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Smart city : la possibilité d'une ville intelligente

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    À Lyon, le Pavillon des Salins (© Jérôme Boucherat SPL Lyon Confluence Jakob - Mac Farlane)
  • A l'horizon 2050, les deux tiers de la population mondiale vivront dans les zones urbaines. Les villes doivent donc dès maintenant faire leur révolution et miser sur les données que nous produisons pour anticiper les flux de déplacements et réduire notre consommation d'énergie.

    En France, une quarantaine de villes proposent des vélos en libre service. Mention particulière pour La Rochelle qui fut la première (en 1976 !) à mettre en place un tel dispositif. Mais quarante ans plus tard, un constat s'impose : les vélos ont bien changé et ils sont connectés ! Il est désormais possible de connaître avec précision le nombre de kilomètres parcourus par chaque bicyclette et l'état d'occupation des bornes d'emprunt. A Paris, à Marseille ou à Rouen, les usagers peuvent ainsi savoir avec un taux de fiabilité de 98 % si un vélo est disponible dans la borne de leur choix. Il leur suffit pour cela de télécharger gratuitement l'application Bike Predict qui communique en temps réel le nombre de vélos ou d'emplacements libres. 

    Développée par la start-up française Qucit, l'application exploite les données générées par les vélos en libre accès. La jeune pousse, basée à Bègles (Gironde), a développé une application similaire dédiée aux places de stationnement pour automobiles qui indique le temps nécessaire pour trouver une place selon l'heure et le quartier.

    Ces deux applications ont un point commun : elles utilisent le big data pour alimenter des "moteurs prédictifs" capables de prévoir des temps de parcours ou des temps d'attente. Résultat : Qucit a reçu le prix "mobilité" lors de l'opération Le Monde-Smart Cities qui s'est déroulée à Lyon au mois de mai dernier.

    Ouverture des données publiques 

    Ces moteurs prédictifs appliqués à des usages quotidiens tels que les transports préfigurent ce que seront (peut-être...) les métropoles de demain : des villes intelligentes. Apparu il y a une dizaine d'années, le concept de "smart city" désigne ces villes qui utilisent abondamment les technologies de l'information et les données pour améliorer la vie des citoyens. Et progressivement, de nouveaux services voient régulièrement le jour dans les domaines de la mobilité et de l'énergie.

    L'un des premiers pays à s'engager concrètement dans l'aventure des villes intelligentes fut la Corée du Sud. En 2003, Séoul lança un ambitieux programme autour de la notion d'informatique omniprésente (ubiquitous computing). Une douzaine de villes (u-cities) furent dotées de réseaux de connexion performants et la ville de Sondgo devint une référence mondiale de ville intelligente grâce, entre autres, à son système de gestion de l'énergie.

    En France, le concept s'est imposé plus récemment. Au mois de juin 2015, la ville de Paris a présenté sa feuille de route numérique et désigné une série de chantiers prioritaires : la transition énergétique, la mobilité, les mutations de modes de vie... 

    "Comme d’autres, Paris a vocation à devenir plus connectée et plus durable. Ce qui la distingue, c’est la méthode adoptée pour y parvenir".

    Cette méthode passe notamment par une politique d'ouverture des données publiques. Le portail Opendata.paris.fr propose des données financières, sociales, d'urbanisme et de transport dont les développeurs peuvent s'emparer pour créer des services et des applications innovantes. 

    La capitale jouira prochainement d'un maillage wifi total de ses espaces publics et des capteurs sont déjà en cours d'installation dans les stations de taxi, sur les places de livraison et dans certains bâtiments. Les données collectées serviront à fluidifier la circulation routière et à prévenir les déperditions d'énergie. 

    Paris mise en particulier sur les données pour devenir une ville non seulement intelligente, mais aussi "résiliente". Un tiers des toits et des façades qui seront dédiés à l'agriculture urbaine le seront "grâce aux outils d'analyse data", précise-t-on à l'Hôtel de Ville. Pour Jean-Louis Missika, adjoint en charge de l'urbanisme et du développement économique, l'avenir des Parisiens est radieux : 

    "D'ici à 2020, toutes les livraisons, la logistique du dernier kilomètre, se feront à pied, à vélo ou en véhicule électrique. De même, grâce aux données bien utilisées, la logistique fluviale et ferroviaire va beaucoup se développer. Les nouveaux bâtiments et quartiers seront intelligents, à mille lieues des passoires énergétiques".

    Analyse de données et prédiction à court terme

    Lyon, de son côté, n'est pas en reste. La ville s'est lancée dès 2011 dans un ambitieux programme de "métropole intelligente" autour de quatre thématiques : l'énergie, la mobilité, l'innovation et les services numériques. Dans le quartier de La Confluence, entre Rhône et Saône, le volet énergétique a fait l'objet d'une attention particulière avec la construction d'un ensemble de bâtiments à énergie positive : ceux-ci produisent plus d'électricité et de chaleur qu'ils en consomment pour leur fonctionnement. Et un système d'analyse de données liées à la consommation d'énergie a été mis en place pour réduire les factures des entreprises et des habitants. 

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    Le volet mobilité, quant à lui, repose sur l'exploitation des données liées au trafic telles que le comptage de véhicules, la vitesse moyenne et la concentration : 

    "L'enjeu consiste à savoir capter ces données et les analyser de manière continue pour mettre en place des systèmes de prédiction à court terme qui vont permettre aux usagers d'agir en temps réel", explique Boris Demay directeur de développement de l'agence Phoenix ISI. 

    Ainsi, toutes les six minutes, les 500 points de mesure installés dans la métropole lyonnaise produisent des données qui permettent de prévoir "tout ce qui va se passer sur le réseau dans l’heure qui arrive". Baptisé Optimod'Lyon, ce projet pourrait être déployé ailleurs en France et dans le monde. Par ailleurs, une flotte de voitures électriques en libre service a vu le jour afin d'inciter la population à partager un véhicule plutôt que d'en posséder un.

    D'autres capteurs ont été disséminés dans le Grand Lyon afin d'améliorer l'entretien des routes notamment pendant la saison hivernale. Grâce à ces capteurs de données (température, neige, pluie...), le programme Grizzly est en mesure d'anticiper les situations critiques et de proposer des actions concrètes : salage des routes, modification des conditions de circulation...

    A Séoul, à Paris ou à Lyon, les données que nous produisons seront  bientôt au coeur de la ville intelligente. En réalité, elles le sont déjà. S'ouvre alors un autre débat : à qui appartiennent ces données ? 


    + repères

    SmartCity-SmartGrid, un salon pour penser la ville intelligente

    Paris accueillera les 8 et 9 novembre 2016 la troisième édition du salon SmartCity-SmartGrid. Au programme : des conférences consacrées aux objets connectés et à l'amélioration des réseaux énergétiques, mais aussi aux risques engendrés par la cybercriminalité. Près d'une centaine d'exposants seront présents dans les domaines du big data, de la mobilité et des infrastructures de réseaux. Ce salon attire un nombre toujours plus grand d'exposants et de visiteurs car les applications liées à la ville intelligente génèrent du chiffre d'affaires.

    Selon une étude réalisée aux Etats-Unis par le cabinet Markets and Markets, le marché mondial de la ville intelligence passerait de 53,4 milliards de dollars (47 milliards d'euros) en 2015 à 147,5 milliards de dollars (environ 130 milliards d'euros) en 2023. Soit une croissance annuelle de 23 %. Quant au marché du smart grid (distribution d'électricité intelligente), il était estimé par le cabinet Navigant Research à 44,1 milliards de dollars (environ 39 milliards d'euros) en 2014. Il devrait atteindre 70,2 milliards de dollars (environ 62 milliards d'euros) en 2023.

    www.smartgrid-smartcity.com

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    Pour cet épisode spécial Documation, nous nous sommes penchés sur une autre grande tendance de l'année 2024 : la cybersécurité, et plus particulièrement la sécurité dans le domaine de la gestion des données. La protection des données contre les menaces internes et externes est non seulement cruciale pour garantir la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données, mais aussi pour maintenir la confiance des clients. Julien Baudry, directeur du développement chez Doxallia, Christophe Bastard, directeur marketing chez Efalia, et Olivier Rajzman, directeur commercial de DocuWare France, nous apportent leurs éclairages sur le sujet.

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