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Architecture et aménagement des bibliothèques : "le bibliothécaire doit se positionner comme un professionnel averti"

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    "Le bibliothécaire doit se positionner comme un professionnel averti, désireux de s'impliquer fortement dans un projet d’architecture ou d’aménagement" (Pixabay/Sweetaholic)
  • Entretien avec Marie-Françoise Bisbrouck, qui a dirigé l’ouvrage "Bibliothèques d’aujourd’hui. A la conquête de nouveaux espaces" (Editions du Cercle de la Librairie). Elle est expert-consultante pour la construction, l’aménagement et l’équipement des bibliothèques.

    Les bibliothèques sont-elles des équipements publics en mutation ?

    Les bibliothèques territoriales sont en mutation permanente et profonde depuis le début des années 70, c'est-à-dire depuis que l'Etat a impulsé une réflexion sur les conditions de leur développement et mis en place des aides financières importantes pour leur construction et/ou leur restructuration et réaménagement. Cet effort a été compris des collectivités territoriales qui, depuis, ont largement dépassé l'Etat dans le financement de leurs équipements.
    Les choses ont été moins évidentes pour les bibliothèques des universités qui, après une forte période de construction entre 1960/65 et 1975, ont connu la pire des situations avec le gel total de toute réalisation nouvelle, l'absence d'entretien des bâtiments et un très faible renouvellement des collections documentaires pendant 15 ans. Cette situation a été inversée à partir des années 90 et une vaste politique de reconstruction a été engagée par plans de financements successifs, politique fondée sur une redéfinition du rôle des bibliothèques pour l'enseignement comme pour la recherche.
    Dans le même temps, l'arrivée de l'Internet a radicalement modifié l'accès à la documentation et les pratiques des utilisateurs, tandis que, parallèlement, les comportements sociétaux se diversifiant, ils nécessitaient une adaptation permanente des services comme des espaces. Et nous n'en sommes qu'au début!

    Quel est l'impact des collections numériques sur l'aménagement des bibliothèques ?

    Les collections numériques sont, par définition, des collections immatérielles qu'il faut donner à lire/à voir d'une manière différente de la collection imprimée. Il faut donc offrir à l'utilisateur des espaces de services et des espaces de "lecture" diversifiés. La collection immatérielle, au delà de l'accès à distance qui est l'un de ses plus grands mérites pour la liberté de consultation qu'il offre dans le temps, nécessite sur place un matériel de lecture diversifié (ordinateurs, tablettes, scanners, etc.) et un aménagement de l'espace à la fois plus libre et plus contraint : plus libre parce, sous réserve d'un plan de câblage efficace du bâtiment, il permet à l'usager de s'installer dans un fauteuil ou sur un gros coussin, sans table de travail, et donc dans une attitude "décomplexée" conforme à l'esprit du temps ; plus contraint cependant dans la mesure où les bibliothèques doivent développer de vrais espaces de formation à l'utilisation de ces collections documentaires "nouvelles". Le développement du multimédia dans tous les types de bibliothèques donne lieu à l'implantation de très nombreux points de consultation dont il faut aménager l'espace en termes de câblage, d'éclairage (naturel comme artificiel) et d'acoustique.
    Mais à l'égal au moins de l'aménagement d'espaces pour les collections numériques, d'autres besoins fondamentaux des utilisateurs doivent désormais être pris en compte : demande de lieu de convivialité, nécessité de trouver dans la bibliothèque un vrai lieu de vie, un lieu de socialisation, où l'on peut discuter, rencontrer les autres, boire et manger - toutes choses que les bibliothèques doivent apprendre à satisfaire - mais aussi de travailler dans une atmosphère sereine et calme là où d'autres travaillent également. D'où l'importance de disposer d'un bâtiment de qualité tant sur le plan des mobiliers mis à disposition des publics, que de la qualité des éclairages et du soin mis à traiter les questions acoustiques selon les espaces.

    Comment les bibliothécaires peuvent-ils se faire entendre face aux architectes ?

    Deux points me paraissent importants :
    Un bibliothécaire devra toujours, d'une certaine manière, faire davantage de pas en avant en direction de son architecte que l'architecte n'en fera lui-même, du moins au début! Il est important que le bibliothécaire se positionne comme un professionnel averti, désireux de s'impliquer fortement dans un projet. Les difficultés viennent souvent d'une attitude de retrait du bibliothécaire peu au fait des questions architecturales. Mais c'est oublier que l'architecte ne connaît lui-même rien aux questions de bibliothèques! Nous sommes donc à égalité en ce qui concerne notre absence réciproque de connaissance de ce que sait et fait l'autre! L'important, c'est que nous apprenions un peu du métier de l'autre pour être plus à l'aise dans la relation de travail : c'est par le biais de stages de formation adaptés que les bibliothécaires apprendront les rudiments d'un projet (mise au point d'un programme, lecture de plans, connaissance du déroulement d'une opération, vocabulaire utilisé, etc.).
    L'autre point, au moins aussi important, concerne l'attitude de la maîtrise d'ouvrage qui commande et finance une opération. Trop de maîtres d'ouvrage donnent carte blanche à l'architecte qu'ils ont choisi et accordent la priorité au paraître (l'image, le bâtiment "phare") sur l'être (le bon fonctionnement du bâtiment pour la satisfaction des usagers) ! C'est une très mauvaise manière de procéder car l'architecte, pour peu qu'il ait un ego légèrement surdimensionné - après tout, c'est un artiste! - va alors croire qu'il peut décider de tout tout seul et qu'il est omniscient ; le rôle du bibliothécaire s'en trouvera amoindri, les relations seront tendues et le projet souffrira de disfonctionnements parfois graves, dont les effets se feront malheureusement sentir pendant toute la durée de vie du bâtiment (50 ans?). Ceci vaut, bien entendu, pour l'architecture comme pour le mobilier.
    Fort heureusement, de nombreux architectes sont à l'écoute des bibliothécaires et bon nombre de réalisations réussies sont le fruit d'une collaboration harmonieuse entre les trois partenaires : architectes, maîtres d'ouvrage et bibliothécaires, chacun dans son rôle.

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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