A l'occasion du Salon i-Expo qui se tient actuellement à Paris, une table ronde a réuni des professionnels de la veille pour plancher sur le thème des biais cognitifs. Un phénomène très répandu qui enferme les professionnels de l'information dans leur "zone de confort".
Les veilleurs l'ont baptisée "bulle informationnelle" ou "bulle de filtres". Ce phénomène qui touche les veilleurs (entre autres...) se présente sous la forme d'un biais cognitif qui pousse les individus à retentir une information parce qu'elle confirme leurs préjugés et à rejeter une autre information parce qu'elle contredit ces mêmes préjugés. "Ce premier filtre c'est nous même ! " explique Serge Courrier consultant et formateur en veille et en stratégie éditoriale ; "par manque de temps ou par fainéantise, nous choisissons les mauvais mots clé alors qu'il faut aujourd'hui effectuer des recherches en texte intégral. Les veilleurs doivent absolument repenser leur champ lexical".
Devant le public du Salon iExpo, Serge Courrier a incité les veilleurs à consacrer du temps à trouver de nouvelles sources d'information afin de sortir de leur bulle informationnelle.
Risque d'enfermement
Même constat pour Jérôme Bondu : "l'arrivée d'Internet nous a fait croire que nous allions nous délivrer des bulles informationnelles d'une époque où les lecteurs avaient le choix entre la presse bourgeoise et la presse ouvrière. Mais Internet a reconstitué ces bulles informationnelles notamment les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) qui proposent systématiquement des contenus proches de ce que l'on a déjà lu. C'est un vrai risque d'enfermement dans la zone de confort des veilleurs" estime le fondateur du cabinet Inter-Ligere.
Pour le YouTuber Thomas Durand qui anime la chaîne La tronche en biais, "le problème n'est pas le web car on y trouve le pire comme le meilleur, c'est notre comportement : jugement hâtif, intuition fautive, surestimation de nos capacités... Personne n'est immunisé contre les biais cognitifs".
Alors que faire ? Luc Didry, administrateur systèmes au sein de l'association Framasoft, estime qu'il faut également s'intéresser aux biais algorithmiques et dégoogliser internet ! Lancée en 2014, la campagne "Dégooglisons internet" a déjà donné naissance à près de 30 services en ligne librement utilisables : hébergement de sites et de vidéos, stockage de documents, prise de notes... "La dégooglisation d'internet est donc possible et viable !"
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