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Musées et bibliothèques : se réinventer pour valoriser ses fonds

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    Cane sauvage, Robert (Nicolas), Collection des vélins du Muséum national d'histoire naturelle de Paris. (MNHN)
  • Entre collections physiques et accès en ligne, le curseur est parfois difficile à trouver : si la tendance est à la dématérialisation et à la mise en ligne des collections pour faciliter l’accès de tous, les établissements ne souhaitent pour autant pas se vider de leurs visiteurs. La conférence annuelle de la coopérative mondiale de bibliothèques OCLC (Online computer library center), qui s’est déroulée du 26 au 27 février dernier à Marseille, a mis l’accent sur deux initiatives au coeur des enjeux des bibliothèques et des musées d’aujourd’hui : le portail Les Bibliothèques d’artistes, qui met en ligne des collections disséminées sur une plateforme unique, et la Bibliothèque centrale du Museum national d’histoire naturelle de Paris, qui a décidé de valoriser ses services sur place pour attirer du public.

    “Dis moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es”. Les historiens d’art l’ont compris : les bibliothèques d’artistes sont une formidable ressource pour appréhender l’univers culturel des artistes, pour mieux les connaître et comprendre leur travail et leur processus de création. A mi-chemin entre recherche scientifique et innovation technologique, le projet Les Bibliothèques d’artistes, est ambitieux : ce portail en ligne, dont l’objectif est de reconstituer les bibliothèques des artistes des 19e et 20e siècles en numérique, ne donne pas seulement accès aux listes de livres ou revues (et à leurs informations) qui composaient les corpus initiaux. Il donne également la possibilité de feuilleter les ouvrages, directement depuis le portail. “L’objectif de la plateforme est de réunir en un seul lieu virtuel et de rendre accessible aux chercheurs et au public des bibliothèques d’artistes qui non seulement sont éparpillées géographiquement, mais qui ne sont même pas toujours accessibles au public lors des visites”, explique Félicie Faizand de Maupeou, ingénieur de recherche au Labex Les Passés dans le présent de l’Université de Paris Nanterre, qui conduit ce projet.

    Enrichissement de la plateforme

    Pour le moment, une quarantaine de bibliothèques d’artistes ont été recensées par l’équipe du projet et sont disponibles sur la carte interactive du portail. Mais seul le fonds de la bibliothèque de Claude Monet, riche de 900 ouvrages, est d’ores et déjà inventorié et présenté sur le site. D’autres bibliothèques seront prochainement intégrées à la plateforme, telles que celles d’Antoine Bourdelle, d’Edouard Detaille, d’Alberto Giacommetti, d’Hans Hartung ou encore d’Anna-Eva Bergman. Et des partenariats sont en cours avec d’autres institutions afin de poursuivre l’enrichissement de la plateforme. “Les bibliothèques d’artistes sont des objets de recherches délicats qui posent des questions et demandent un travail spécifiques pour chacune, poursuit Félicie Faizand de Maupeou ; chaque étape du projet, qu’il s’agisse de l’inventaire du fonds, de la question des droits, ou encore de l’interopérabilité avec les bases de données existantes, n’est jamais simple”.

    Une extension de la bibliothèque

    Au coeur des débats dans les bibliothèques, les problématiques numériques constituent un véritable enjeux de médiation, que ce soit dans la valorisation auprès des publics ou pour l’accès aux chercheurs. “Attention, une bibliothèque numérique n’est pas la simple copie d’une bibliothèque physique, précise Félicie Faizand de Maupeou ; comme elle offre des fonctionnalités de consultation étendues, il faut plutôt la voir comme une extension !”

    “Sinon c’était la fermeture”

    A l’inverse, d’autres institutions passent aujourd’hui de la dématérialisation à la rematérialisation, préfigurant l’ère “post-digitale” des bibliothèques. C’est le cas de la bibliothèque du Museum national d’histoire naturelle de Paris, qui s’adresse à la fois aux chercheurs et au grand public, et qui traversait il y a encore deux ans une véritable crise. “A l’époque, alors que le musée ou les jardins drainaient beaucoup de visiteurs, la bibliothèque n’en attirait quasiment plus, se souvient Gildas Illien, responsable de l’établissement ; que les ouvrages physiques soient délaissés n’a rien d’étonnant puisque la documentation en sciences naturelle est désormais essentiellement électronique. Néanmoins, nous n’atteignions alors péniblement qu’une dizaine de demandes de livres par jour et le service le plus utilisé chez nous était... les toilettes”. Si l’anecdote fait sourire aujourd’hui, elle est alors plutôt dramatique pour l’équipe de 70 personnes qui gère les 3 millions d’objets et documents de l’institution. “Nous n’avons pas eu d’autre choix que d’essayer de réinventer la bibliothèque, ajoute Gildas Illien ; sinon c’était la fermeture”.

    Rendre sexy la bibliothèque

    Sans budget particulier, l’équipe se lance donc il y a deux ans dans de multiples expérimentations de médiation patrimoniales et scientifiques, en physique. “La bibliothèque dispose de collections extraordinaires, propres au rêve et à l’émotion, confie Gildas Illien. Il nous fallait transformer ce rêve et de cette émotion en services”. L’équipe commence par opérer un grand tri et un important nettoyage dans la bibliothèque puis installe au mur des peintures qu’elle conservait. Elle se met à participer à de multiples événements tels que les “Journées du Patrimoine” ou l’opération “Paris face cachée”, crée un “escape game”, accueille également des artiste en résidence, ouvre l’établissement à des ateliers de dessin, et même aux jardiniers du Jardin des Plantes. Ces derniers accèdent alors aux archives des anciens gardiens du parc et plantent ensuite un jardin pour l’établissement qui attire aujourd’hui les passants. Les horaires de la bibliothèque sont également élargis et les lieux repensés afin d’introduire des espaces dédiés à l’expérimentation.  “On a changé notre façon de voir ce vieux bâtiment pour le rendre sexy”, ajoute-t-il, introduire de la fantaisie a permis de redécouvrir l’existant, de le valoriser et même d’augmenter la motivation en interne. Car cela donne du sens au travail”. Pari gagné pour cette bibliothèque prestigieuse, qui a vu une augmentation de sa fréquentation de 35 %.

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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