La Commission européenne a publié le 2 juillet dernier son deuxième rapport sur l'état d'avancement de son projet “Décennie numérique” lancé en 2021 par Ursula von der Leyen, et qui court jusqu'en 2030. Premier constat à la lecture de ce rapport, qui analyse également les feuilles de route stratégiques et les mesures nationales des pays de l’Union européenne : la digitalisation des entreprises françaises, en particulier des PME, est à la traîne par rapport à ses voisins. En effet, alors que 57,7 % des petites entreprises des pays européens atteignaient un niveau "d'intensité numérique de base" en 2023, à peine une PME française sur deux (52 %) pouvait alors se prévaloir d'un tel niveau. La Commission européenne indique également que seulement 12,7 % des PME françaises vendent leurs produits sur internet, ce qui constitue un des taux les plus faibles de l’UE.
Un tel constat n'est pas nouveau : dans un premier rapport paru en septembre 2023, la Commission européenne pointait déjà du doigt les manquements de l’Hexagone concernant la transformation numérique de ses entreprises et la numérisation de ses services publics. C'est pour remplir les objectifs fixés par l’UE que la France avait remis en mars dernier une feuille de route à la Commission européenne qui prévoyait que 90 % des PME françaises seraient numérisées d'ici 2030 et que 80 % des TPE et PME disposeraient d'un site internet d'ici 2027.
Le défi de l’adoption du cloud et de l’IA
Face à ces manquements, deux perspectives d'évolution sont identifiées par la Commission européenne : l'adoption du cloud et de l’intelligence artificielle (IA). Concernant le cloud, 22,9 % des entreprises françaises avaient recours à au moins une solution cloud en 2023, soit presque deux fois moins que la moyenne européenne (38,9 %). Et si la France prévoyait dans sa feuille de route de mars 2023 que 53,3 % de ses entreprises aient adopté le cloud en 2030, cela reste bien inférieur à l'objectif européen qui s'élève à 75 % .
Par ailleurs, seulement 5,9 % des entreprises françaises ont déjà adopté des solutions d'IA, soit deux points de moins que la moyenne de l'UE. Et l'objectif de la France, qui ambitionne que 46,7 % de ses entreprises aient adopté l'IA d'ici 2030, reste lui aussi bien en deçà des attentes de l'UE, qui vise les 75 %.