CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°384
Au sommaire :
- Dossier : Secteur public: comment l’administration pilote sa digitalisation
- Sous le capot des IA du secteur public
- La formation au cœur de la transformation digitale du secteur public
- Avec l’IA, France Travail réinvente l’accompagnement vers l’emploi
- À Chartres, l'IA parle aux habitants
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Il y a encore quelques mois, le quotidien des conseillers de France Travail (ex-Pôle emploi) était parfois saturé par l’envoi de nombreux e-mails ou par les multiples appels téléphoniques passés pour proposer des postes aux demandeurs d’emploi qu’ils accompagnent. Et parfois sans succès. Avec MatchFT, France Travail expérimente depuis octobre 2024 une solution d’intelligence artificielle (IA) au service des conseillers pour moderniser l’accompagnement. Au cœur de cette transformation digitale, une collaboration entre l’établissement public chargé de l’emploi en France et le spécialiste français en IA générative, Mistral AI.
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L’IA fait gagner du temps, les agents accompagnent
D’abord utilisée par France Travail à des fins statistiques, l’IA générative est désormais exploitée pour répondre à de nouveaux besoins. "Nous avions déjà la maturité pour avancer, à condition de nous entourer de partenaires pour développer une IA éthique, souveraine et sécurisée", explique Sylvain Poirier, directeur associé du programme Data & IA au sein de France Travail. "C’est dans ce cadre qu’a débuté notre collaboration avec Mistral AI".
Entamée en mai 2024, cette collaboration se concrétise avec la création de deux outils : MatchFT, qui affine la mise en relation entre candidats et recruteurs, et ChatFT, un assistant destiné à alléger la charge administrative des conseillers. Dans 87 agences pilotes du Centre-Val de Loire et des Pays de la Loire, MatchFT a déjà fait ses preuves : les SMS ciblés remplacent les relances manuelles, avec, en moyenne, 90 % de réponses en moins de cinq heures. Un gain de temps précieux pour les conseillers, qui peuvent "aller rencontrer des entreprises, récupérer de nouvelles offres [ou] accompagner les demandeurs d’emploi", soulignait Clara Charrollois, conseillère France Travail Pro, au micro de France Inter en mars dernier.
Utilisé notamment pour rédiger des e-mails, des descriptions de poste ou encore des synthèses, ChatFT a d’abord été déployé pour 12 000 agents au mois de novembre, et est désormais adopté par 35 000.
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Une boussole éthique
France Travail s’est doté d’une charte éthique de l’IA comme cadre de référence pour un développement responsable, sécurisé et intelligible. "Cette charte fait office de véritable boussole", souligne Sylvain Poirier. Par exemple, l’architecture technique de MatchFT repose pour le moment sur Mistral AI à 67 %, avec un objectif de 100 % d’ici la fin d’année. "Les modèles d’IA sont hébergés dans le data center de France Travail et, pour les plus larges d’entre eux, dans un cloud dédié à l’établissement, de façon sécurisée", précise-t-il.
Une IA « pour, par et avec nos agents »
"L’enthousiasme pour l’adoption de ces IA ne masque pas l’enjeu de l’acculturation", souligne Sylvain Poirier. Des modules internes, comme des webinaires, ont été mis en place, ainsi qu’une formation pour les usagers - "Le calendrier de l’IA" -, qui est le fruit d’un partenariat avec Microsoft et la plateforme d’apprentissage Kokoroé. Il permet aux usagers de maîtriser ces outils dans leur recherche d’emploi, notamment pour rédiger des prompts ou optimiser leur CV.
Le défi est à la fois technique, organisationnel et culturel, d’où la mise en place d’une gouvernance centrée sur le dialogue social. "Ces IA sont développées pour, par et avec nos agents", insiste Sylvain Poirier. "Nous avons besoin de l’implication de toutes les parties prenantes, c’est pourquoi nous avons mis en place un comité éthique externe". Composé de scientifiques, de représentants des salariés, d’entreprises et de demandeurs d’emploi, ce comité agit en parallèle d’un comité de suivi interne, en lien avec les partenaires sociaux, afin de garantir une implémentation alignée avec l’ADN de l’établissement.