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Il y a dix ans, la France se lançait dans la commémoration de la guerre de 1914-1918. L’occasion pour les services d’archives, les bibliothèques et les musées de valoriser leur patrimoine documentaire consacré à la Grande Guerre. Une commémoration qui s’est en partie jouée sur le web, avec des créations de portails en ligne et de pages Facebook, entre autres.
On se souvient du choix original du Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux, qui avait animé une page Facebook dédiée à Léon Vivien, un poilu créé de toutes pièces pour raconter l’histoire tragique des soldats envoyés sur le front. Cette page a non seulement permis au Musée de la Grande Guerre de valoriser ses archives et ses collections, mais aussi de s’adresser à un public a priori jeune. En quelques semaines, la vie dans les tranchées racontée par Léon Vivien a généré des dizaines de milliers de "J’aime" et de commentaires.
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Visionneuse haute définition et recherche plein texte
Dix ans plus tard, le numérique est devenu un lieu incontournable pour les institutions culturelles qui souhaitent valoriser leur patrimoine. En témoigne le salon Sitem (Salon international des musées) qui s’est tenu à Paris au mois de mars dernier : un tiers des exposants présents appartiennent au secteur de la valorisation du patrimoine.
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À Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), la ville s’est dotée de plusieurs portails dédiés aux trois musées de la ville : musée des Années Trente, musée Paul Landowski et musée Paul-Belmondo. Mieux, un portail spécialement consacré aux ressources documentaires numérisées de ces musées a également été mis en ligne.
Conçu par Arkhênum, il dispose des fonctionnalités essentielles à tout projet de valorisation en ligne : visionneuse haute définition, recherche plein texte avec surlignage des termes recherchés, entrepôt OAI-PMH (Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting : protocole informatique développé par l’Open Archives Initiative afin d’échanger des métadonnées), visionneuse IIIF (International Image Interoperability Framework : cadre d’interopérabilité pour diffuser, présenter et annoter des images et documents audio et vidéo sur le web), etc.
Pour ses archives, la municipalité a également lancé un site qui fait office de "porte grande ouverte sur le patrimoine archivistique et historique de Boulogne-Billancourt". Près de 100 000 documents qui étaient jusqu’ici disponibles sur la photothèque sont aujourd’hui mis à disposition des internautes qui peuvent naviguer dans l’ensemble des fonds. Des formulaires ont été conçus pour cibler la recherche et accéder plus efficacement à un ensemble documentaire numérisé : état civil, recensement de la population, atlas cadastraux, délibérations du conseil municipal, presse locale ancienne, gravures, photographies…
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Des parcours géolocalisés pour découvrir la ville de Bagneux
Autre initiative, celle de la municipalité de Bagneux (Hauts-de-Seine), où les archivistes ont créé Bagneux patrimoine, une application (disponible sur Android et iOS) qui propose quatre parcours géolocalisés pour découvrir la ville. Smartphone à la main, l’usager découvre l’histoire de Bagneux à travers d’anciennes photographies et documents conservés par la ville. Ces fichiers lui sont envoyés au fur et à mesure de sa déambulation urbaine. L’application dispose d’une fonction de reconnaissance d’image : il suffit à l’utilisateur de scanner une image pour accéder à des textes explicatifs et à des fonds iconographiques supplémentaires.
Les mobinautes peuvent, par exemple, choisir un parcours spécialement destiné à leurs enfants ("Du village ancien à la ville moderne"), ou bien une marche historique en centre-ville conçue pour un public adulte. L’occasion de découvrir une série de sites insolites, comme un cadran solaire volumétrique taillé dans un bloc de calcaire ou les carrières d’exploitation de pierre et de plâtre.
Une présence sur les réseaux sociaux
Les institutions publiques ne sont pas les seules à lancer des opérations de valorisation patrimoniale. Si les entreprises sont également présentes sur la toile pour mettre en valeur leur histoire, toutes n’y consacrent pas les mêmes moyens.
Le groupe Saint-Gobain dispose d’un site dédié qui permet d’explorer ses collections : des ressources iconographiques, des documents consacrés aux processus de fabrication de vitrage… Le tout est conservé depuis 1979 dans le Centre d’archives de Saint-Gobain, situé à Blois (Loir-et-Cher) qui s’occupe de la collecte, de la conservation et de la valorisation des archives des filiales françaises de l’héritière de la Manufacture royale des glaces fondée en 1665. "Vous ne connaissez pas encore la richesse et la diversité des collections du centre d’archives de Saint-Gobain…", souligne-t-on à Blois.
Après avoir conquis les cieux, Air France a également investi la toile pour y raconter son histoire via son "site corporate". Des premiers vols des années 1910 au Concorde, la compagnie aérienne égrène quelques-uns de ses souvenirs grâce à des photographies et à des vidéos accompagnées de textes courts. Autant de documents qui servent aussi à alimenter les réseaux sociaux d’Air France (Facebook, Instagram, X, YouTube…). Il y a une dizaine d’années, la compagnie nationale avait également créé un magnifique site dédié à son histoire, qui a malheureusement été débranché au bout de quelques mois.
Du côté des prestataires en valorisation patrimoniale
Qu’il s’agisse d’institutions culturelles, de collectivités ou d’entreprises privées, la valorisation patrimoniale peut faire l’objet d’une externalisation. En 2023, Archimag avait identifié une dizaine de prestataires du domaine : des spécialistes de la numérisation documentaire, des agences de production vidéo, des sociétés spécialisées dans la création d’expositions physiques, etc.
Certains de ces prestataires interviennent sur l’image (fixe et animée), d’autres sur des corpus textuels, quand d’autres encore créent des contenus web à partir du patrimoine de leurs clients. De façon très concrète, ces prestations se distinguent par leur variété : numérisation, indexation, catalogage, audit en stratégie patrimoniale, constitution de collections, création de contenus audio, conception d’expositions virtuelles, gestion des droits… Autant de compétences techniques que peu d’organisations possèdent en interne. Le recours à l’externalisation peut alors s’avérer judicieux.
