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24 heures dans la vie d'une veilleuse scientifique

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    La cellule de veille scientifique du Centre de ressources technologiques est également amenée à répondre à des demandes externes dans le cadre de partenariats. (Jcomp/Freepik)
  • L’information scientifique revêt un caractère critique pour les organisations qui évoluent dans les domaines technologiques. Témoignage d’une veilleuse scientifique spécialiste du végétal.

    enlightened CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°371
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    veille_scientifique_dessin_vince-presse.jpgBiologie moléculaire, biologie cellulaire, pathologie végétale, biochimie… Autant de domaines où l’improvisation n’est pas de mise. Situé à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), le Centre de ressources technologiques (CRT) Vegenov propose des services de recherche appliquée aux entreprises des filières végétales : semenciers, entreprises développant des biosolutions, filières de production agricoles, entreprises agroalimentaires…

    Le CRT travaille sur plus d’une cinquantaine d’espèces de tout type : céréales, oléagineux, protéagineux, fruits, légumes, plantes horticoles, herbes aromatiques et médicinales… Il accompagne les entreprises sur trois volets : la traçabilité et l’amélioration des plantes, l’évaluation de biosolutions pour la protection et la nutrition des cultures et l’analyse de la qualité sensorielle et nutritionnelle des productions végétales.

    Pour mener à bien ses missions, la veille scientifique apparaît comme une brique indispensable pour Vegenov qui fait office d’interface entre la recherche académique et les entreprises agricoles : "lorsque l’on fait de la recherche et que l’on doit développer de nouveaux protocoles, il est indispensable de suivre l’actualité scientifique, car les technologies évoluent à un rythme très soutenu", explique Juliette Clément, responsable veille et recherche documentaire.

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    Bulletins de veille scientifique mensuels et demandes ponctuelles

    La cellule de veille est constituée de deux personnes qui procèdent à une veille récurrente sur des thématiques qui ont été mises en place à la lumière des besoins d’un public particulier : les ingénieurs et les chargés de projet de Vegenov.

    "Le matin, je lis les informations collectées afin de les diffuser auprès de ce public", poursuit Juliette Clément. "Nous produisons également une série de bulletins de veille scientifique mensuels déclinés en thématiques. Et nous devons répondre à des demandes ponctuelles en fonction des projets en cours ; dans ces cas-là, il faut faire preuve de réactivité, car les ingénieurs et les chargés de projet ont besoin de bibliographies sur des thématiques particulières."

    Exemple concret de demande : quel est le cycle de développement du mildiou de la pomme de terre et comment mettre en place un protocole permettant d’évaluer des produits de biocontrôle contre cette maladie ? Les deux veilleuses doivent alors explorer la bibliographie existante pour trouver des informations sur ce pathogène ainsi que sur les bioessais déjà réalisés.

    La cellule de veille est également amenée à répondre à des demandes externes dans le cadre de partenariats, avec la filière légumière bretonne, par exemple.

    Flux RSS et bases de données

    Vegenov recourt à l’incontournable outil des veilleurs : l’agrégateur de flux RSS, en l’occurrence Inoreader dans sa version payante. Outre les sources collectées à partir d’une URL classique, Inoreader est également en mesure de remonter des informations provenant du moteur de recherche académique Google Scholar.

    Pour cela, les deux veilleuses ont dû faire appel au générateur de flux RSS FeedFry qui permet de créer un flux RSS en quelques clics.

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    Autre ressource documentaire à leur disposition, Ebsco donne accès à "des bases de données sous de multiples formats des revues scientifiques qui sont très pertinentes pour notre activité : revues électroniques, abonnements presse, livres numériques, services de découverte…", indique la responsable veille et recherche documentaire de Vegenov. "En raison de son coût très élevé, Ebsco est mutualisé avec d’autres centres techniques."

    L’IA générative est bluffante mais elle doit être validée

    Titulaire d’une licence de biologie et d’un master en veille et recherche documentaire (Lille 3), Juliette Clément constate que "le métier de veilleur scientifique repose sur la curiosité et la réactivité. Il faut être constamment à l’affût des nouveaux outils, car ils évoluent très vite et proposent de nouvelles fonctionnalités. Il faut également être capable de s’adapter à des budgets contraints et travailler avec des outils peu onéreux. Au-delà de ces outils, les veilleurs doivent conserver leur capacité d’analyse. Il est primordial que la partie analyse de la veille soit réalisée par des êtres humains".

    Sans surprise, l’intelligence artificielle (IA) générative est désormais utilisée de façon régulière, notamment pour l’assistance à la rédaction. ChatGPT permet par exemple de créer des résumés ou même des plans de veille. "Il faut dire que cette IA est bluffante", reconnaît la veilleuse. "Elle fait gagner du temps, mais il faut tout de même valider ce qu’elle propose et garder à l’esprit qu’elle peut oublier des informations qui peuvent être pertinentes pour nous…"

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    Veilleur scientifique : un métier méconnu

    A l’étranger, les ambassades françaises veillent sur leur environnement scientifique et technologique. C’est une ressource méconnue du grand public et peut-être même des veilleurs eux-mêmes. Une quarantaine d’ambassades françaises à travers le monde procèdent quotidiennement à une veille scientifique et technologique.

    Ces services de veille observent et analysent "les environnements scientifiques, techniques et technologiques des pays respectifs grâce à nos rédacteurs diplômés et spécialisés qui publient et diffusent régulièrement des articles ciblés", explique le Quai d’Orsay.

    Des bulletins de veille scientifique et technologique (BVST) sont diffusés selon trois cadences : hebdomadaire, bimensuelle et mensuelle. Ces bulletins couvrent le domaine de la recherche par pays : Finlande, Inde, Singapour… Au total, il est possible de s’abonner à plusieurs dizaines de bulletins scientifiques produits par les diplomates français.

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    Il est également possible d’accéder à ces bulletins de veille par thématiques : biotechnologies, aéronautique, micronanotechnologies… Des focus sont également réalisés sur les thèmes de stockage de l’énergie ou du recyclage des métaux rares.

    Conditions de diffusion et de reproduction

    Attention cependant aux conditions de diffusion et de reproduction de ces bulletins de veille scientifique. "L’activité de veille scientifique et technologique (VST) produite par le réseau des ambassades de France dans le monde est un service gratuit, disponible en accès libre", explique le ministère des Affaires étrangères, qui précise néanmoins qu’un certain nombre de modalités sont à respecter : "toute reproduction ou rediffusion, complète ou partielle de nos articles, doit se faire avec l’indication de notre source, sous peine de plagiat."

    En cas de reproduction, il convient de préciser le titre original, l’URL cliquable d’accès direct placé en dessous du titre, la mention légale (ou "origine") placée à la suite de l’information. Doivent également apparaître : l’intitulé "Ministère des Affaires étrangères et du Développement international", l’ambassade d’origine de l’article, suivi par les rédacteurs.

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