Comme on pouvait s'y attendre, les prévisions de l'association Shift Project sur l'empreinte environnementale de l'intelligence artificielle sont préoccupantes. Plus d'un tiers (35 %) de la consommation électrique mondiale des data centers pourrait être générée par l'IA à l'horizon 2030. Soit plus qu'un doublement en l'espace de cinq ans : cette part de l'IA est actuellement estimée à 15 %.
Depuis l'irruption de ChatGPT au mois de novembre 2022, les chiffres parlent d'eux-mêmes : 1 million d’utilisateurs en 5 jours, 100 millions en 2 mois, et aujourd’hui vraisemblablement 700 millions de visiteurs. Résultat : 1 milliard de requêtes sont recensées quotidiennement. Des chiffres sous-estimés selon certains observateurs qui estiment que les données présentées par les acteurs de l'IA sont sujet à caution.
Réorienter les stratégies technologiques jusqu'à la compatibilité carbone
Selon le Shift Project, la demande d'électricité nécessaire à l'entraînement des IA trouve son origine aussi bien dans l'offre que dans les usages : "les usages appellent de nouvelles capacités et les nouvelles capacités permettent de nouveaux usages". Un cercle vicieux du point de vue écologique alors que les centres de données tournent déjà à plein régime en raison de l'explosion des usages traditionnels (hébergement sites web, réseaux sociaux, plateformes video, cloud…), des cryptomonnaies, et de l'entraînement des grands modèles de langage.
A l'échelle française, les centres de données représentent à ce jour environ 2% de la consommation totale d'électricité. Elle pourrait être multipliée par 4 en 2035 et représenter 7,5 % en 2035 alerte Shift Project.
Vers une solution radicale
Au-delà du constat, l'association préconise de "réorienter nos choix et stratégies technologiques jusqu'à la compatibilité carbone". De façon concrète, les entrepreneurs IA sont invités à optimiser leurs modèles d'entraînement et à transformer voire abandonner certaines fonctionnalités. Autre piste, adapter les IA aux besoins des utilisateurs aux conditions de compatibilité avec le budget carbone.
Si ces leviers "ne permettent pas de rendre la solution d’IA compatible avec le budget carbone de référence", le Shift Project plaide en faveur d'une solution radicale : l'option IA doit tout simplement "être abandonnée ou remplacée par une solution hors IA".