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Comme il fallait s’y attendre, les digital workplaces se sont, elles aussi, converties à l’intelligence artificielle (IA). Une raison à cela : les LLM (grands modèles de langage) se prêtent parfaitement au traitement des flux documentaires. Qu’il s’agisse de synthèse, d’extraction, de reformulation, de synthèse, de traduction ou d’analyse, ils sont en mesure de réaliser des opérations sur le texte qui étaient jusqu’ici dévolues aux personnes. Toutes ces opérations chronophages sont aujourd’hui facilitées par l’IA générative, quand elles ne sont pas tout simplement réalisées entièrement par l’intelligence artificielle…
"Les solutions IA professionnelles viennent enrichir le catalogue d’offres des digital workplaces", constate Safiyah Cajee, consultante au sein du cabinet Insight. "Comme souvent, elles répondent à une demande des utilisateurs finaux, dont les usages personnels sont généralement plus avancés que les usages professionnels. C’était le cas pour la messagerie instantanée, puis pour la coédition de documents en temps réel et maintenant pour l’IA générative."
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À ses yeux, ces pratiques ne sont cependant pas sans risque : "en l’absence de solution disponible, les utilisateurs se tournent vers des solutions grand public non maîtrisées et donc non sécurisées ! En plus des gains de productivité (par ailleurs souvent surévalués), les apports des IA professionnelles sont surtout tangibles dans la minimisation des risques de "shadow IT" et l’amélioration de la marque employeur."
"M’aider à écrire" : un réflexe contre la panne d’inspiration
En moins de trois ans, c’est peu dire que les digital workplaces ont profité à plein des promesses de l’IA. Dans le sillage de ChatGPT, les utilisateurs ont vu apparaître une série d’outils d’IA générative destinés à leur faciliter la vie. C’est le cas des chatbots que l’on peut interroger 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour obtenir des réponses en quelques secondes.
Là où l’utilisateur devait ouvrir et lire une série de documents indigestes, l’IA est capable de trouver le bon chiffre et la bonne référence pour apporter une réponse quasi immédiate. Grâce aux prouesses technologiques du Rag (Retrieval-augmented generation ou génération à enrichissement contextuel), l’IA exploite les ressources documentaires propres à l’organisation (a priori qualifiées) afin d’apporter des réponses spécifiques et pertinentes.
C’est aussi le cas des outils d’aide à la rédaction qui permettent de conjurer le syndrome de la page blanche. La fonction "M’aider à écrire" est devenue un réflexe pour certains professionnels en panne d’inspiration. Le tout en langage naturel et en exigeant une tonalité particulière : pédagogique, humoristique, informative…
Autre application récemment développée par NotebookLM, la création d’une vidéo à partir d’un corpus documentaire spécifié par l’utilisateur (texte, présentation, graphique…). L’outil de Google était déjà capable de générer un résumé audio (Audio Overview) et voici qu’il est en mesure de générer une vidéo (Video Overview).
"Il s’agit d’une alternative visuelle aux aperçus audio", explique Google. "L’hôte IA crée de nouveaux visuels pour illustrer certains points, tout en intégrant des images, des diagrammes, des citations et des chiffres provenant de vos documents. Il est donc particulièrement efficace pour expliquer des données, démontrer des processus et rendre des concepts abstraits plus tangibles." Disponible en anglais dans un premier temps, Video Overview devrait être décliné dans d’autres langues très prochainement et traiter un plus grand nombre de formats.
Impact sur les pratiques professionnelles
Pour Pierre Begue, architecte senior autour des solutions collaboratives chez Insight, "l’IA générative s’impose aujourd’hui comme une composante essentielle des nouvelles attentes dans les digital workplaces. Elle n’est plus perçue comme une simple innovation, mais comme une fonctionnalité stratégique, à la fois en matière d’implémentation technologique et d’investissement organisationnel." Et son impact sur les pratiques professionnelles commence à se faire ressentir : "l’intelligence artificielle transforme profondément la manière dont les collaborateurs interagissent, consomment, génèrent de l’information, exécutent des tâches répétitives et prennent des décisions."
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Mais déjà, les yeux se tournent vers une autre promesse, celle de l’intelligence artificielle agentique. "L’IA agentique représente une extension logique des usages déjà adoptés avec l’IA générative", estime Pierre Begue. "Là où cette dernière assiste principalement dans la création de contenu ou la synthèse d’information, l’IA agentique va plus loin. Elle prend des initiatives, orchestre des actions complexes, et interagit de manière proactive avec les systèmes et les utilisateurs". Selon lui, ces agents ne se contentent pas de répondre à des requêtes : ils anticipent, analysent, décident et exécutent. Ils deviennent ainsi des "coéquipiers numériques" capables de résoudre des tâches nécessitant plus de réflexion, de coordination et de contextualisation.
"L’IA agentique va bientôt déferler dans le monde des digital workplaces"
Un constat partagé par Alain Garnier, PDG de Jamespot : "l’IA agentique, qui agit en effet en fonction de son environnement pour réaliser des actions (contrairement à l’IA générative qui attend une instruction) va bientôt franchir un cap sur le plan de l’autonomie et va déferler dans le monde des digital workplaces. Nous sommes en train de développer des agents pour faire face à ces nouveaux enjeux."
Selon lui, les premiers cas d’usage de l’IA agentique intégrée dans les digital workplaces devraient voir le jour dès la fin de cette année. Deux clients de l’éditeur sont d’ailleurs en phase d’expérimentation pour résoudre des tâches très concrètes du type : à partir d’un compte-rendu client, y a-t-il une information qui concerne le produit ? Si oui, l’IA agentique peut alors réaliser une série d’actions pour améliorer le produit.
"Chaque entreprise, chaque métier peut avoir des usages très différents de l’IA agentique, mais cela demande une certaine technicité", estime Alain Garnier. "Par ailleurs, les coûts infra, comme les API, ont tendance à baisser et l’effet de rareté disparaît progressivement. On peut envisager une baisse du coût de l’IA dans les mois qui viennent."
D’autres éditeurs fourbissent leurs armes afin de consolider leur position sur un marché qui est encore, à ce jour, dominé par de puissants groupes nord-américains.