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Yannis Dubois, transfuge de classe devenu "archive producer"

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    Yannis Dubois est recherchiste au sein de la société Le Chaînon manquant. (DR)
  • Au sein de la société Le Chaînon manquant, Yannis Dubois passe ses journées à explorer les archives audiovisuelles, à sonder les bases de données et à démêler l’écheveau du droit d’auteur. Retour sur le parcours de ce recherchiste, incollable sur la culture audiovisuelle.

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    Sur le site de son employeur, une fiche le décrit comme "un footballeur et un cinéphile qui a enfin réussi à choisir entre Godard et Truffaut". Un même intérêt pour le sport et la culture qui signe les personnalités curieuses de tout et qui s’affranchissent des jugements hâtifs.

    Au sein de la société Le Chaînon manquant, Yannis Dubois est recherchiste. Autrement dit, il passe ses journées à explorer les archives audiovisuelles, à sonder les bases de données et à démêler l’écheveau du droit d’auteur. Objectif : identifier des détenteurs de droit et fournir des archives aux sociétés de production, qu’il s’agisse de cinéma ("OSS 117", "L’Affaire Fourniret"…) de documentaires ou d’expositions.

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      "C’est un métier qui demande beaucoup de débrouillardise et une forte dose de curiosité intellectuelle !", explique-t-il. "C’est important d’être bien formé, mais on apprend également beaucoup sur le tas entre les recherchistes et les juristes qui composent l’équipe".

      Premier choc littéraire

      Incollable sur la culture audiovisuelle, Yannis Dubois a passé sa jeunesse à Louhans, une commune de Saône-et-Loire qui ne manque pas de charme, mais dont les activités culturelles sont sous-dimensionnées pour un adolescent qui rêve de cinéma, de théâtre et d’écriture.

      Alors qu’il était à deux doigts d’intégrer le centre de formation de l’équipe de Louhans-Cuiseaux en tant que gardien de but, il effectue à quatorze ans un stage d’observation à Radio Bresse. Un animateur le remarque et lui dit : "tu as un truc, continue…".

      Il lui faut cependant surmonter l’embarras des origines sociales modestes et d’une culture restreinte à quelques chaînes de télévision : "je suis un transfuge de classe", estime-t-il aujourd’hui. "J’ai progressivement découvert un univers culturel qui m’a ébloui. Un jour, un professeur m’a fait découvrir une pièce de théâtre de Bernard-Marie Koltès, "La Nuit juste avant les forêts". Ce fut mon premier choc littéraire".

      De l’Ina Sup à TF1

      Le baccalauréat en poche, il débarque à Montpellier pour y suivre des études supérieures de cinéma et intégrer le conservatoire. Au milieu de camarades cultivés, son statut de transfuge de classe lui saute aux yeux une nouvelle fois. Il passe des heures entières à la médiathèque pour y emprunter des disques, des films et des livres.

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      2010 marque son installation à Paris. Yannis Dubois s’inscrit à l’Université Paris-VII pour suivre un master sur les archives qu’il complète par une formation de documentaliste multimédia à l’Ina Sup. Son stage en alternance se déroule à TF1, où il indexe les journaux télévisés pour créer des séquences qui seront réutilisées ultérieurement. De cette expérience au sein de la première chaîne de télévision européenne, il garde un excellent souvenir humain, loin de ses préjugés d’antan.

      En 2013, il intègre Le Chaînon manquant : "je revendique le titre d’"archive producer"", explique-t-il ; "car mes missions sont nombreuses et ont une dimension financière, notamment lorsque je négocie le prix des archives pour nos clients. Dans le monde anglo-saxon, notre nom apparaît au générique juste après celui du réalisateur. En France, nous manquons malheureusement de visibilité…"

      Il like

      • Son film préféré : "Rocco et ses frères", de Luchino Visconti, pour le plaisir du spectateur comme pour celui de l’universitaire. Tout y est : la mise en scène, la musique de Nino Rota, les acteurs beaux et merveilleux, l’Italie éternelle, l’histoire sociale italienne et l’apothéose du néoréalisme.
      • Sa chanson préférée : "Somewhere over the rainbow" (version Israel Kamakawiwo’ole) : tout le monde trouve cette chanson triste, moi je la trouve merveilleuse, douce et délicate. Elle me fait du bien, un peu comme un bonbon au miel en cas de mal de gorge. J’ai même acheté un ukulele pour la rejouer chez moi.
      • Sa ville préférée : Saint-Pétersbourg. J’y suis allé durant la coupe du monde 2018 et j’ai découvert le principe de la nuit blanche, lorsque le soleil ne se couche pas complètement. Mais j’ai hésité avec Paris, Rome et Montpellier (cherchez l’intrus !).
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