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Dam et intelligence artificielle : un mariage logique en pleine évolution

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    L’IA s’intègre bien aux solutions de Dam pour booster les capacités des professionnels. (Freepik)
  • L’intelligence artificielle s’est (presque) déjà inflitrée dans toutes les entreprises pour supprimer les tâches chronophages, "augmenter" les métiers et pour impulser de nouveaux horizons aux stratégies. Les logiciels de digital asset management (Dam), qui participent à cette montée en puissance, ont pris le train de l’IA. Mais pouvons-nous parler de révolution dans le domaine ? Éléments de réponses.

    notif-qiota-gp79-archimag.pngenlightened RETROUVEZ CET ARTICLE ET PLUS ENCORE DANS NOTRE GUIDE PRATIQUE : DAM : BIEN MAÎTRISER SES RESSOURCES MULTIMÉDIAS

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    L’intelligence artificielle (IA) et les Dam jouissent d’une histoire commune depuis de nombreuses années déjà. "De manière générale, l’IA s’applique très bien à l’image et à la vidéo", confirme Olivier Grenet, CTO chez l’éditeur Wedia. "La reconnaissance de texte, la transcription ou encore la recherche de doublons sont de bons exemples pour illustrer les fonctionnalités “classiques” et bien établies. Puis, il y a eu l’arrivée d’une nouvelle vague transformative, symbolisée par OpenAI."

    olivier_grenet_dam_ia.jpgPour Olivier Grenet, l’ère de la fascination est terminée. "Si nous étions encore en train de faire de l’évangélisation il y a quelques années, nos clients nous réclament désormais systématiquement de l’IA. Ils ont souvent, à titre personnel, joué avec des IA génératives et y ont accès de manière plus simple, notamment ceux qui travaillent sur Microsoft avec Copilot. La véritable évolution se situe plutôt à ce niveau."

    Ainsi, selon une étude menée en juin 2023 par Bynder, éditeur d’une solution du Dam éponyme, 55 % de ses clients ont déjà recours à l’IA pour créer du contenu. Dans le détail, 54 % l’utilisent pour éviter le syndrome de la "page blanche" et ainsi générer de premières ébauches. Près de 43 % s’en servent pour optimiser leurs contenus et 42 % pour de la correction orthographique et grammaticale. “L’IA permet de monter en gamme bien plus vite", déclare Warren Daniels, chief marketing officer de Bynder. "Les organisations qui ont besoin d’adresser les marchés rapidement, qui opèrent dans de multiples territoires, avec des langues variées et des contenus adaptés en conséquence, ou qui doivent s’assurer de la cohérence de leurs communications ont tout intérêt à profiter de l’IA”.

    Lire aussi : Le marché du Dam en 2025

    De multiples applications concrètes

    IA générative, traduction automatique, génération de tags et de métadescriptions, recherche en langage naturel… Les possibilités sont multiples et transforment la relation entre l’outil et le professionnel. "L’IA change complètement la façon dont nous abordons la recherche", poursuit Olivier Grenet de Wedia. "Elle peut potentiellement propulser des taxonomies ou encore aider à la gestion d’un thésaurus multilingue et faciliter la mise en correspondance de synonymes ou de concepts."

    philippe_carre.jpgCe sont toutes ces fonctionnalités innovantes qu’explorent et développent l’institut de recherche XLIM (CNRS, Université de Poitiers et Université de Limoges) et l’éditeur Einden au sein du DAMIA Lab. Ce laboratoire commun, créé en 2022, est financé par l’Agence nationale de la recherche. "L’enjeu est de comprendre comment “faire entrer” l’humain, à savoir l’expert, dans l’IA pour qu’elle soit réellement adaptée à un utilisateur", souligne Philippe Carré, professeur à l’Université de Poitiers, Laboratoire CNRS XLIM et codirecteur du laboratoire commun. "C’est une vraie question de recherche à l’heure où l’IA soulève des interrogations autour de la destruction d’emplois".

    Au sein de DAMIA Lab, l’intelligence artificielle vit au rythme des bases de données des organisations partenaires qui ont souhaité participer au programme et qui contribuent ainsi à créer autant de modèles d’IA que de clients : d’une part, pour plus de personnalisation et, d’autre part, pour se détacher des solutions des Gafam qui restent opaques sur le devenir des données.

    Pour autant, l’entraînement des modèles ne doit pas consommer trop de temps et de ressources, ce qui représente aussi un enjeu de taille pour le laboratoire. "L’expert va avoir un temps limité pour interagir avec l’IA", souligne Philippe Carré. "Notre rôle est de réussir à faire en sorte que les données qui enrichiront réellement les modèles soient facilement identifiées par les professionnels".

    Lire aussi : Dam : Bynder lance des "AI agents" dédiés à la gestion de contenu

    Des professionnels "augmentés"

    arnaud_bour_ia_et_dam.jpgPour Arnaud Bour, fondateur d’Einden et codirecteur du laboratoire DAMIA Lab, l’utilisation de modèles "en propre" contribue aussi à limiter l’impact environnemental des IA en réduisant le volume de stockage, et donc la consommation d’électricité. "De mémoire, le modèle de ChatGPT 3 s’élevait à 400 Go, contre une dizaine de Mo pour ceux de nos clients". 

    DAMIA Lab met aussi en exergue les nouvelles façons d’interagir avec les applications métiers. "L’informatique telle que nous l’avons connue ces trente dernières années va être en partie balayée et nous devons remettre en question notre manière de concevoir nos interfaces", reprend Arnaud Bour. "Du côté des professionnels, l’IA va faire apparaître des “iconographes augmentés”, c’est-à-dire qu’ils auront la capacité de maintenir et de faire vivre de très grandes bases de médias et de dialoguer avec".

    Aujourd’hui, les Dam doivent répondre à des besoins de plus en plus complexes et l’agilité des solutions ou encore leur ultrapersonnalisation deviennent des indispensables. L’IA est un allié pour les professionnels qui restent au cœur de l’expertise. "Les organisations sont multilingues, multipays ou encore multifiliales", reprend Olivier Grenet de Wedia. "Les Dam simples sont devenus des curiosités ! Pour les autres, qui dit "complexité" dit "grande organisation des contenus". Et il n’y a pas mieux que la science documentaire pour accomplir cette tâche. Mais nous ne pouvons pas confier l’intégralité du travail à une IA".

    Outre toutes les possibilités qu’offre l’intelligence artificielle, la technologie soulève aussi de nouvelles problématiques. "Nous travaillons avec notre équipe juridique sur tout ce qui concerne l’évolution des normes et réglementations, notamment sur l’AI Act, mais aussi d’un point de vue éthique", explique Olivier Grenet. "Ces sujets très changeants demandent une veille constante". De plus, certains éditeurs ont choisi la stratégie du partenariat pour développer la partie IA de leur Dam. Pour eux, comme pour leurs clients, la question de la souveraineté et de l’intégrité des données reste un prérequis. "À l’heure actuelle, nous ne travaillons pas avec OpenAI, qui ne nous donne pas assez de garanties juridiques sur la protection des données", précise le CTO de Wedia.

    Si l’IA a su accompagner les nouvelles pratiques et commence déjà à s’intégrer pleinement dans les solutions, il est un peu trop tôt pour parler de réelle révolution. Mais il semblerait bien que les éditeurs de Dam œuvrent dans ce sens…

    Lire aussi : DAM : les apports réels de l’IA


    Le point de vue de Caroline Maufroid, iconographe à Sciences Po

    caroline_maufroid.jpgNous n’avons pas manqué de le rappeler dans les colonnes d’Archimag, la déferlante des IA génératives a changé la donne. Cette révolution est tout aussi importante que l’arrivée d’internet dans nos vies. Et comme toutes les grandes avancées, les attentes sont énormes et parfois déceptives… "Il y a énormément de promesses mais, dans les faits, mon quotidien n’a pas encore changé", constate Caroline Maufroid, iconographe à Sciences Po. "Malgré nos différents tests, notamment sur des applications Google, je ne délègue aucune tâche à l’IA. J’espérais un réel gain de temps, ne serait-ce que pour traiter davantage d’images et réduire nos nombreux arriérés, mais la qualité des résultats n’est pas encore au rendez-vous. Ma charge de travail reste la même".

    Grâce au développement d’un outil en interne, les équipes de Science Po ont pu expérimenter le résumé automatique, le speech-to-text ou encore la reconnaissance de contenus d’images. "Les premiers essais sont impressionnants", poursuit Caroline Maufroid. "Mais en approfondissant, nous nous sommes aperçus que les contenus ou les mots-clés générés restaient trop généralistes et inadaptés aux particularités des fonds spécialisés". Contresens, erreurs, oublis significatifs : l’intervention humaine demeure incontournable pour corriger ce qui a été produit. "Certains éditeurs commencent à privilégier le développement d’IA spécifiques aux fonds de chaque client pour améliorer les performances, et je suis curieuse de voir les futurs résultats".

    Pour Caroline Maufroid, l’utilisation des IA génératives soulève également des enjeux humains et écologiques. "Créer des contenus avec l’IA nécessite des infrastructures qui consomment énormément de matières premières et d’énergie. Par ailleurs, je me demande quel sera l’impact sur l’emploi à long terme et quelles seront les compétences à développer demain"?


    Le point de vue de Loïc Guilbaud, digital asset manager chez Ubisoft

    loic_guilbaud.jpg"Le premier aspect qui nous a intéressés n’est pas tant l’IA générative que la "computer vision"", explique Loïc Guilbaud, digital asset manager chez l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft. "Il s’agit de permettre à un programme informatique de lire et de comprendre une image, pour ensuite générer des métadonnées pertinentes et opérationnelles".

    Mais, selon lui, ces technologies ne sont pas encore suffisamment performantes à ce jour. "Chaque entreprise a des besoins spécifiques. Entraîner une IA nécessite donc un jeu de données adapté. Dans notre secteur, il y a une part de secret qui ne nous permet pas d’utiliser une IA basée sur des données communes. Nous devons alors entraîner l’IA sur nos propres bases et cela nécessite beaucoup de ressources humaines pour un gain encore très faible à ce jour".

    Chez Ubisoft, l’utilisation des IA génératives pour la création de contenus à forte valeur ajoutée semble peu envisageable. "La collaboration avec des artistes est essentielle pour nous", souligne Loïc Guilbaud. "Si nous remplaçons le travail intellectuel par des IA, nous risquons de développer un faux sentiment de sérénité, ce qui pourrait entraîner une perte de compétences en interne. Par ailleurs, l’opacité autour du stockage et de l’usage des données par les technologies actuelles reste problématique".

    Loïc Guilbaud considère plutôt ces outils comme des aides et des facilitateurs au quotidien qui ne sont efficaces que si l’architecture, les processus et la gestion du Dam sont bien maîtrisés. "Ces technologies peuvent offrir des économies de temps et d’argent sur des tâches répétitives ou sur la génération de contenus à faible valeur ajoutée, mais aussi pour de la transmission de connaissances".


    Dam et IA, les applications concrètes en bref

    Pour optimiser son logiciel et ses pratiques, pour créer de nouvelles opportunités et surtout pour gagner du temps, l’IA s’intègre particulièrement bien au Dam. Voici un résumé de ses apports et usages concrets :

    • l’automatisation : que ce soit pour le contrôle qualité, la gestion des médias, la classification ou l’organisation des assets
    • l’aide à l’indexation : avec l’auto-tagging, la génération de métadonnées ou encore de descriptions
    • la reconnaissance faciale : l’IA est une alliée puissante pour l’identification de manière générale (reconnaissance des émotions et des expressions, géolocalisation…)
    • la recherche en langage naturel : ce type de recherche se démocratise et saura séduire les plus jeunes générations. Elle permet d’établir un vrai dialogue avec l’IA et de mieux intégrer la synonymie et la suggestion de contenus
    • la génération de contenu : la génération d’images ou encore de vidéos se développe de plus en plus, notamment à partir d’éléments de son propre Dam pour plus de personnalisation. Les IA permettent aussi de générer des sous-titres pour les vidéos
    • la traduction automatique : une façon de rendre les logiciels de Dam accessibles à tous dans toutes les langues

    Bien d’autres possibilités restent à découvrir avec les usages qu’en feront des professionnels !

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