Ce sont des chiffres qui donnent le vertige et qui attestent du retard accumulé par l'Europe dans le domaine du cloud-logiciel. 80% du total des dépenses européennes liées aux logiciels et services cloud à usage professionnel sont passés auprès d’entreprises américaines, ce qui représente un volume de 264 milliards d’euros. Le segment cloud-logiciels regroupe le matériel, la main-d’œuvre, les services de maintenance, les logiciels, et la sauvegarde.
Selon une étude réalisée par le cabinet Asterès pour le Cigref, cette dépendance vis-à-vis des Etats-Unis génère pour ces derniers une rente de situation très confortable : 1,9 millions d'emplois sont financés grâce aux achats européens. Un gisement d'emplois très qualifiés qui gagneraient à être rapatriés sur le sol européen : "si l’Union européenne parvenait, en 2035, à produire 15 % des services de cloud-logiciel qu’elle achète actuellement aux États-Unis, il en résulterait 463 000 emplois supplémentaires dans l’Union européenne."
Le numérique comme facteur de productivité
Si ce scénario de 15 % réorientés vers des services cloud-logiciels européens advenait, il pourrait en résulter une amélioration du solde du compte courant de l’Union européenne de 100 milliards d’euros dans dix ans. Selon le cabinet Asterès, cela représenterait dans dix ans un montant d’importations réduit de 100 milliards d’euros, soit 0,4 % du PIB de l’Union européenne en 2035.
Au mois de septembre 2024, le célèbre rapport Draghi soulignait déjà le rôle joué par la filière numérique dans la dynamique générale de productivité. "C’est donc la présence, sur le territoire américain, des acteurs du numérique les plus productifs qui dynamisent la productivité de l’économie américaine, plus que la disponibilité des services qu’ils vendent" estime le cabinet Asterès.