Les archives de l’Ina et de la Bnf se cachent derrière le Goncourt de Pierre Lemaitre

Le Goncourt de Pierre Lemaitre devant la base de données de l'Ina.fr. Archimag/CJO

 

Suite à l'obtention du Prix Goncourt pour son ouvrage Au revoir là-haut, Pierre Lemaitre a indiqué s'être servi des archives de l'Ina et de la Bnf et de leurs bases de données en ligne pour alimenter ses recherches historiques.

L'a-t-il voulu, l’ouvrage de Pierre Lemaitre a profité d’un excellent timing, obtenant son prix quelques jours avant les premières commémorations du centenaire de la guerre 14–18, laquelle est justement le théâtre des aventures des attachants protagonistes du roman.

Les 600 pages d’Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre composent une cynique fresque historique décrivant les difficultés rencontrées par deux poilus rescapés de la guerre 14-18 pour s’intégrer dans une société prise de folie commémorative, préférant glorifier les morts que ses vivants abîmés.

Les sources de l’Ina et de la Bnf

Avec lui, et par son intermédiaire, ce sont également deux institutions qui profitent de ce succès d’estime national : la Bibliothèque nationale de France et l’Institut National de l’Audiovisuel.

En effet, l’auteur a vanté dans plusieurs interviews la qualité des bases de données des archives de la Bnf et de l’Ina, affirmant qu'elles avaient nourri son inspiration comme ses recherches documentaires.

"J’ai passé presque 2 000 heures à écrire ce livre, a-t-il confié à Paris Match ; Je me suis plongé dans les travaux de spécialistes de cette période, j’ai dévoré les archives à l’Ina et les quotidiens de l’époque à la Bibliothèque François Mitterrand. C’est mon premier roman d’histoire."

Le web invisible se dévoile au grand public

De quoi faire rougir les moteurs de recherche et les multiples bibliothèques numériques (comme Gallica de la Bnf), ayant fleuri sur le web invisible ces dernières années.

Quelques jours après son sacre chez Drouant, le prix Goncourt 2013 arrivait déjà en tête des meilleures ventes du Top 20 Ipsos/Livres Hebdo, tous genres confondus, pour la semaine du 4 au 10 novembre.

Réimprimé à 250 000 exemplaires suite à l’attribution de son prix, en plus des 120 000 tirages initiaux, il y a fort à parier que l’on retrouvera Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre, sous de nombreux sapins à Noël prochain.

Espérons maintenant que la partie immergée de l’iceberg du web, celle des bases de données, encore méconnues du grand public, connaîtra le même engouement.

 

Les podcasts d'Archimag
La mise à disposition des décisions de justice en Open Data a vu le jour grâce à la loi pour une République numérique votée en 2016. Les articles 20 et 21 prévoient la mise en open data des quatre millions de décisions de justice produites chaque année par les tribunaux français. Camille Girard-Chanudet est chercheuse en sociologie au sein du Centre d’étude des mouvements sociaux. En 2023, elle a soutenu une thèse devant l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) : "La justice algorithmique en chantier, sociologie du travail et des infrastructures de l’intelligence artificielle". Dans ce cadre elle a rencontré les équipes de la Cour de cassation qui procèdent à l’anonymisation des décisions de justice.