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Anne Lebel, directrice des Archives du monde du travail, archiviste au long cours

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    C’est en furetant dans l’armoire de sa grand-mère que l’actuelle directrice des Archives nationales du monde du travail (ANMT) attrape à dix ans le virus de l’histoire et des documents anciens. (DR)
  • Qui est Anne Lebel, directrice des Archives nationales du monde du travail de Roubaix (département du Nord) depuis juillet 2016 ? Portrait d'une archiviste qui a très tôt entendu l'appel du large.

    Roubaix n'est qu'à une heure de la mer et pourtant, Anne Lebel n'a jamais vécu aussi loin d'un littoral. Depuis la presque île de Penmarc'h, dans le Finistère Sud, où elle a grandi, jusqu'à l'outre-mer en passant par Dunkerque, cette « fille de la mer » a toujours réussi à conjuguer l'intérêt des postes qu'elle a occupés avec l'appel du large qui la guide depuis toujours.

    C'est en furetant dans l'armoire de sa grand-mère, dans laquelle elle découvre des archives remontant au 18e siècle, que l'actuelle directrice des Archives nationales du monde du travail (ANMT) attrape à dix ans le virus de l'histoire et des documents anciens. Fascinée, elle décidera d'en faire son métier, qu'elle découvrira réellement aux Archives municipales de Saint-Brieuc.

    « Je réalise aujourd'hui à quel point les premières expériences sont décisives pour trouver le juste équilibre entre les contraintes qui pèsent sur le monde du travail, que l'on découvre alors, avec nos idéaux de début de carrière, explique Anne Lebel ; c'est une période où notre volonté de bien faire, notre éthique et la reconnaissance que l'on mérite sont bien souvent ébranlés. Cela peut être une vraie douche froide ».

    De Saint-Brieuc, la jeune archiviste part ensuite en Guyane pour occuper le poste de directrice adjointe des Archives départementales. Si professionnellement, Anne Lebel retient de cette expérience un profond sentiment d'isolement, loin de son réseau et de ses pairs, c'est surtout la découverte de l'histoire ultra-marine et des cultures locales qui enrichiront ces trois années :

    « Elles m'ont complètement fasciné au point que j'y retourne régulièrement », confie-t-elle. 

    En mode projet

    Après Cayenne, direction Dunkerque pour la création d'un service d'archives territoriales. Nous sommes alors en 1999, juste après le vote de la loi Chevènement (loi du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale), et Anne Lebel y passe alors des années passionnantes :

    « Ce furent cinq ans de réflexion en mode projet, se souvient-elle ; il y avait tout à bâtir autour de ce nouveau concept d'archives d'agglomérations. C'était novateur ! »

    Poursuivie toute sa carrière par l'aménagement ou la construction de bâtiments d'archives, c'est également à Dunkerque qu'Anne Lebel entamera les réflexions sur l'installation des archives d'agglomérations dans un ancien bâtiment industriel désaffecté :

    « En Guyane, j'avais été confrontée à des conditions de conservation inadaptées, explique-t-elle ; j'arrivais donc avec ce recul ! »

    Cette passionnée de voyages s'envole ensuite pour à Mayotte. Elle a alors quatre ans pour construire les Archives départementales, depuis le projet de bâtiment jusqu'au service, en passant par l'accompagnement de l'administration.

    « Ce furent là aussi des années passionnantes et intensives, explique-t-elle ; avec pour spécificité locale une culture orale si forte que j'ai créé là-bas deux sections, une pour les archives orales et une autre pour les archives dites écrites ». 

    De Mayotte à Roubaix

    De Mayotte, Anne Lebel prend ensuite la direction de la Guadeloupe, où elle passera huit années marquées par la construction de l'extension du bâtiment des Archives départementales, très longues.

    « Je retiens également de cette expérience des relations étroites avec les universitaires qui travaillent sur l'histoire de l'esclavage ou du colonialisme, explique-t-elle ; des sujets encore à vif, comme des plaies non refermées, auxquels les archives doivent contribuer ». 

    Aujourd'hui, c'est à Roubaix que nous retrouvons Anne Lebel, où elle a pris la direction des ANMT en juillet dernier. Et ce n'est pas un hasard si ce poste a retenu son attention, puisque l'archiviste, qui avait déjà travaillé et publié sur l'histoire des luttes sociales à ses débuts, avait alors envie de s'intéresser à un thème qui la passionne depuis toujours : le monde du travail.

    « J'ai l'impression de boucler la boucle en revenant aux sujets de ma jeunesse », s'amuse-t-elle.

    Enthousiasmée par le projet des Archives de France de refonder les ANMT tout en leur donnant une visibilité et une place sur le territoire national, Anne Lebel prend sa nouvelle mission très à coeur :

    « J'en reviens toujours à ce que j'aime faire : réfléchir à des projets d'avenir », conclut-elle.


    Elle like :

    • Sa destination préférée ? Ce serait un voyage que je n'ai pas encore fait, le Laos ou l'Éthiopie par exemple. Je rêve aussi du Yémen, mais le contexte actuel ne le permet pas. 
    • Son littoral préféré ? La Bretagne Sud, bien sûr... et surtout le sud Finistère !
    • Sa musique préférée ? La musique celtique, qui peut être déclinée dans tous les styles de musique.
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