Sommaire :
Francophonie : des archivistes, des bibliothécaires et des documentalistes du bout du monde racontent leur métier
Francophonie : des outils et des réseaux pour les pros de l'info
Travailler dans le Sahara est le quotidien de ce document controller algérien
Archiviste au Cameroun, il raconte son métier à haut risque
Au Luxembourg, les métiers de l'info sont en mal de formation locale
Expatriée à Montréal, une bibliothécaire française partage son expérience
Archimag vous présente ses correspondants francophones !
Entretien avec Estelle Beck, bibliothécaire-documentaliste à la Chambre des députés du Luxembourg. Elle est également présidente de l’Association luxembourgeoise des bibliothécaires, archivistes et documentalistes (Albad).
Comment se portent les métiers de l'information-documentation au Luxembourg ?
La majorité des professionnels travaillent dans le secteur public, répartis entre le ministère de la Culture, le ministère de l’Éducation et les administrations communales. L’accès à ces postes se fait sur concours, sauf dans le secteur privé. La demande est principalement tournée vers des profils hautement qualifiés (licences et même masters), surtout depuis la fondation de l’Université du Luxembourg et de sa bibliothèque.
Le plurilinguisme est généralement une condition sine qua non pour l’exercice de la profession (minimum français-anglais, allemand et luxembourgeois également requis dans la plupart des cas).
Mais nombre de postes restent encore occupés par des non-professionnels ou par des professionnels d’un autre domaine (juristes, statisticiens, économistes, etc.) qui se forment alors « sur le tas » en bibliothéconomie.
Comment ces métiers évoluent-ils ?
Comme partout, ces métiers évoluent vers une dématérialisation grandissante de leur activité. Les documentalistes se détournent de plus en plus du papier pour effectuer leur veille sur les réseaux sociaux, par exemple, tandis que la bibliothèque nationale et d’autres institutions publiques comme le Statec (Institut national de la statistique et des études économiques) ont mis en place de larges projets de numérisation de leurs collections. Le dépôt légal numérique est également un sujet important en cours de développement, tandis que le Consortium national ne cesse d’étoffer son offre de ressources numériques. Un projet pilote de prêt d’e-books en bibliothèques publiques a également récemment été mis sur pied au sein de plusieurs institutions.
L’importance des bibliothèques en tant que lieu public n’est cependant pas totalement occultée, puisque de nombreux projets de construction sont en cours. Un learning center est en cours d’agencement pour la bibliothèque universitaire, tandis qu’un nouveau bâtiment dédié à la bibliothèque nationale sera inauguré en 2018. La mise en route du chantier pour le nouveau bâtiment des archives nationales est également prochainement prévue.
En terme de postes à pourvoir, on constate néanmoins de plus en plus la création d’emplois dédiés ou comprenant une grande partie d’aspect digitaux (digital curator, conservateur numérique, etc.).
Quelles sont les formations initiales mises à disposition des étudiants qui souhaitent exercer ces métiers ?
Aucune formation initiale en sciences de l’information et de la communication n’est proposée au niveau national. Les étudiants souhaitant se diriger vers ce domaine doivent donc se tourner vers les universités étrangères voisines, le plus souvent à Liège, Namur, Bruxelles et Louvain (Belgique), Cologne, Stuttgart, Berlin, Potsdam ou Hambourg (Allemagne).
À cause d’un processus de reconnaissance des diplômes encore complexe, les licences en sciences de l’information proposées en France ne peuvent malheureusement que rarement être choisies par les jeunes Luxembourgeois souhaitant se lancer dans cette carrière. En revanche, les étudiants sont de plus en plus nombreux à choisir la France ou la Grande-Bretagne pour leurs études en master.
Les professionnels de l'information-documentation peuvent-ils se former tout au long de la vie grâce à la formation continue ?
De même que pour la formation initiale, il n’existe que peu de formations continues à proprement parler pour les professionnels de l’information-documentation au Luxembourg.
La bibliothèque nationale organise des formations techniques (catalogage, maniement du logiciel Aleph, etc.) pour les membres du réseau national, tandis que l’Albad organise des journées de visites de bibliothèques étrangères, mais pour se former sur les concepts bibliothéconomiques généraux au travers de conférences ou de workshops, les professionnels doivent se tourner vers les pays voisins : Bibliothekartag en Allemagne, formations ADBS en France, congrès annuel de l’ABF, etc. Les professionnels peuvent sinon se tourner vers des formations à distance auprès de certaines universités, souvent certifiées et reconnues, ou s’inscrire à des formations continues auprès d’organisations étrangères comme l’Archivschule à Marburg (Allemagne). Un des objectifs à long terme de notre association est toutefois de développer une telle offre de formations continues nationales.