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Libre accès : ce sont les chercheurs qui détiennent la clé

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    La semaine de l'open access se déroule du 22 au 28 octobre 2018 (Pixabay)
  • A, l'occasion de la Semaine de l'open access qui se déroule jusqu'au 28 octobre, Frédérique Bordignon, Responsable du Pôle IST de l'Ecole des Ponts ParisTech, dresse un état des lieux du libre accès en France.

    Quelle est la situation du Libre accès en 2018 ?

    La situation est très contrastée selon les pays, les disciplines, les établissements et aussi en fonction des politiques incitatives, des obligations et même de la motivation des chercheurs. À l'École des Ponts, la part de la production librement accessible augmente, mais le coût des accès via les éditeurs ne baisse pas.

    Les bibliothèques sont-elles investies dans le mouvement open access ?

    De façon générale, les professionnels de l’IST que nous sommes sont très investis et nous avons appris à mobiliser des compétences dans divers domaines :

    • l’édition scientifique : au-delà des processus de publication, il s’agit aussi d’appréhender les différents modèles économiques des éditeurs et d’en négocier les tarifs ;
    • le cadre réglementaire : pour renseigner les chercheurs sur leurs droits et aussi leurs devoirs vis-à-vis des éditeurs, des financeurs et parfois de leur établissement ;
    • l’ingénierie documentaire : avec l’administration des archives ouvertes, l’assistance technique apportée aux chercheurs pour partager leur production et accéder à celle de leurs pairs et plus récemment, avec la mise en place des outils de mesure du taux d’Open Access afin d’éclairer les décideurs.

     
    En tant que professionnels de l’IST, nous ne sommes pas partie prenante de la production de connaissances nouvelles, mais nous jouons le rôle de catalyseurs au côté des chercheurs afin d’accélérer le partage de leurs travaux. Mais, pour que le libre accès total à la science devienne une réalité, il conviendra que tous les chercheurs se mobilisent, évoluent dans leur stratégie de publication ainsi que dans la manière dont ils s’évaluent. Malgré notre engagement indéfectible, je reste persuadée que ce sont les chercheurs qui détiennent la clé...

    La loi pour une République numérique a-t-elle changé la donne ?

    Elle a indiscutablement simplifié le contexte juridique. En effet, la possibilité de déposer ses publications en archive ouverte dépendait avant de la politique des éditeurs, ces derniers déclarant leur position dans les contrats ou sur des sites dédiés. La situation n'était pas toujours simple puisqu'il fallait repérer quelle version il était autorisé de partager (preprint, postprint, PDF éditeur) et quand (embargo ou non). Même si la Loi ne concerne pas toute la production scientifique, elle a clarifié la situation pour l’immense majorité des articles de revues. Cela permet de mener des campagnes d’incitation au dépôt plus percutantes, comme celle réalisée à l'École des Ponts au printemps 2018, nous permettant de collecter plus de 100 full-texts supplémentaires dans HAL.

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    La mise à disposition des décisions de justice en Open Data a vu le jour grâce à la loi pour une République numérique votée en 2016. Les articles 20 et 21 prévoient la mise en open data des quatre millions de décisions de justice produites chaque année par les tribunaux français. Camille Girard-Chanudet est chercheuse en sociologie au sein du Centre d’étude des mouvements sociaux. En 2023, elle a soutenu une thèse devant l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) : "La justice algorithmique en chantier, sociologie du travail et des infrastructures de l’intelligence artificielle". Dans ce cadre elle a rencontré les équipes de la Cour de cassation qui procèdent à l’anonymisation des décisions de justice.

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