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L'Humathèque du Campus Condorcet ou l'art de désiloter les métiers

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    Julie Lauvernier, cheffe du service Archives de l’Humathèque du Campus Condorcet (Bruno Texier/Archimag)
  • Au sein du Campus Condorcet, l’Humathèque a mis en place un dispositif de "fonction majeure" et de "fonction mineure" destiné à accroître la complémentarité des métiers.

    archimag_378_couv_hd_20240927_page-0001_2.jpgenlightenedCET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°378

    Au sommaire : 

    Dossier : bibliothécaires, documentalistes et archivistes : où en est la convergence ?
    Formations en infodoc : entre convergence, polyvalence et hybridation
    - L'Humathèque du Campus Condorcet ou l'art de désiloter les métiers
    Aux archives de Grenoble, le métier d’archiviste-bibliothécaire
    Au Mucem, une convergence d'objectifs avant tout
    - Macif : la convergence des métiers pour la gouvernance de l’information

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    Avec près d’un million de documents répartis en huit pôles de recherche, l’Humathèque du Campus Condorcet (Seine-Saint-Denis) voit les choses en grand et en mode hybride. Des livres et des revues, pour l’essentiel, mais aussi des photographies, des films, des cartes, des enregistrements sonores (sous forme physique ou numérique) composent une collection unique dans le domaine des sciences humaines et sociales.

    "L’Humathèque n’est pas une bibliothèque avec un service d’archives et n’est pas non plus un service d’archives qui conserve des livres", explique Stéphanie Groudiev, alors directrice de l’établissement (depuis notre interview, menée durant l’été 2024, Stéphanie Groudiev a quitté son poste de directrice de l’Humathèque Condorcet.). "Il s’agit d’une structure documentaire qui propose des gisements documentaires collectés, produits et édités. Elle est composée de métiers qui ont plus de points communs que de divergences. Les bibliothécaires et les archivistes poursuivent les mêmes objectifs même si les formations continuent de délivrer des compétences spécifiques à ces métiers."

    Lire aussi : Le Grand équipement documentaire du Campus Condorcet devient "Humathèque Condorcet"

    Une gourmandise professionnelle !

    Ouverte au public depuis 2021, l’Humathèque fait d’ores et déjà figure de précurseure en matière de décloisonnement des métiers. Un dispositif de "fonction majeure" et de "fonction mineure" est proposé aux agents : la fonction majeure, qui représente 50 % du temps de travail total, est dédiée au métier principal.

    La fonction mineure, qui représente 30 % du temps de travail, est consacrée à la formation à une autre fonction. Les 20 % restants sont destinés au service public.

    Pour Stéphanie Groudiev, "ce désilotage se fait sur la base du volontariat, mais il représente une charge pour l’encadrement. Il est très bien vécu et génère même une gourmandise professionnelle ! Depuis le lancement de l’Humathèque, nous visons la complémentarité des métiers : il s’agit d’une acculturation. Ce dispositif peut servir de modèle à d’autres projets de désilotage."

    Des archivistes polyvalents

    Au département "Archives", ce dispositif de "fonction majeure" et de "fonction mineure" est en passe d’atteindre sa vitesse de croisière.

    "Les archivistes mènent leurs missions traditionnelles (description des fonds, valorisation, signalement) sur la base de leurs compétences spécifiques (délais de communication, réglementation, évaluation…)", précise Julie Lauvernier, cheffe du service Archives. "Ils sont également formés à l’accompagnement du public, à la recherche, à la gestion des données de recherche et à la communication des documents."

    Une coopération main dans la main

    De façon très concrète, ce désilotage est par exemple appliqué à l’occasion d’une collecte d’archives chez un chercheur. L’Humathèque héberge en effet des archives produites par quelques figures incontournables des sciences humaines et sociales : Alain Touraine, Pierre Bourdieu, Raymond Boudon, François Furet, Jacques Le Goff, Pierre-Vidal Naquet…

    Lire aussi : Le numérique : un horizon mobilisateur pour les archivistes

    Les archivistes et les bibliothécaires travaillent de concert, mais chacun avec ses prérogatives : l’archiviste va travailler sur l’objet, le bibliothécaire sur les contenus.

    Le dispositif de "fonction majeure" et de "fonction mineure" a un impact direct sur l’activité du service Archives, qui héberge cinq kilomètres linéaires d’archives. Composé de onze personnes, il correspond désormais à huit équivalents temps plein.

    Pas de remplacement des métiers

    Aux yeux de Julie Lauvernier, ce modèle a le mérite du décloisonnement. Titulaire d’un master d’archives et auteure d’une thèse de doctorat d’histoire des savoirs, elle est passée par le Conseil économique, social et environnemental : "la complémentarité des métiers ne signifie pas le remplacement des métiers", insiste-t-elle. "Les bibliothécaires n’utilisent pas les instruments de recherche et les archivistes ne procèdent pas au catalogage. La notion de désilotage est plus ou moins prononcée selon l’institution dans laquelle on travaille."

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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