Open Data : les données de l’Insee et de l’IGN bientôt gratuites ?

Le Géoportail de l'IGN permet de visualiser des cartes, des photographies aériennes et d'autres données géolocalisées liées à l'environnement, à l'aménagement ou encore au service public. IGN/Géoportail

 

Le rapport Trojette, remis aujourd’hui à Jean-Marc Ayrault, préconise la gratuité des données de 27 organismes publics, dont l’Insee et l’IGN.

Archimag faisait ce constat le 31 octobre dernier : la France doit faire ses preuves en matière d’Open Data ; et notamment sur la mise à disposition de ses données relatives à sa géographie, dont seuls 35 % sont pour le moment disponibles.

La gratuité doit être la règle

Selon Les Echos, un rapport remis hier par Mohammed Adnène Trojette, magistrat à la Cour des comptes au Premier ministre Jean-Marc Ayrault a fait le même constat : pointant du doigt l’Insee et l’Institut géographique national (IGN), il préconise un changement de modèle économique pour ces deux organismes publics comme pour les 25 autres qui perçoivent des redevances sur l’exploitation de leurs données. Selon ce rapport, la gratuité des données doit être la règle.

Les raisons de ces conclusions sont multiples. Notons en premier lieu la chute des redevances perçues sur la vente de ces données depuis deux ans (- 33%), en raison notamment de la concurrence de services gratuits tels que Google Maps, supplantant par exemple les données de l’IGN.

Autre constat, rapporté par Les Echos : une partie de ces données (35% pour l’IGN) sont achetées par d’autres administrations.

Court ou long terme ?

Le rapport précise que cette ouverture génèrerait des bénéfices largement supérieurs à la baisse de revenus engendrée par la disparition de certaines redevances. Il cite en exemple les Etats-Unis, qui ont vu la naissance de géants économiques tels que Garmin ou The Weather Channel suite à l’ouverture des données géographiques et météorologiques.

L’application des conclusions de ce rapport dépendra du choix entre des recettes à court terme (redevances) et un nouveau modèle économique à long terme. Si la seconde option était choisie, le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP) et la mission Etalab pour l’ouverture des données publiques seraient mobilisés pour réaliser cette transition.

Les podcasts d'Archimag
La mise à disposition des décisions de justice en Open Data a vu le jour grâce à la loi pour une République numérique votée en 2016. Les articles 20 et 21 prévoient la mise en open data des quatre millions de décisions de justice produites chaque année par les tribunaux français. Camille Girard-Chanudet est chercheuse en sociologie au sein du Centre d’étude des mouvements sociaux. En 2023, elle a soutenu une thèse devant l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) : "La justice algorithmique en chantier, sociologie du travail et des infrastructures de l’intelligence artificielle". Dans ce cadre elle a rencontré les équipes de la Cour de cassation qui procèdent à l’anonymisation des décisions de justice.