Syrie : The Creative Memory, un musée virtuel dédié à l'art révolutionnaire syrien

 

Plusieurs centaines d'oeuvres sur lesquelles ni la guerre ni le régime ne pourront avoir la moindre prise.

Depuis les interdits du régime à la répression en passant par l'autocensure, le peuple syrien a connu plus de quarante années de brimades ayant anéanti toute liberté créatrice et le moindre dynamique artistique.

Ces bâillons ont spontanément sauté dès le début du soulèvement populaire de 2011 (et malgré les violences qui l'ont accompagné), libérant un élan artistique exalté et bouillonnant, touchant aussi bien le dessin, que la sculpture, la peinture ou le cinéma.

Tel un musée en ligne, le site internet The Creative Memory of the Syrian revolution (la mémoire créative de la révolution syrienne) a été créé afin de documenter, de conserver et de diffuser le plus largement possible cette déferlante créatrice ; par devoir de mémoire.

Grands noms et anonymes

Sana Yazigi, rédactrice en chef d'un agenda culturel damascène, est à l'origine du projet. Avec l'aide de deux collaborateurs (ils sont aujourd'hui une dizaine), elle a ainsi entrepris de repérer, archiver et partager les oeuvres nées de la révolution, que celles-ci soient signées de grands noms de la scène artistique syrienne ou d'anonymes. Même les bannières portant les slogans des manifestants sont ainsi conservés.

"Je voulais avant tout montrer l'expression, explique-t-elle ; et j'insiste sur le mot. Je ne me soucie pas de l'art pour l'art. Si un artiste crée pour s'exprimer, très bien, mais le plus important, c'est la réception du message par le public. L'art se doit d'exprimer le sentiment des populations". Et d'ajouter : "Qui peut juger de la beauté, ou non, de quelque chose ? Le fait de s'exprimer est déjà beau en soi".

Se souvenir, c'est pouvoir décider

Si le conflit s'est enlisé avec les années et que l'expression artistique a naturellement faibli avec l'abattement des populations, de nouveaux talents ont malgré tout émergé, à l'image du sculpteur Khaled Dawa (et ses dictateurs obèses), de Jamal Housn (et ses calligraphies libertaires) ou encore de Hossam Saadi (et sa caricature du billet de cinq cents livres syriennes de la Banque centrale de Daech).

Surtout, leurs créations sont désormais accessibles au plus grand nombre grâce au web, et ne pourront donc être détruites par le régime ou la guerre. "L'humain oublie, c'est naturel, mais nous avons le devoir de nous souvenir, conclut-elle ; se souvenir, c'est pouvoir décider de ce que l'on peut oublier et ce dont on a le devoir de se rappeler".

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