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Pourquoi existe-t-il si peu d'applications de bibliothèques ?

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    Comment expliquer ce rendez-vous manqué entre les bibliothèques et les applications ? (Freepik/pressfoto)
  • Les applications de bibliothèques à télécharger et utiliser en mobilité sont plutôt rares. Si quelques applications dédiées à ces établissements parviennent à tirer leur épingle du jeu, celles qui sont adossées à une bibliothèque peinent à convaincre les mobinautes. 

    Affluences, pour le temps d'attente et le taux d'occupation des salles de lecture

    Il y a cinq ans, l’application Affluences faisait son apparition et révolutionnait la vie des usagers des bibliothèques. Développée par d’anciens étudiants en informatique, elle avait pour objectif d’informer les usagers du temps d’attente pour entrer dans la Bibliothèque publique d’information (Bpi) du Centre Pompidou (Paris).

    Une information inestimable pour qui connaît la longueur de la file d’attente qui se forme tous les jours au pied du bâtiment...

    bibliotheque_application_barros.jpgAujourd’hui, Affluences est passée à la vitesse supérieure. L’application est en mesure d’informer les usagers sur plus de 600 établissements — des bibliothèques, mais aussi des musées — situés dans une douzaine de pays.

    Mieux : elle permet aujourd’hui d’affiner les taux d’occupation des salles de lecture en temps réel et de réserver une salle ou un atelier.

    Algorithme prédictif

    « Affluences permet de donner une estimation journalière de l’affluence à la demi-heure près, grâce à un algorithme prédictif mis à jour toutes les cinq minutes », expliquent les créateurs de l’application ; « le logiciel s’appuie principalement sur l’historique des mesures et le calendrier scolaire pour calculer l’affluence prévisionnelle, mais également sur la météo, le calendrier des événements, ou le nombre de consultations de la page de l’établissement sur l’application ».

    Résultat : l’application a été téléchargée plus de 100 000 fois sur Android et a reçu plusieurs prix d’innovation. L’équipe d’Affluences quant à elle possède désormais des bureaux à Paris, à Barcelone, à Berlin, à Londres, à Rome et à Stockholm.

    BibEnPoche, pour la recherche en ligne

    D’autres éditeurs, installés depuis plus longtemps dans le paysage informatique dédié aux bibliothèques, investissent également l’univers de la mobilité.

    C’est le cas de Decalog avec son application BibEnPoche. Celle-ci offre aux usagers plusieurs façons pour accéder à la recherche en ligne : en saisissant des termes (titre, auteur, sujet…) ou énonçant une requête de vive voix. Le lecteur est alors informé de la disponibilité du document dans la bibliothèque la plus proche et peut consulter les avis des lecteurs.

    En situation de mobilité, il peut désormais réserver le document de son choix avant de venir l’emprunter sur place.

    BibEnPoche propose aux mobinautes un espace personnel à partir duquel ils peuvent consulter leurs prêts et prolonger la durée d’emprunt d’un document. Des notifications les informent des prêts en retard et de la disponibilité des réservations.

    Pour les usagers et les bibliothécaires

    Disponible sur les deux principales plateformes du marché (GooglePlay et AppStore), « BibEnPoche est tout aussi utile pour les usagers des bibliothèques que pour les professionnels eux-mêmes qui apprécieront de pouvoir consulter facilement le catalogue de leur bibliothèque via leur smartphone, notamment lors de leurs déplacements », explique Decalog.

    L’application présente donc la particularité de s’adresser aussi bien aux usagers qu’aux bibliothécaires. Un système de « rebonds » et de suggestions permet de donner de la visibilité aux collections. Quant aux nouveautés et aux actualités de l’établissement, elles peuvent être mises en avant ainsi que les informations pratiques (horaires d’ouverture par exemple).

    Les bibliothèques, quasiment absentes des magasins d’applications

    Du côté des bibliothèques, on ne semble pas aussi disposé à développer des applications.

    En 2015, le bibliothécaire et blogueur Thomas Fourmeux (biblionumericus.fr) remarquait la quasi-absence des bibliothèques dans les magasins d’applications :

    « Encore peu de bibliothèques en France ont franchi le pas et créé une appli dédiée. Lorsque c’est le cas, la quantité de téléchargements reste encore modeste et dépasse rarement le nombre de 1 000 téléchargements. On constate qu’en effectuant la recherche “bibliothèque” sur Google Play, aucune appli de bibliothèque ne remonte. Il y a bien des applis dédiées à la lecture, mais rien n’est proposé par un établissement ».

    Cinq ans plus tard, les choses n’ont guère changé. Certes Google Play propose près de deux cents applications… Mais celles-ci sont dans leur immense majorité dédiées à la lecture de livres numériques que l’on achète sur des plateformes de téléchargement.

    D’autres visent un public très particulier, avec des contenus à caractère religieux par exemple.

    Gallica, pour accéder à des millions de documents

    Il faut fouiller dans les entrailles de Google Play pour y dénicher la présence de Gallica, la vitrine numérique de la Bibliothèque nationale de France. Au programme, l’accès gratuit à plusieurs millions de documents : livres, fascicules de presse, revues, photographies, estampes, partitions… Bref, la richesse de la BNF à portée de tous les mobinautes.

    À ce jour, Gallica BNF a été installée sur plus de 50 000 téléphones ou tablettes. Un score honorable pour une application exigeante.

    Survivre sur App Store et Google Play quand on est une bibliothèque

    Autre institution présente sur Google Play, Banq (Bibliothèque et Archives nationales du Québec) a opté pour un modèle éditorial différent. L’application propose en effet « une visite autoguidée » de la grande bibliothèque de Montréal. Le choix de la Banq s’est donc plutôt porté sur une expérience touristique que sur un accès aux ressources documentaires de l’établissement.

    L’application de la Banq a-t-elle convaincu les mobinautes ? Pas vraiment si l’on en croit le commentaire d’une utilisatrice :

    « L’application s’ouvre en anglais, un comble pour une institution québécoise. La visite est sans doute intéressante, mais comme abonnée, je souhaite pouvoir faire des recherches, lire les ressources électroniques sur mon cell [téléphone]. L’appli est donc sans intérêt ! »

    Selon les statistiques de Google Play, l’application a été installée sur plus de 1 000 terminaux. Pas sûr que ce score incite d’autres bibliothèques à développer de nouvelles applications…

    Applications de bibliothèques municipales

    D’ailleurs, les bibliothèques municipales ne sont guère présentes sur Google Play. Les bibliothèques de Montpellier ou de Toulouse ont bien tenté l’aventure il y a quelques années. Mais aujourd’hui, leur application semble avoir disparu des plateformes de téléchargement.

    Comment expliquer ce rendez-vous manqué entre les bibliothèques et les applications ? Un premier constat : il est très difficile de faire son nid sur App Store qui compte environ 2 millions d’applications. Et encore plus sur Google Play où le nombre d’applis s’élève à 2,6 millions !

    Face aux stars du téléchargement (Facebook, Instagram, WhatsApp, Youtube, Yuka…), les bibliothèques doivent ramer à contre-courant pour attirer l’attention !

    Des coûts dissuasifs

    Autre écueil, le coût de développement d’une application s’élève au moins à plusieurs milliers d’euros et plus probablement plusieurs dizaines de milliers d’euros. Or on connaît les compressions budgétaires qui s’abattent sur les bibliothèques depuis plusieurs années.

    Mettre ce coût en rapport avec le nombre de téléchargements espérés (quelques dizaines…) suffit à démotiver les bibliothécaires. Et leur autorité de tutelle…

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