauriane Jedyna est data miner chez SNCF Connect & Tech. La filiale privée de SNCF Voyageurs dispose aussi bien d’une activité de e-commerçant et de distributeur de mobilité durable que d’une orientation "tech" en tant que créateur de produits. "Mon rôle consiste à faire des études de connaissances clients : analyse de comportement et de la donnée, traitement et interprétation", explique Lauriane Jedyna. "Que font nos utilisateurs, quels sont leurs usages, etc. Le but est de mieux les connaître pour leur proposer les services et les fonctionnalités les plus adaptés".

    La formation de cette jeune data miner a débuté avec un DUT STID (statistique et informatique décisionnelle), et s’est poursuivi à l’Ensai Rennes, une école d’ingénieur spécialisée dans la science de la donnée.

    Gouvernance et éthique de l’IA

    La gestion du "séisme" IA n’est pas en reste. Les profils techniques ne sont pas les seuls à se déployer pour dompter son intensité et les diverses répercussions qu’il peut causer.

    Ici, les responsables de la conformité, les avocats et les juristes spécialisés sont les bienvenus. Le très recherché Chief data officer (CDO) est au cœur de la gouvernance de la data et de la transformation numérique des organisations.

    Pour éviter les scandales et établir des garde-fous, les éthiciens de l’IA font partie des métiers émergents. Marie Couvé est indépendante et s’est spécialisée dans ce domaine. Après un diplôme obtenu en école d’ingénieur et trois ans passés dans une entreprise de consulting, elle intègre une start-up qui la pousse à se questionner sur les enjeux éthiques de l’IA.

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    Avec le boom de ChatGPT, ses convictions se confirment. "Ce sont souvent les directions RSE qui se saisissent de ce sujet", observe-t-elle. La AI ethical propose ses services aux entreprises, mais aussi aux associations pour des ateliers de sensibilisation. "De plus en plus d’entreprises ont une sensibilité éthique et essaient de s’emparer du sujet. Cela vient aussi beaucoup des employés". Si les défis moraux ou environnementaux sont bien présents, il reste encore du chemin à faire…

    Interaction entre l’homme et la machine

    Dans le domaine de l’IA, on ne se demande pas s’il faut "séparer l’homme de la machine", mais plutôt "comment les faire cohabiter ?". Et les spécialistes de cette catégorie sont de plus en plus courtisés.

    C’est le cas des cogniticiens (ou ingénieurs spécialisés en sciences cognitives), les managers homme-machine ou encore les chefs de projet chatbot. Clément Lacaille a monté sa propre entreprise. Avec son associé, il propose aussi bien des services de prompt engineering, de conseil, que des formations. "Nous cherchons des solutions pour avoir un impact concret sur les organisations", détaille Clément Lacaille. "Nous nous questionnons aussi sur la meilleure façon de discuter de façon "technique" avec des personnes qui ne sont pas du domaine ainsi que sur les rejets de l’IA au sein de l’entreprise".

    De son côté, Lionel Louis est prompt engineer et développeur no-code à son compte. Il constate que la croissance des "solopreneurs" (travailleurs indépendants) profite à l’épanouissement de la discipline. L’optimisation ou encore l’automatisation grâce à l’IA et l’IA générative sont des compétences recherchées.

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    Cet aperçu des (nouveaux) métiers de l’IA n’est pas exhaustif et un grand nombre de profils techniques, opérationnels et "philosophiques" gravitent autour de ces technologies. Mais alors, faut-il faire preuve d’optimisme ou de pessimiste concernant les effets de l’IA sur le marché de l’emploi en France ?

    Selon la Commission de l’intelligence artificielle, qui a remis son premier rapport au gouvernement le 13 mars dernier, la diffusion de l’IA sera créatrice d’emplois dans d’anciens et de nouveaux métiers. Elle suggère "un effet positif de l’IA sur l’emploi dans les entreprises qui adoptent l’IA, car celle-ci remplace des tâches, et non des emplois". Selon la Commission, l’IA serait incapable d’accomplir certaines missions de 95 % des emplois. Pour les 5 % restants, elle suggère un accompagnement des pouvoirs publics.

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