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Projets d’ingénierie : de l’importance d’aller récupérer la donnée là où elle est !

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    Avec une approche Data Centric, on libère l’application de ces contraintes. Toutes les informations liées au projet ne sont ainsi plus stockées dans l’application de gestion, en revanche, il est possible d’aller les “chercher” dans d’autres SI.
  • Il y a urgence. Urgence de passer d’une logique "Document centric" à une approche "Data centric" dans les projets d'ingénierie et de construction. Patrick Albertini, ingénieur avant-vente de think project!, nous explique les tenants et les aboutissants de cette mutation.

    Avec la logique actuelle (le Document Centric), toutes les informations liées aux projets d’EPC et de construction sont centralisées au sein d’une même application. Mais avec l’explosion du volume des données, leur stockage, leur gestion et leur maintien à jour au sein d’une même application devient de plus en plus périlleux.

    D’autant qu’aujourd’hui, le BIM se décline en de multiples dimensions. Avec la 3D, le BIM exploite les trois dimensions géométriques. Ce qui permet de visualiser les projets par le biais d’une maquette 3D, de détecter les interférences, d’obtenir les relevés de l’existant, de calculer les quantités, de mettre à jour automatiquement les coupes et détails, etc. Avec le BIM 4D, s’ajoute à cela une donnée “temporelle” permettant de lier les éléments géométriques avec une information "temps" ou un planning de construction. Ce qui va permettre aux différents acteurs d'un projet de visualiser dans le temps la durée d'un événement ou la progression d'une phase de construction jusqu’au MCO.

    Des données superposées qui deviennent ingérables

    Avec le BIM 5D, s’agrège à cela la donnée "coût". Ce qui permet cette fois-ci de lier les éléments géométriques et la contrainte "temps", à un "coût" et ainsi d’estimer les coûts de construction ou d’obtenir un aperçu de la situation financière d'un projet à un instant T. Mais il y a aussi le BIM 6D, qui traite de tout ce qui est lié au développement durable d'un bâtiment (par exemple les analyses énergétiques) et le BIM 7D qui contient toutes les informations nécessaires au propriétaire pour l'utilisation et la maintenance de la construction.

    Moralité : on ajoute des donnés au fur et à mesure du projet et toutes ne peuvent pas être stockées dans l’application.

    Data centric : une tendance émergente

    Avec une approche Data Centric, on libère l’application de ces contraintes. Toutes les informations liées au projet ne sont ainsi plus stockées dans l’application de gestion, en revanche, il est possible d’aller les “chercher” dans d’autres systèmes d’information, notamment ceux des fournisseurs.

    C’est la tendance qui est actuellement en train de se mettre en place.

    La construction s’inspire, en effet, de tout ce qui se fait déjà dans le domaine de la grande consommation et d’autres secteurs qui récupèrent notamment des données digitales provenant de multiples sources, pour alimenter les bases de données prédictives.

    Récupérer la donnée là où elle est

    Si, dans les projets d’ingénierie, la maquette numérique est bel et bien le centre du projet, à différentes étapes les gestionnaires ont besoin d’informations émanant de multiples fournisseurs. L’objectif est donc d’aller récupérer l’information là où elle est, à savoir chez son producteur, le fournisseur ou le fabricant. La maquette pourra ainsi être associée à des données mises à jour automatiquement et en temps réel. Le secteur de la construction doit se préparer à cette nouvelle approche.

    Interfaçage automatique entre BIM et PLM

    Pour l’instant, le problème réside dans la liaison entre le logiciel de BIM ou de PLM et les bases de données des fournisseurs. Cette liaison n’est pas encore standardisée. Cela pourrait pourtant permettre pour chaque projet d’ingénierie de s’interfacer automatiquement avec les fournisseurs et de pouvoir alimenter de manière efficace la maquette numérique. Cela a d’ailleurs son intérêt durant toutes les phases du projet, des appels d’offre jusqu’à l’exploitation (maintenance, rappels produits, etc., etc.). Ainsi, dans le cas d’un élément remarquable par exemple, comme un ascenseur, le fournisseur pourra avertir le gestionnaire qu’une procédure de maintenance a été modifiée. L’opération sera automatique. Et c’est la maquette numérique qui permettra de lier toutes ces données.

    Fluidifier les échanges de données

    Malheureusement, il n’y a pas encore de norme dans ce domaine, mais cela ne devrait plus tarder. Nous n’avons donc pour l’instant que des données dispersées. Le plus souvent, ces données sont au format XML, mais leur structuration est au bon vouloir de chaque fournisseur. D’où l’importance d’un standard comme le format IFC (Industry Foundation Class) normé ISO 16739 :2013 pour la CAO.

    Il faudrait cependant que tous les fournisseurs jouent le jeu et que les grands groupes de construction (Bouygues, Vinci, Eiffage) ouvrent la voie.

    Les avantages de l’approche “data centric”

    Pour résumer, précisons que cette approche “data centric” a deux avantages majeurs. Primo, elle permet de décentraliser la donnée. Autrement dit, ne pas avoir toutes les données au sein d’un même système d’information. C’est capital, surtout quand on travaille avec plusieurs dizaines de fournisseurs. L’objectif c’est d’avoir un SI centrée sur les données “que je crée ou que j’exploite”, mais pas sur les données externes. Secundo, elle permet de structurer tous les éléments de la même manière pour pouvoir les visualiser, les analyser et garantir une prise de décision éclairée au travers, entre autres, de la gestion de configuration documentaire et de configuration matérielle.  

    Nous avons les données et les outils qui permettent de les exploiter, maintenant il faut pouvoir communiquer.

     

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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