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Affaire Gabriel Matzneff : des livres difficilement accessibles, des archives non communicables

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    Gabriel Matzneff dans l'émission Apostrophes en 1990 (Ina)
  • Après la publication du témoignage de Vanessa Springora, quelques bibliothèques ont décidé de retirer les livres de Gabriel Matzneff de leurs rayonnages alors que les archives de l'écrivain sont aujourd'hui non communicables. 

    Alors que les éditeurs ont décidé de retirer les journaux intimes de Gabriel Matzneff, sera-t-il bientôt impossible de lire l'oeuvre de l'écrivain qui est désormais sous le coup d’une enquête pour viols sur mineur ? Du côté des bibliothèques, quelques établissements seulement ont procédé au retrait de livres de Gabriel Matzneff. C'est notamment le cas au Québec où la Bibliothèque de Montréal "en considérant les particularités de la situation" a expurgé ses rayons d'une partie de la production de l'écrivain. Dans son sillage, d'autres établissements de la Belle province ont fait de même.

    En France, les bibliothécaires s'interrogent sur le sort à réserver aux ouvrages de Gabriel Matzneff. A Pont-Sainte-Maxence (Oise), le maire Arnaud Dumontier (LR) se déclare  favorable à une mesure similaire : "ce qu'il écrit est parfaitement nauséabond et je ne veux pas que ma population lise les écrits de quelqu'un qui relève plus d'un tribunal que d'une bibliothèque." 

    Des manuscrits, des photographies et une abondante correspondance

    Les archives de Gabriel Matzneff, quant à elles, sont conservées au sein de de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (Imec) à Caen. Mais à ce jour les conditions d'accès sont sans appel : "fonds non communicable". Une décision qui n'a cependant rien à voir avec l'affaire actuelle. L'Imec rappelle les règles de consultation des correspondances : "qu’elles soient générales ou privées, leur accès est conditionné par l’obtention de l’accord préalable du scripteur (auteur de la lettre) ou de ses ayants droit. Une autorisation de consultation ne donne en aucun cas le droit de citation".

    Ce fonds d'archives, qui est entré à l'Imec en 2004, représente 124 boîtes. On y trouve des manuscrits, des photographies et "des carnets de notes de la plupart des œuvres de Gabriel Matzneff". Autres documents conservés "une abondante correspondance avec de nombreux auteurs et amis comme Emil Cioran, Olivier Clément, Hergé, Julien Gracq, Henry de Montherlant, Jacques de Ricaumont, Dominique de Roux ou encore Philippe de Saint-Robert".

    Nombreuses aventures amoureuses

    Les documents qui valent aujourd'hui à l'écrivain de 83 ans une enquête pour viol sur mineur figurent également dans ce fonds : "Gabriel Matzneff a également déposé l'ensemble de la correspondance qui atteste des nombreuses aventures amoureuses qu'il relate dans ses journaux intimes".

    Dans son ouvrage Le consentement, Vanessa Springora évoque le sort des archives versées par Gabriel Matzneff à l'Imec : "Quelques mois auparavant, il avait fait don à cette noble institution de la totalité de ses manuscrits, mais aussi de sa correspondance amoureuse (...) J'ai pour le moment renoncé à me rendre à l'Imec. Je ne me voyais pas m'asseoir dans sa grande salle d'étude au silence solennel, pour déchiffrer les pattes de mouche d'un de mes auteurs fétiches, tout en pensant que mon voisin de table était peut-être en train de consulter les lettres que j'avais écrites à quatorze ans".

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