Une cible privilégiée pour les cyberattaques
En permettant de dématérialiser des processus métiers stratégiques, la signature électronique devient une cible de choix pour les cybercriminels. Les enjeux financiers, la valeur des données transitant et leur caractère souvent transfrontalier en font des vecteurs d'attaque privilégiés.
Face à ces menaces accrue, l'ANSSI recommande aux entreprises d'adopter des solutions de signature électronique qualifiée reposant sur des mesures de sécurité renforcées : chiffrement de bout en bout, authentification multi-facteurs, détection des comportements à risque, etc.
Le défi de la souveraineté des données
Au-delà des aspects techniques, l'essor de la signature électronique soulève des questions stratégiques de souveraineté et de protection des données pour les organisations. Avec la dématérialisation croissante des échanges, la donnée devient un enjeu géopolitique majeur que les États cherchent à maîtriser.
C'est dans ce contexte que la France a lancé la stratégie "Cloud au Centre" visant à relocaliser les données sensibles des administrations sur des infrastructures souveraines. Une démarche que l'ANSSI recommande également aux entreprises, notamment dans les secteurs stratégiques.
Des exigences renforcées par NIS 2 et eIDAS v2
Pour accompagner cette dynamique, les nouvelles réglementations européennes NIS 2 et eIDAS v2 vont renforcer considérablement les exigences en matière de cybersécurité et de souveraineté numérique pour les services de confiance comme la signature électronique.
NIS 2 imposera ainsi aux "entités essentielles" comme les laboratoires pharmaceutiques de renforcer leur cybersécurité et leur gestion des risques, avec une obligation de notifier les incidents majeurs.
De son côté, eIDAS v2 prévoit de durcir les critères d'agrément et de supervision des autorités de certification délivrant les certificats électroniques qualifiés. Un moyen de mieux contrôler et sécuriser la chaîne de confiance.
"Les autorités de certification jouent un rôle clé pour garantir la fiabilité et la souveraineté des services de signature électronique", souligne l'ANSSI. "Leur localisation, gouvernance et niveau de sécurité seront des critères déterminants."
Vers une souveraineté européenne de la confiance numérique ?
Pour accompagner ces évolutions réglementaires, l'Europe cherche à développer une véritable souveraineté technologique dans le domaine de la confiance numérique. L'objectif est de s'affranchir des solutions étrangères qui concentrent aujourd'hui l'essentiel du marché.
Des initiatives comme la création d'une autorité européenne de cybersécurité ou des projets industriels dans la cryptographie post-quantique vont dans ce sens, visant à la fois à renforcer la résilience face aux cybermenaces et à préserver la souveraineté numérique européenne.
"Nous devons bâtir une réelle autonomie stratégique sur ces briques technologiques essentielles que sont la signature électronique, l'identité numérique ou la cryptographie", plaide l'ANSSI.
Investir massivement dans la sécurité
Alors que la signature électronique devient un maillon stratégique de l'économie numérique, sa sécurisation apparaît désormais comme un enjeu majeur de compétitivité, de souveraineté mais aussi de cyberdéfense pour les entreprises comme pour les États.
Cela nécessitera d'importants investissements dans les années à venir, que ce soit pour se doter de solutions qualifiées, certifiées et hébergées sur des infrastructures souveraines, ou pour développer une filière industrielle européenne de la confiance numérique.
Une équation complexe mais indispensable à résoudre pour tirer pleinement parti des bénéfices de la transformation numérique, sans compromettre la sécurité et la résilience des organisations.